"House by the river" : drame noir domestique

Fritz Lang, 1950, coffret DVD 2007 "Les Introuvables"

Dans le coffret Fritz Lang, « les Introuvables », j’ai déniché deux films noirs plus mélodrames noirs que films noirs : « House by the river » et « Le Secret derrière la porte ». Deux films de Fritz Lang aux connotations franchement sexuelles malgré la censure de lépoque, surtout le premier.


Stephen Byrne, écrivain raté, griffonne toute la journée dans sa villa au bord du fleuve. Son épouse Marjorie absente, Stephen, émoustillé par la toilette de la jeune domestique, Emily, quil a autorisée à utiliser leur salle de bains pour un problème de plomberie, va lattendre sous lescalier. Dans un univers totalement expressionniste, toutes les scènes dintérieur étant filmées dans la pénombre, les personnages éclairés partiellement, le visage souvent masqué, le décor dencre, on a droit à une splendide descente de lescalier de la jeune femme dont on ne voit que les jambes nues sous le déshabillé «bon marché», comme on le dira au procès (une descente descalier dupliquée dans une scène suivante avec les jambes de lépouse Marjorie disant la même phrase en apercevant Stephen, il lui a fait peur)***.  Car, pour échapper à la curiosité de la voisine, Mrs Ambrose, Stephen va étrangler accidentellement la jeune femme, qui repousse ses avances en criant, pour la faire taire. Dans la foulée, John Byrne, le frère de Stephen, sonne à la porte, silhouette noire derrière la porte vitrée, il repartira de la maison, complice du meurtre. Mais pour cela, il aura fallu à Stephen des trésors dimagination pour convaincre son frère ne pas le dénoncer à la police, comme inventer que sa femme Marjorie attend un enfant, et on verra plus tard la perversité de ce mensonge : John Byrne, homme solitaire handicapé par sa claudication, rodé depuis lenfance à tirer son frère irresponsable du pétrin, est amoureux de sa belle-sur en silence, pour elle, il va accepter de transporter le cadavre dEmily quils jetteront dans le fleuve.
*** pour la descente de l’escalier, on ne peut s’empêcher de penser à celle torride et jamais égalée de Barbara Stanwyck dans « Assurance sur la mort » (1944)…

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—–Film sur la culpabilité, le spectre dEmily habite le récit, avec la hantise quelle va surgir du fleuve, que son cadavre enfermé dans un sac à bois va remonter à la surface, voir la scène où Stephen passe la nuit à traquer le sac dans le fleuve, perdant la raison. Film moderne où les allusions sexuelles sont explicites et filmées frontalement comme on le ferait aujourdhui, les troublants plans de la baignoire qui se vide, le parfum de lépouse, les jambes nues. Film dun pessimisme aigu sur la nature humaine, la noirceur extrême du personnage de Stephen, sur le mariage, chaque mari étant un assassin en puissance (jai lu que Fritz Lang avait été accusé dans sa jeunesse en Allemagne davoir tué sa femme).


Après le meurtre, les deux frères se rendent à une party pour ne pas attirer lattention, une scène qui en dit plus long sur le caractère de Stephen que ses exactions. Tandis que John est pétrifié dans un coin du salon, traumatisé par ce qui vient de se passer, Stephen danse comme une toupie avec toutes ces dames quil complimente et fait rire aux éclats. John, choqué, quitte la party, rattrappé par la manche par Stephen qui tente de lamadouer « tu crois que je mamuse? », « franchement oui », lui répond son frère. Non seulement son meurtre ne le frappe pas moralement, sauf pour avoir peur d’être démasqué, mais de la disparition dEmily qui fait la une des journaux locaux, Stephen tire parti pour sortir de sa médiocrité et exister en tant qu’écrivain, signant à présent ses livres dont aucun éditeur ne voulait auparavant, allant jusquà envoyer sa photo au journal. La voisine envahissante, Mrs Ambrose, agit, mine de rien, comme le diable en disant au début à Stephen de pimenter ses récits si il veut être édité. Pendant la séance de dédicace, Mrs Ambrose lui dira quil faut écrire ce quon a vécu pour être un bon écrivain, lui donnant lidée machiavélique de raconter le meurtre dans son prochain livre. Car le film va plus loin que la culpabilité, jusquoù faut-il aller, à quel prix faut-il vendre son âme au diable, pour créer, écrire, filmer et être reconnu, connu
Tourné en 1950, ce film neut aucun succès, puis, demeura longtemps introuvable, apparemment occulté par Fritz Lang. Film noir dramatique tourné dans le noir, où terreur et érotisme se frayent un chemin dans les ombres, on a rarement vu une telle correspondance entre la noirceur de limage et celle de lâme humaine gangrenée par dincontrôlables pulsions, mêlant inéluctablement le sexe et la mort. Correspondant à l’inconscient de la plupart des films de Fritz Lang, on croit comprendre pourquoi il zappait le film, tout y est trop explicite. Le second film du coffret « Le Secret derrière la porte » (tourné avant) est dans la même veine mais beaucoup plus onirique, moins pessimiste, accordant une chance de rédemption au héros, même in extremis

Ce film existe en DVD collector  ou dans le coffret de 4 dvd « En Noir et en couleur »(« Les Introuvables » )avec « Le Secret derrière la porte », « Le Tigre du Bengale » et « Le Tombeau hindou ». éditions

Wild side vidéo.

 

 

Notre note

5 out of 5 stars (5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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