"Nos héros retrouveront-ils leur ami mystérieusement disparu en Afrique?" : divorce à l'italienne



Les deux compères débarquent alors dans un pays inconnu, aux paysages de rêve, auquel ils ne comprennent rien et, en premier lieu, le portugais. Déguisé en explorateur, short, chaussettes et petit galon en fourrure zébrée sur son chapeau, Alberto Sordi est filmé par la population locale dès son arrivée tant il est ridicule tandis que Bernard Blier ne quitte pas son costume cravate noir de comptable terne. La bonne volonté de sintégrer de Di Salvio est touchante, ému aux larmes par une autruche ou un morceau de savane, se fâchant avec le guide qui na pas voulu saluer un frère pygmée, photographiant tout et nimporte quoi, enregistrant des carnets de voyages aux accents lyriques. Une scène très drôle métait restée en mémoire car javais déjà vu ce film il y a des lustres : une larme coule sur la joue dAlberto Sordi, sous ses lunettes miroir, puis, la caméra séloigne, dévoilant la scène : tandis que l’éditeur est ému aux larmes par la beauté des Chutes d’eau dans la jungle, Ubaldo, le comptable, lui, tourne ostensiblement dos au paysage somptueux, installé sur une table pliante pour y faire des comptes.
Après de multiples péripéties, les deux hommes vont enfin retrouver Titino (Nino Manfredi), le beau-frère de léditeur, devenu le gourou dune tribu mais acceptera-t-il de rentrer à Rome? Oreste/Titino ayant refait sa vie en Afrique, le comptable ne pensant quà potasser les horaires du retour en Italie, léditeur di Salvio, assis entre deux chaises, est le plus malheureux des trois. Débordant soudain damour de la nature et des gens simples quil na jamais loccasion de rencontrer à Rome, Di Salvio se révèle beaucoup plus humain que ne limaginait son comptable souffre-douleur mais, à la différence dOreste, il ne vivra une autre vie que quelques jours, sétant offert le luxe de mettre son rêve de lAfrique en images.
Tourné en 1968, le film est très daté début des années 70 avec beaucoup de liberté de ton et de créativité dans le montage (parfois) un peu psychédélique des images, un voyage aussi pour le réalisateur (belles poursuites des animaux en jeep), le générique en BD papier craft sur percussions des tam tam donne le ton. LAfrique est filmée avec beaucoup damour et de générosité, les populations, les enfants, tout est beau, les paysages sont splendides (le film fut vraiment tourné en Angola), on navigue entre premier degré, on irait bien aussi là-bas comme Nino Manfredi et comédie, limpuissance de loccidental surcivilisé démuni devant le moindre pépin, terrifié devant un animal sauvage, perdu hors de son univers aseptisé qui demande si il y a un wagon restaurant dans le train!
Une comédie satyrique sans prétentions avec une analyse légère mais tout à fait pertinente du fantasme dune autre vie, du comportement des occidentaux en Afrique, dexcellents acteurs même si on est gêné de ne pas entendre la voix de Bernard Blier doublé par un acteur italien, on sait de toute façon quen Italie à cette époque, tous les films sont post-synchronisés avec la voix des acteurs du film quand ils sont italiens.
A noter que cette nouvelle collection (éditée par M6 vidéo et Warner home vidéo) a sorti plusieurs films italiens introuvables dont «Le Cri» dAntonioni au prix conseillé de 19,90 Euros (ce qui n’est pas le cas à la FNAC où j’ai eu la sottise de l’acheter).
Notre note
(4 / 5)
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