« Suite française » d’après Irène Némirovsky, un sujet intemporel

focus film Saul Dibb, sortie 1er avril 2015

Pitch

1940. Son mari au front, Lucie Angellier l'attend avec son austère belle-mère quand l'arrivée de l'armée allemande dans leur village va changer la donne d'autant qu'un séduisant officier est logé d'office dans leur maison.

Notes

Le livre d’Irène Némirovsky « Suite française », prix Renaudot 2004, a été publié à peu près 50 ans après sa mort à partir de deux volumes (« Dolce » et « Tempête en juin ») démarrant le projet d’une série de 5 livres dont elle a laissé le troisième inachevé (« Captivité », le film s’en inspirera pour la fin du récit). Déportée à Auschwitz en en été 1942 à 39 ans où elle meurt très rapidement, Irène Némirovsky était déjà un écrivain connu avec un livre comme « Le Bal ».

« Dolce » racontait le chaos de l’exode de 1940, les français quittant Paris occupé. Le second livre se déroulait dans le village inventé de Bussy aux environs de Paris, envahi par l’occupant allemand. C’est en grande partie le sujet du film. A Bussy, on observe à la loupe un échantillon représentatif de ce qui se passe un peu partout en France : la vie des habitants obligés de cohabiter avec l’ennemi, leurs lâchetés, leurs faiblesses, leur courage pour certains, les amours interdites, clandestines, avec des allemands, les dénonciations, la collaboration. Au coeur du récit, une histoire d’amour entre Lucie Angellier et un officier allemand, Bruno Von Falk, qui loge chez eux, elle-même habitant chez son austère belle-mère.

publié 27 janvier 2015

Et aussi

[caption id="attachment_9821" align="aligncenter" width="640"]photos UGC photos UGC[/caption]   Un casting en or : Matthias Schoenaerts, Michelle Williams, Lambert Wilson, Kristin Scott-Thomas, Sam Riley, une très belle reconstitution de la France de 1940 et une observation assez fine des comportements, notamment de la conscience des classes sociales qui perdure sournoisement sous l'apparente solidarité entre français. Ainsi, le Vicomte de Montmort, maire de Bussy, pour obéir aux caprices de son épouse, qui ne supporte pas la présence d'un officier allemand sous son toit (elle et lui s'imaginant avoir de facto des droits supérieurs aux autres villageois), va, par ricochet provoquer un drame qui provoquera au final la mort de son mari. L'histoire d'amour entre Lucie Angellier et Von Falk n'a rien d'original (on a déjà traité le sujet) avec son lot de conflits et de culpabilité d'aimer l'ennemi mais c'est touchant et crédible, d'autant que cette relation va entraîner des choix successifs mal assumés, voire sacrificiels (surtout pour lui) qui vont finir par démolir les protagonistes. Il est vrai que je n'ai pas reconnu Michelle Williams, cette actrice caméléon est une éponge qui absorbe les personnages, acceptant implicitement d'être vampirisée par ses rôles. Mais ce n'est pas la première fois! J'ai adoré ce film, une histoire pas loin d'être vraie, sonnant tellement vrai, une émotion à la fois collective de vivre cette France occupée (par identification, comment aurait-on réagi?) et intimiste s'agissant de la relation du couple "interdit" (comment résister à la "bombe" Matthias Schoenaerts?) mais aussi l'hommage à Irène Némirovsky, cette "revanche" de l'auteur qui accumule, posthume, la reconnaissance qu'elle méritait déjà de son vivant. A l'heure des commémorations de l'horreur d'Auschwitz, et, plus largement des évènements récents antisémites, quand on sait que dans la France occupée de 1942,  Irène Némirovsky se croyait en sécurité, citoyenne française, à l'abris des rafles qui l'ont emmenée vers les camps de la mort, puis, son mari aussi peu de temps après, qui, dans l'intervalle, avait eu le temps de confier à leur fille une valise avec les manuscrits de sa femme dont cette "Suite française".

Annexe

[caption id="attachment_9823" align="aligncenter" width="149"]Irène Némirovsky Irène Némirovsky[/caption]

Notre note

4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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