« Dioses » : tombés, ils se souviennent des cieux…

Josué Mendez, sortie 23 juin 2010

Pitch

Dans une station balnéaire chic près de Lima, la jeunesse VIP péruvienne meurt d'ennui entre fêtes et défonces. Un frère et une soeur supportent mal l'arrivée d'une belle-mère de leur âge, leur père rêve que son fils, abruti, fainéant, incestueux, travaille dans ses affaires.

On n’a pas souvent traité au cinéma de cette classe sociale de la jeunesse dorée péruvienne, qui, comme partout, erre de boite de nuits en plages privées, défoncée, cynique, hédoniste, sans autre centre d’intêret que de s’évader dans l’abrutissement chimique. Diego et Andrea, frère et soeur, sont les héros fatigués de cette études de moeurs très factuelle, lui, fainéant, ahuri, suivant sa soeur comme un toutou, elle, nympho, agressive, consommant les mecs comme les ecstas. Première scène (encore une) dans une boite de nuit bruyante où Andrea va de l’un à l’autre, n’ayant même pas retiré son maillot de bain sous sa petite robe chic, Diego la surveillant, jaloux, anxieux.
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photo Bodega

Agustin, le père, riche businessman, a craqué pour Elena, jeune femme ambitieuse issue d’un milieu social très pauvre, l’âge de ses enfants, qu’il installe chez lui comme sa seconde épouse et que les enfants toisent. A la génération d’Agustin, les femmes de son âge à qui il présente Elena, on s’amuse un peu plus, du moins, on s’organise pour faire semblant de se passionner pour des conférences assommantes, des expos de peinture. Elena trime et lit tous les livres pour se faire une petite place dans la haute société obligée de l’accueillir pour faire plaisir à Agustin.
 


photo Bodega

Quand Andrea est enceinte, les caractères se révèlent plus drastiquement, Andrea veut avorter, c’est trop tard,  afin d’éviter le scandale, son père l’expédie à Miami accoucher, Elena deale de se faire épouser en échange d’adopter l’enfant comme s’il était d’elle, les copines d’Andrea persifflent, les amis du père médisent. Mais surtout le père espère que cet enfant-là, contrairement à son fils Diego que sa paresse exaspère, va reprendre les affaires avec lui, l’imagine déjà à l’usine, au bureau…
 


photo Bodega

Cinéma comportemental au vitriol qui fait penser au cinéma argentin contemporain, le film refuse la psychologie et montre les faits, des scènes sont éloquentes comme ces jeunes gens effondrés sur des matelas sur la terrasse d’une villa sur la plage qui cuvent alcools et autres drogues de la nuit vers midi quand Diego va chercher Andrea pour le déjeuner familial. La fracture sociale est immense, d’un côté, les VIP qui bronzent en string, de l’autre les employés à peau mate qui triment pour eux, s’occupent des enfants à leur place, une cuisinière chez qui Diego ira trouver refuge, un autre monde… Pour couronner le tout, ces dieux (Dioses) sont incestueux, Diego ne rate jamais une occasion de tripoter sa soeur qui laisse faire, complétant un tableau de dieux déchus d’une Olympe plus que païenne. Mention spéciale à l’acteur qui interprète Diego (Sergio Gjurinovic), ectoplasme craintif que rien ne parvient pas à ranimer d’une hébétude chronique.
 

« L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux » (Lamartine)
site officiel du film…

 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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