« Ce que je veux de plus »(« Cosa voglio di più ») : insatiables
Pitch
A Milan, une jeune comptable à l'existence jouée d'avance tombe raide amoureuse d'un traiteur entraperçu lors d'un buffet. Une liaison torride s'en suit dans le plus grand secret, chacun d'entre eux déjà marié.
La vie d’Anna est sans surprise. Comptable dans une société d’assurances où les conditions de travail sont plutôt agréables, en couple avec Alessio, un homme charmant et serviable qui lui fait une totale confiance, Anna ne connait que les soirées à quatre avec les voisins amis, les repas de famille, les collègues de bureau, les trajets dans un train de banlieue. Or, un jour qu’on fête le départ d’une collègue, un homme surgit de nulle part, c’est un employé du traiteur, Domenico, un séducteur primaire, le physique épais, le visage large, le regard un peu bovin. Anna veut cet homme qui a provoqué chez elle des sensations fortes au premier regard, instinctivement et abandonnant tous ses repères, elle le rappelle, ils se revoient.
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Petit à petit, des premiers rendez-vous furtifs à tenter des étreintes interrompues sous un porche, dans une voiture, aucun des deux ne pouvant emmener l’autre chez lui, Anna en couple et Domenico marié, deux enfants, le rituel s’installe de se rencontrer le mercredi soir dans un motel un peu sordide. Mercredi parce que Domenico peut mentir à Miriam, son épouse suspicieuse, en disant qu’il s’entraîne à la piscine. Alessio plus créduble, Anna invoque des heures supplémentaires au bureau.La démonstration du récit est l’escalade des demandes de ce couple mal assorti qui assume plus ou moins bien que leur relation soit essentiellement une passion charnelle et voudrait partager aussi des moments d’intimité quotidiens : diner ou passer la nuit ensemble qui paraissait hors de portée, voir partir en WE faire du tourisme, devient alors une demande, plus tard un manque. Ensuite, ce sont les tentatives de rupture, les premières disputes, l’attraction entre eux étant plus forte que les embûches.
photo Pyramide
La grande qualité de ce film est l’approche quasi-documentaire du quotidien, les obstacles matériels auxquels sont confrontés Anna et Domenico pour se rencontrer sont montrés dans le détail, le manque de temps, le manque d’argent, les contraintes familiales, la difficulté du mensonge au quotidien, les SMS compulsifs qu’on essaye d’envoyer sans se faire remarquer, les remarques d’Alessio sur le travail d’Anna, la combinaison de plongée de Domenico qu’il faut tremper dans l’eau pour faire vrai avant de la suspendre en évidence dans la salle de bains.
photo Pyramide
Le quotidien au superlatif dans le film est partout, les visites incessantes des mêmes voisins, les bricolages récurrents d’Alessio qui compte à chaque fois le prix qu’il a payé, la différence qu’il a économisé, l’argent omniprésent dans les conversations qui pose des limites à tous les désirs. Au début du film, le couple Anna et Alessio est réveillé par la soeur d’Anna qui va accoucher, qu’il faut emmener d’urgence à la clinique, ce qui va provoquer un désir d’enfant chez Anna, un désir vite supplanté par sa liaison avec Domenico tandis qu’Alessio ne se rend compte de rien, toujours connecté au désir précédent d’enfant. Un film sur le manque, sur les désirs qui engendrent d’autre désirs hors de portée, sur la société de consommation qui entraîne des dépenses qu’on ne peut pas payer, désirs et besoins comme interchangeables, insatiables…
Notre note
(3 / 5)
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