« Harry Brown » : Ouragan sur le Caine

Daniel Barber, sortie 12 janvier 2011

Pitch

Un ancien marine, qui vient de perdre sa femme, se révolte quand il apprend la mort de son meilleur ami, retraité comme lui, assassiné sauvagement dans la cité de Londres où ils vivaient tous les deux.

Voilà un film qui risque bien de faire débat. On peut en effet classer ce film dans ce que l’on appelle les « vigilante movies », faisant référence au film « Vigilante-justice sans sommation » (1981) de William Lustig et à la définition du mot vigilante, l’autodéfense. Dans « Harry Brown », c’est d’autant plus ennuyeux de se faire une opinion objective composant avec la morale que le film, et surtout Michael Caine, son héros fatigué, sont excellents. Comment ne pas être en empathie avec cet ancien marine qui vient de perdre son épouse et apprend que son meilleur et seul ami vient d’être retrouvé mort, lardé de coups de couteaux, dans cette cité sensible de Londres où ils résident?

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photo Surreal distribution



Harry Brown (Michael Caine) a rangé ses souvenirs d’ancien marine quand il a rencontré sa femme. Aujourd’hui, agonisante à l’hôpital, elle ne le reconnait plus quand il va la voir tous les jours, le téléphone sonne, elle est morte. Vivant dans une cité géante d’une banlieue dite sensible de Londres, Harry est terré dans son modeste appartement et conseille à son meilleur ami Leonard d’en faire autant pour éviter d’être pris comme exutoires par les bandes hyperviolentes du quartier qui régissent notamment le trafic de drogue. Une exception, la partie d’échecs dans le pub de la cité où un soir Leonard se confie à Harry, il a peur, harcelé par des voyous, il n’en peut plus. Le lendemain, Harry apprend que Leonard a été assassiné dans le souterrain de la cité, lieu clé de tous les trafics et violences. Le film débute d’ailleurs par l’adoubement d’un ado à qui on fait fumer une pipe de crack pour qu’il fasse partie de la bande. Dans la foulée, le groupe tire sur une jeune femme et son enfant, ça, c’est pour décrire l’ambiance avant le générique.L’inspectrice Frampton (Emily Mortimer) et son accolyte, viennent alors interroger Harry qui sait que Leonard avait porté plainte avant sa mort, et constate que, pas plus en amont qu’en aval, la police ne peut régler le problème. Sa rencontre un soir avec un junkie qui le menace d’un couteau va raviver les réflexes de marine d’Harry Brown qui va se transformer en justicier.


photo Surreal distribution

Sous l’angle de l’histoire individuelle, le film pose un problème de société, les cités chaudes de nos jours sont sous l’emprise des bandes organisées qui régissent un juteux trafic de drogue, terrorisent souvent leurs voisins, n’envisagent plus d’apprendre un métier peu lucratif en regard des profits de la drogue. Le film est plus un constat atteré qu’un jugement, impliquant implicitement l’échec d’une société qui a abandonné ses enfants, construit des ghettos, généré passivement cette situation qui la déborde. Michael Caine, 76 ans, ancien soldat, qui a vécu dans un quartier défavorisé de Londres dans son enfance tenait beaucoup à tourner dans ce film. Il a donné une Master Class la semaine dernière au Forum des images (voir le Live Tweet***…) où il dit des choses terribles comme discutant avec les acteurs amateurs du film (ils ont tourné dans les quartiers proches de celui où il a habité) qui lui demandaient comment il s’en est sorti, il leur a répondu qu’aujourd’hui, ce ne serait plus possible, raconte également que dans 9 cas sur 10, le père de ces ados a quité le foyer familial…
 


photo Surreal distribution

Premier long-métrage de Daniel Barber, le film, interdit aux moins de 16 ans, est très violent, et surtout douloureux, avec l’extraordinaire prestation de Michael Caine, tellement classe, irradiant de cette lumière éteinte de celui qui n’a plus rien à perdre. Les scènes les plus spectaculaires comme l’affrontement avec la police ne sont pas les plus choc. La rencontre de Harry, dans une sorte de cave crasseuse avec ses plantations de cannabis, ses stocks d’armes et de drogues diverses, avec le chef des dealers, individu spectral totalement taré, se piquant dans les chevilles en négociant la vente d’une arme, son amie défoncée, presque nue, en train de mourir d’une overdose qu’il offre en cadeau aux acheteurs, est une des scènes les plus dures qui retourne l’estomac. Les films sur l’autodéfense ont toujours existé surtout dans les années 70/80, celui-ci est plus proche du film « Le vieux fusil » (1975) de Robert Enrico avec Philippe Noiret que d' »Un Justicier dans la ville » (1975) avec Bronson ou de la série des « Inspecteur Harry » (1971) de Clint Eastwood
, le plus violent et insoutenable, inclassable, demeurant encore « Les Chiens de paille » (1971) de Sam Peckinpah.


La Master class de Michael Caine
envoyé par forumdesimages. – Regardez des web séries et des films.
*** LT de la Master Class de Michael Caine…
par
http://twitter.com/cambronnetwit


 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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