Big guns (Tony Arzenta) : neo-Samouraï transalpin

Duccio Tessari, 1973, reprise le 15 février 2023

Pitch

Après avoir essayé de démissionner de la Mafia, la famille d’un tueur à gages est assassinée.

Notes

Un film méconnu avec Alain Delon, ça ne se refuse pas…

Tony Arzenta, tueur à gages à la solde de la Mafia sicilienne, souhaite prendre sa retraite afin de s’occuper de sa famille. L’organisation mafieuse étant divisée en branches, le boss local pour lequel il travaille directement lui répond qu’il en parlera en «haut lieu»… Mais l’Organisation n’accepte jamais les démissions…

Quand Tony rentre à Milan, où il habite, sa femme et son fils ont été froidement exécutés. Seule la vengeance étanchera (ou pas) les chagrin de Tony. Le thème de la vengeance consolatrice n’est vraiment abordé que vers la fin du film. Si, après l’assassinat des siens, Tony, ivre de douleur et de colère, n’a pas d’autre échappatoire que d’agir, selon les seuls codes qu’il connaît, de faire justice lui-même, il va, peu à peu, moralement, s’essouffler, las des cadavres en rafale, de la spirale incontrôlable de la violence. 

Au bout de 20 mn, le film s’emballe pour adopter le rythme intensif d’un revenge movie, avec quelques pauses bienvenues, le retour chez les parents de Tony, le recueillement au cimetière, les moments chastes et compassionnels avec Sandra (Carla Gravina), l’ancienne maîtresse d’un truand qui l’a balancé pour l’aider, cette loi tacite du Milieu du retour à l’envoyeur du service rendu. Très vite, Tony n’a désormais plus confiance qu’en ceux, très peu nombreux, qui l’ont aidé, et, ces moments, si rares, sans obligation de méfiance, lui permettent un peu d’humanité. Mais peut-il encore s’y autoriser?

Le film comporte des scènes d’une grande violence mais, plus tard dans le récit : le crescendo de la violence, devenue ivre et sans objet précis autre que de tuer, réveillant la bestialité et la stupidité de certains sous-fifres trop zélés, est bien observé (scène difficile avec Domenico (Marc Porel), le fidèle, dans une décharge automobile).

 

Et aussi

Réalisé par Duccio Tessari en 1973, ce film, produit par Alain Delon (qui prolongeait ainsi ainsi sa carrière italienne après avoir auparavant produit en 1972 Le Professeur (La Prima notte di quiete) de Valerio Zurlini, film sublime, longtemps ignoré, projeté à Cannes pour la venue de Delon, à sa demande). Big guns (en version italienne : Tony Arzenta) est arbitrairement catalogué dans le genre poliziottesco bien que de police ou de policier, il n’en soit ici jamais question. Un genre dont l’étymologie a rapidement été zappée pour y intégrer un peu tout ce qui a trait à la criminalité (politique, mafieuse, terroriste, etc.), notamment les films neo-noirs italiens.

Hors, si on saisit rapidement que réalisateur et producteur ont tenté un nouveau Le Samouraï (Melville) et si Delon excelle à interpréter ce tueur à gages mutique et impassible, regard impitoyable zébré d’une mélancolie sourde, que seule une émotion intense réussit à désoler ou réchauffer, un peu.. Pour la réalisation, on n’est ni chez Zurlini ni chez Melville mais dans le grand bain du polar mafieux avec cependant une atmosphère mélancolique bienvenue (surtout au début du film) en contrepoint de celle générée par la présence même de Delon. 

On revient au toujours au mystère Delon, ce regard indéchiffrable où l’on croit déceler une forme d’inconsolabilité. Delon a toujours dit qu’il était un acteur, pas un comédien, dans un film, il est, è basta. On dit que pour connaître un auteur, il faut lire ses livres. Sans doute, pour connaître un acteur, il faut voir ses films…

Tony Arzenta

Tony Arzenta

Big Guns

Big guns

Diffusion

Reprise en version restaurée en salles le 15 février 2023.

LES FILMS DU CAMELIA

Big guns

Notre note

3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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