Samuel L. Jackson harceleur dans « Lakeview terrace » et doc « Roman Polanski : Wanted and desired »


Samuel L. Jackson à la conférence de presse de « Lakeview terrace »

Neil Labute à la conférence de presse de « Lakeview terrace »
Samuel L. Jackson et Neil Labute présentent « Lakeview terrace » au CID dimanche soir
« Lakeview terrace » (« Harcelés ») de Neil Labute
(sortie 1er octobre)
Samuel L. Jackson dans « Harcelés », photo Sony distribution
Tant que son travail où il se surinvestit l’occupe à temps plein, Abel contrôle à peu près son harcèlement des voisins qu’il dose, sachant faire des pauses, voire des petits gestes presque amicaux. Du jour où il est mis à pied pour une faute professionnelle qu’il ne pense pas avoir commise, l’injustice de cette situation lui fait définitivement perdre pied, toute la rancoeur accumulée d’une vie est alors reportée sur son délirant combat contre les voisins intrus. Il est impossible de détester le méchant Abel tant Samuel L. Jackson lui insuffle de l’humanité, trop sans doute pour qu’on s’apitoie sur le sort de ce couple lisse préoccupé de propriété et de se disputer sur sa progéniture à venir quand le policier, qui s’est épuisé à travailler jour et nuit pendant des années pour satisfaire sa femme, a désormais tout perdu. On n’est pas loin d’avoir de l’empathie pour le harceleur et de l’indifférence pour les harcelés…
En revanche, ce qui est bien vu, ce sont les conditions de vie réelles à LA, la réalité de la menace des catastrophes naturelles, comme cet incendie
montré à la télé tout le long du film et se rapprochant peu à peu des habitations des protagonistes, sur l’inquiétant fond sonore des canadairs dans le ciel pour éteindre le feu, au fur et à mesure que la tension monte dans l’affrontement entre Abel est ses voisins, le prix de à payer de ce climat de rêve californien… Encore un film qui ne marquera pas grand monde…
« Roman Polanski : Wanted and desired » de Marina Zenovich
Polanski et son avocat américain fin des années 70, photo Metropolitan
D’artiste charismatique admiré et adulé, Polanski devient paria à éliminer. Les minces extraits de film sur Sharon Tate et Polanski jeunes mariés sont très touchants quand on en connaît la fin tragique. On voit Polanski lui donner des indications sur le tournage du « Bal de vampires », comme on verra ensuite un extrait des coulisse et du tournage de « Répulsion » et du film avec une Deneuve d’une beauté à couper le souffle. Ces extraits de films placés en miroir du sujet traité, le coup de téléphone de Mia Farrow harcelée dans « Rosemary’s baby », plusieurs extraits du « Locataire », film emblématique du harcèlement vu par Polanski qui joue le role principal ou vers la fin l’homme pantin du « Couteau dans l’eau »sont une vraie trouvaille, des insertions d’une cinéphile qui a compris l’oeuvre du cinéaste. Avant le viol de l’adolescente, avant le massacre de Sharon Tate, l’enfant Roman Polanski a vu tuer sa mère par les allemands en Pologne et son père déporté dans les camps, un de ses amis témoigne qu’il n’a jamais connu un homme aussi dévasté que Polanski après la mort de sa femme… Pourtant, l’homme est un survivant, un résilient, comment dans ces conditions juger la logique souterraine de son comportement de survie même si il passe par la reproduction des schémas de souffrance …Ce n’est pas la faute de Polanski que le film réfute, c’est le fonctionnement pervers du système judiciaire et médiatique américain qu’il dénonce, éclairant le procès à la lumière du harcèlement dont est victime Polanski à cause de ses antécédents, de son statut d’étranger et d’artiste signant des films « sataniques ».
Zoé Félix au bar de l’hôtel Royal
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