« Luc Besson : cinémascope », un documentaire qui rappelle qu’il est d’abord un cinéaste

diffusion Canal+Cinéma le 20 avril 2011
Avant-hier matin chez Canal+ à Boulogne, était organisée la projection d’un documentaire sur Luc Besson cinéaste, l’occasion d’une carte blanche au réalisateur qui a choisi sa programmation et ses « films de chevets » comme « Buffet froid » de Blier ou « Taxi driver » de Scorsese. L’évocation de ces deux films dans les questions de la presse qui ont suivi la projection a été un des rares moments où on a entendu Luc Besson s’enthousiasmer sans réserves sur le cinéma, la mise en scène, sans doute est-il meilleur quand il parle des autres. 


David Périssère (le réalisateur), Laurent Veil et Luc Besson

Sous des dehors Raimu version parisienne, doué en anecdotes, l’homme est méfiant, se livre peu, pèse les questions avant d’y apporter une réponse qualibrée, on dirait qu’il tente d’évaluer ce que son interlocuteur va déduire de ses réponses avant de répondre. Après un clash au festival de Cannes l’année où a présenté « Le Grand bleu », Luc Besson a rompu avec la presse ciné, excepté une interview pour Canal+ il y a neuf ans et puis ce documentaire qu’il a accepté parce qu’il se sentait en confiance avec Laurent Veil, qu’il connaît bien et qui pose les questions, le réalisateur David Périssère étant un ami de ce dernier.
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Et puis, il est agacé qu’on le dise arrogant car il ne parle pas. Cependant, LB prise les formules éprouvées qui ne l’engagent pas personnellement, il répète qu’il veut montrer les faiblesses du sexe fort et la force du sexe faible quand on lui fait remarquer qu’il aime faire le portrait des femmes fortes, aux questions sur ce qu’il l’a conduit à réaliser tel ou tel film, il répond avec prudence que c’est un peu le hasard, qu’il veut faire du cinéma avant tout. On apprend au compte-gouttes que c’est un grand bosseur, son défaut, sa qualité, qu’il aurait aimé être journaliste (pas critique!), qu’il a réalisé à peu près tous ses rêves mais qu’aujourd’hui sa vie privée est aussi importante que le cinéma, qu’on le taxe de faire du cinéma commercial mais ça existe les films gratuits? On se rend compte en l’entendant parler combien il a le coût des choses en tête en permanence et c’est sans doute cela qu’il ne supporte pas de la critique ciné, qu’on balaye des investissements aussi énormes, moyens humains et matériels, que représente le tournage d’un film, d’une phrase lapidaire. Je prenais des photos et puis, il me demande de stopper, le documentaire, il ne l’a pas vu, seulement des extraits, visiblement mal à l »aise avec son image, il parle famille, amis, spectateurs qui vont voir « les films qu’ils ont envie d’aimer », on sent bien que mercredi matin, il a fait preuve de bonne volonté en renouant avec la presse ciné, sans doute pour casser son image de businessman, mais c’est un effort… Le fantasme amical de Luc Besson : se retrouver à 75 ans avec Eric Serra et Jean Reno pour évoquer ensemble leur parcours souvent commun.


Jean Carmet et Gérard Depardieu dans « Buffet froid » (1979) de Bertrand Blier
(photo UGC)

Le documentaire rappelle à point nommé que Luc Besson n’est pas seulement l’homme d’affaires d’Europacorp mais un cinéaste avec une carrière qui a démarré après un accident de plongée le privant de sa passion. Il débarque par hasard sur le plateau d’un court-métrage et s’enthousiasme du passage dans le virtuel, de la solidarité de l’équipe. En 1981, avec l’équivalent de 300 Euros, il tourne un film en noir et blanc « Le Dernier combat » avec ceux qui vont le suivre tout au long de ses films : Jean Reno et Eric Serra pour la musique. Il enchaîne sur « Subway », la présence d’Adjani l’aide, puis, enfin, son « Grand bleu », mal reçu par la critique mais succès en salles. Ensuite, dans la série des héroïnes féminines guerrières, « Nikita », « Jeanne d’Arc ». Dans l’intervalle, la découverte de Natalie Portman à dix ans pour « Léon ». LB confie qu’après « Jeanne d’Arc », il était à saturation, avait perdu « l’envie », un mot qui va rythmer le documentaire, il fait les choses si il a envie de les faire et quand il a envie de les faire, c’est son credo. Son prochain film renoue avec les femmes au superlatif avec « The Lady », un biopic sur la dissidente birmane Aung San Suu Kyi, projet que lui a proposé l’actrice Michelle Yeoh qui y tient le rôle principal. Le documentaire a été réalisé en Thaïlande sur les lieux du tournage de « The Lady ».
 


Isabelle Adjani et Christophe Lambert dans « Subway » (1985) de Luc Besson
(photo Gaumont)

Diffusion sur Canal+CinémaDocumentaire
« Luc Besson : cinémascope » de David Périssère (60′)
mercredi 20 avril 2011 à 22h30

Films réalisés par Luc Besson
« Les Aventures extradordinaires d’Adèle Blanc-Sec »
mercredi 20 avril 2011 à 20h45
« Arthur et la vengeance de Maltazard »
lundi 18 avril 2011 à 20h45

Carte blanche du 18 au 22 avril 2011
sélection :
« I Love you Philip Morris » le jeudi 21 avril à 20h45
« Human zoo » (avant-première) le vendredi 22 avril à 20h45

Films de chevet
« Amadeus » de Milos Forman (lu 18 avril/22h15), « Taxi driver » de Martin Scorsese (ma 19 avril/22h15), « Buffet froid » (je 21 avril/22h20)de Bertrand Blier, « Kagemusha, l’ombre du guerrier » d’Akira Kurosawa

(ve 22 avril/23h20) 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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