ÉDITO 4 : Ciao Cannes!
Pitch
De 2007 à 2015, je suis allée 8 fois au festival de Cannes, c'est un univers ambivalent, harassant. Cette année, j'ai abdiqué...
Notes
Souvenirs d’une autre époque… #Cannes2008
Sean Penn, président du jury, mon meilleur souvenir du festival de Cannes.
Arrivée l’avant-veille, j’apprends par hasard que Sean Penn n’est pas à Au Cap d’Antibes, comme il l’avait demandé, mais loge au Carlton, Madonna aussi cette année-là… Je me précipite faire le pied de grue devant le Martinez, car c’est là que se tient en 2008 le dîner du jury du festival, la veille de l’ouverture, et le lieu change d’une année sur l’autre, et Sean Penn fume, ce qui va me rendre service plus tard pour le prendre en photo à la sortie des artistes : il sort en courant des projections de la compétition, nerveux, ronchon, le vrai bad boy, trop sexy, il écrase sa cigarette, stop, clic! photo, un des chauffeurs des limousines du jury me dit « la prochaine fois, vous aurez son autre profil ». Une fois qu’on peut passer la grille vers le Marché du film, avoir donc le bon Pass, aucun problème pour prendre des photos à la sortie des artistes en ligne directe de la scène du Palais des festivals, 2500 personnes dans le grand théâtre Lumière et tout le reste… Contiguë, la salle Debussy avec son tapis bleu, quand Gilles Jaxob est parti, touts les tapis ont viré au rouge. Certaines actrices cosmétiques, comme Elsa Zylberstein, qui semblent êtres livrées avec le red carpet, d’un festival à l’autre, Cannes, Deauville, Marrakech, se contentent de monter les « MARCHES », ce nouveau Lourdes païen (d’ailleurs, les organisateurs s’en inquiètent, les films intéresseraient moins que les Marches?) et de redescendre par la sortie des artistes en tenue signée d’un des plus grands couturiers sur la place, offerte ou prêtée, direction un dîner très privé.
#Cannes2008
Accréditée festival comme les rares blogs accrédités, j’obtiens sans mérite la Palme Off du meilleur blog, on voit un des vigiles du Palais des festivals avec cette palme sur le montage photo, ça l’amuse que j’arrive grossir les rangs des « last minute accès » avec ça sous le bras… Car aussitôt arrivée sur le toit l’hôtel du 3.14, reçu l’objet des mains d’Hugo Mayer/Le blog reporter, lauréat 2007, je suis repartie aussitôt courir tenter la file d’attente du film de 22h. Refoulée, pas de places libres, je m’en vais boire une coupe de champagne seule à l’hôtel Majestic avec un café en même temps : à l’époque, je passe mes nuits à écrire des critiques de films et aussi des ‘tranches de vie » du Cannes Off (fière que le monde.fr reprenne mes articles par fil RSS d’autant que ça augmente le nombre de lectures sur mon blog) ; j’entends les excès, les rires, les dérapages, un réveillon 10 jours/10 nuits, depuis ma chambre a l’hôtel Mondial, fenêtre ouverte sur le balcon, le producteur Dominique Besnehard y est resté fidèle (il parle de la rue de Solférino, de Ségolène, dans la banale salle du petit déjeuner), meilleur hôtel qualité/prix de Cannes, je n’y suis allée qu’une fois grâce à l’annulation d’une consœur blogueuse qui m’a cédé sa place.
Aujourd’hui, 10 ans plus tard, le producteur Alain Zirah a fait évoluer les Off DE #CANNES2016…
PS. ma photo a disparu des archives… Pas assez photogénique… Mais ce récit de souvenirs est vrai!
Depuis 2008, tout a changé, les plages privatisées qui bordaient la Croisette, se touchant presque, ont plié bagages les unes après les autres, une année après l’autre… La plage Orange a disparu en 2013, le staff occupant désormais un appartement sur la Croisette, à un étage élevé…
En 2012, tout était encore bondé, on faisait la queue à minuit, une invitation à la main, le quota de sécurité dépassé, la Villa Schwepses, lieu éphémère (qu’on retrouve aussi lors du festival « Calvi on the rocks », assez pesant pour les Calvais qui ne dorment pas 5 nuits durant, sans parler du reste…), ne pouvait plus faire entrer personne… Ma colocataire de l’époque, en charge de je ne sais quel event com, est sortie de l’antre de la soirée, ses escarpins à la main, pieds nus « ELLE, elle peut rentrer! » Et je me suis fondue à une foule compacte qui avait la moitié de mon âge. Comme j’avais un cordon Canal+ offert par la chaîne cryptée, des jeunes gens me demandaient « vous travaillez pour Canal? »
Après des années d’austérité à ne pas pouvoir approcher des plages, soudain les fêtes, je n’en revenais pas. La Terrazza Martini et ses cocktails test gratuits, j’adorais, une seule plage où m’asseoir, un verre à la main, une cigarette en plein-air, au bord d’un sable beige, me suffisait amplement. Au bout de deux ans, Martini, c’était fini, j’y avais été invitée trop tard, éternelle étourdie et paresseuse à ne pas planifier tous ces trucs depuis Paris…
Avec mon ex-coloc, on a trouvé des produits de substitution comme la plage Nespresso et la plage Magnum en 2015, les deux plus cossues ; lors de la masterclass du jeune prodige canadien francophone, sélectionné tous les ans en compétition, plage M, il préférait parler anglais. Pas de problème d’autant que c’étaient davantage la proximité des lieux par rapport à notre appart de location et la perspective de m’empiffrer de glaces Magnum qui m’avaient attirée. Je n’avais même pas emporté mon appareil photo… De quel film parlait donc Xavier Dolan? Avec discrétion, je rejoignais une consœur cinéblogueuse beaucoup plus sérieuse que moi, tentant de me renseigner sotto vocce. Dans la foulée, des glaces obèses, concoctées extemporanément et sur mesure, dans un décor ultra-kitch, et un responsable com, survolté, qui me confisque brutalement mon iPhone quand je tente quelques photos en bordure de plage, je suis le mouvement, histoire de tirer parti de cette incursion dans l’univers Dolan ; furieuse et choquée, je proteste, il me répond » vous savez QUI JE SUIS? ». Je n’y suis retournée qu’une fois…
Cette année, grâce à un certain Bolloré, connu surtout pour avoir prêté son yacht afin que le précédent président de la république, flanqué de sa seconde épouse, y prennent quelques jours de repos avant sa prise de fonction en 2007, le patio CanalPlus, lieu plus cadenassé que n’importe laquelle des plages privées VIP, sera fermé et la fête Canal+, la plus prisée du festival, n’aura pas lieu. Les navettes pour aller du patio Canal à Mougins, transporter 1500 invités triés sur le volet, les tweets « j’y suis » plantés comme des drapeaux au sommet de l’Everest, les invits qu’on s’arrache, distribuées dans des cartons à l’extérieur du patio CanalPlus, posés sur des étals de fortune. pour ne pas déranger le business (en fait, on ne pouvait entrer officiellement au patio Canal que sur invitation), c’est du passé.
De 2015 à 2016, il s’est passé tant de choses, les News du jour gommant les précédentes, les scandales le disputant aux catastrophes, des photos d’immigrés derrière des barbelés aux attentats du Bataclan le 13 novembre 2015, l’attentat du SDF raté par des terroristes EL… En janvier 2016, mort de Michel Delpech et de David Bowie, aujourd’hui on alterne le saccage annoncé par la nouvelle « Loi travail » et les accusations d’harcèlement sexuels du mari d’une ministre du gouvernement. Auparavant, une COP21 n’intéressant pas grand monde, annonçant « des mesures » de sursis pour la planète, fichue, la terre n’a pas besoin des hommes et pas le contraire, a dit Nicolas Hulot, un final Fabiusien de la Cop21 perturbé par l’annonce du tirage de l’Euro 2016… On n’en finirait plus. Toutes les informations sont désormais traitées sur un pied d’égalité. Et Cannes, ses 4500 journalistes accrédités venus du monde entier? Ce n’est pas rien…
Oui, Je suis attristée de ne pas pouvoir aller au 69° festival de Cannes, jusqu’au bout j’ai espéré et hésité, je n’ai annulé que dimanche et lundi les uns et les autres à J-3 et J-2, la réalité a décidé pour moi.
Ciao Cannes!
Et aussi
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