« J. Edgar » : éléments d’une vie au service du secret

Clint Eastwood, sortie 11 janvier 2012

Pitch

La vie privée et publique de J. Edgar Hoover, chef du FBI 48 durant, de 1924 à 1972, personnage secret et manipulateur dont on ne sait pas grand chose, à qui le président Nixon fera des obsèques nationales.

La vie de J.Edgar Hoover, chef du FBI 48 ans durant, ayant connu 8 présidents des USA, est assez passionnante. Ce qui ne ressort pas exactement dans le biopic que lui consacre Clint Eastwood, les personnages étant figés, désincarnés, le récit faisant la navette entre deux époques (1970 où Hoover âgé dicte ses mémoires embellies et les étapes du passé) un peu plat. Mais c’est bien filmé, comme toujours chez Eastwood, et la lumière est souvent très belle. On démarre sur J.Edgar Hoover âgé et on va passer le film à faire le va et vient entre ses débuts et la fin de sa vie avec un petit problème de maquillage! pas toujours convaincant pour vieillir les acteurs qui sont les mêmes à presque 50 ans d’intervalle.
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photo Warner

Diplômé en droit de l’université de Washington en 1917, Hoover est détaché en 1919 auprès du ministre de la justice Mitchell Palmer, un ultra-conservateur qui traque la « maladie » du communisme. J.Edgar Hoover lui survivra quand ce dernier est débarqué. Mais c’est dans le cabinet du ministre que J.Edgar Hoover, qui s’appelle encore John Hoover, Edgar étant réservé aux intimes (c’est à dire sa mère), rencontre une jeune femme qui lui plait aussitôt : Helena Gandy, il lui propose de l’épouser, elle lui répond qu’elle préfère son ambition professionnelle au mariage. Elle le suivra jusqu’à sa mort. Dans son délire de guerre anti-communiste, J.Edgar Hoover a l’idée de prendre les empreintes digitales des suspects et de les centraliser dans un fichier unique, ce qui est une grande première. Obsédé de rangement et de fichiers, Hoover s’en servira plus tard comme paravent contre tout un chacun dont tous les présidents sur lesquels il possède des dossiers compromettants, ce qui expliquerait sa longévité.De la lutte contre les communistes, on passe à la répression du grand banditisme, on voit alors passer dans le film des noms comme Al Capone, Dillinger, Baby Face Nelson. Le film insiste sur une affaire qui secoue l’Amérique, le kidnapping en 1932 du fils de Charles Lindbergh, alors le personnage le plus populaire du monde. Hoover en dictant ses mémoires, dans la phase du film où il est âgé, prétend qu’il a participé aux arrestations des coupables. En vérité, Hoover a instrumentalisé l’arrestation du kidnappeur du fils de Lindbergh pour faire la promo du FBI. Le film utilise les grands évènements connus pour marquer le temps qui passe, plus tard, l’assassinat de Kennedy, le prix de Nobel à Martin Luther King, etc…


photo Warner



Bien que Clint Eastwood ait choisi de parler d’Hoover sous l’angle de l’intime, côté vie privée, le film n’est pourtant pas très à l’aise pour décrire la relation de J.Edgar Hoover avec un homme qu’il recrute au FBI dans sa jeunesse, Clyde Tolson, qu’il nomme ensuite numéro deux du FBI, et avec qui il forme un couple pendant des décennies. On larmoie beaucoup sur la vieillesse de Clyde Tolson qui a été victime d’une attaque cérébrale et mourra pourtant après Hoover. Les scènes de Hoover avec sa mère (Judi Dench), directive, castratrice, ayant l’ambition que son fils ne soit pas un raté comme son père, sont plus convaincantes. Une scène où, Hoover adulte, ancien bègue (surnommé « Speedy »), se remet à bégayer, et où sa mère lui intime de son lit de « parler comme le docteur lui a appris », est très forte.
De 1924 à 1972, Hoover a été directeur du FBI qui s’appelle d’abord BOI (Bureau of investigation) puis en 1935 FBI (Federal Bureau of investigation). Diabolisé de son vivant, considéré comme un manipulateur utilisant des dossiers sur la vie privée des puissants pour faire chanter un peu tout le monde, Hoover est plutôt bien traité par le réalisateur : de ses rapports avec la mafia, qu’il aurait toujours ménagée alors que les frères Kennedy, qu’il détestait, étaient justement en conflit avec la mafia (ce qui leur aurait valu d’être assassinés d’après une théorie plausible qui dit que la mafia avait aidé à l’élection de John Kennedy qui n’avait pas renvoyé l’ascenseur mais voulait, au contraire, lutter contre le crime organisé), on ne dit pas grand chose, dommage…


photo Warner

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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