« The Neon Demon » : Elle, la beauté dangereuse

focus film Nicolas Winding Refn, sortie 8 juin 2016

Pitch

Elle rêve d'être un top model. Orpheline, elle débarque de sa province. LA, la cité des anges est un piège dont peu sortent indemnes.

Notes

Procès en rouge sang (« en « rouge assassin » comme le rouge à lèvres  qu’on choisit pour Elle) de la cité des anges. Parodique, parfois. Tragique et magnifique.

J’ignore comment s’appelle le personnage de Elle Fanning dans le film de NWR mais Elle, c’est parfait. Elle : toutes les femmes et La Femme. Dès le début du film, on se dit : mais c’est l’histoire du Dahlhia noir! Car, plus horrifique, impossible. On a classé ce film dans les films d’horreur et ce n’est pas un film d’horreur au sens où on l’attend : c’est Elisabeth  Short avec le visage angélique de Laura Palmer. Cette héroïne Lynchienne à la double vie, ange et démon, omniprésente par son absence ; qui a tué Laura Palmer? Ensuite, on tournera un prequel, un film, mais c’est trop tard, la série culte est finie. Et le coupable, celui qui a tué Laura Palmer est un proche… Très psychanalytique, « Twin peaks »…

 

Elisabeth Short, "Le Dalhia noir"

Elisabeth Short, « Le Dalhia noir »***

*** note :

Brian DePalma a donné sa version du « Dalhia noir » avec la tendance à l’horrifique qu’on lui connaît. Une version adoubée par James Ellroy qui présentait le film avec luî à un festival USDEAUVILLE dans les années 2000. Ellroy aussi a écrit « son » Dahlia noir, une version romancée faisant référence à sa mère assassinée quand il était enfant. On n’a jamais retrouvé l’assassin d’Elisabeth Short. Il existe n versions, des livres, des documents…

Keanu Reeves dans "The Neon Demon"

Keanu Reeves dans « The Neon Demon »

Le rouge chez NWR: Il n’y a vraiment que NWR qui me fasse oublier mon horreur du rouge dans la vie réelle, IRL. Ce que j’appelle mon « syndrome Marnie » en référence à Hitchcock…

"Marnie"

« Marnie »

Le film commence par Elle couverte de faux sang qu’elle éponge tant bien que mal. Déjà, une prédatrice, une maquilleuse, la mate et l’amène à une soirée… Quel début de film génial, les images, la BO (Prix #Cannes2016  Soundtrack de la meilleure musique originale de film).

Elle plaît/déplaît aux femmes peut-être plus qu’aux hommes. Ces clones d’Elle qui l’envient d’être une beauté naturelle, de ne pas être passée sur le billard tant de fois comme l’une des deux clones, deux tueuses, celle qui est refaite de la tête aux pieds, de toute façon, les deux femmes veulent sa peau, façon de parler. Elle n’est pas un ange quand elle fustige cruellement la chirurgie esthétique, elle n’en a pas besoin, si belle et 16 ans, l’agence qui la fait signer (Christina Hendricks, actrice fétiche de NWR, un petit rôle) lui dit de déclarer qu’elle à 19 ans, 18 ans, personne n’y croirait… Cependant, Elle joue l’auto-dépréciation revendiquée quand elle dit qu’elle ne possède aucun talent, que sa beauté…

Christina Hendricks dans 'The Neon Demon"

Christina Hendricks dans ‘The Neon Demon »

La fille qui « monte » de sa province avec des rêve et des ambitions plein la tête et se retrouve piégée à LA, la cité des anges, c’est le sujet de tant de faits divers… Et le sujet du film est ouvert… Jamais NWR n’a fait un film aussi ouvert… La BA en dit plus que le film, c une erreur (mais le marketing)…

 

 

Et aussi

NWR privilégie l'image comme d'habitude mais les rares dialogues et monologues sont importants, chaque mot est ambigu et fait se poser des questions au spectateur. "Ma mère disait que j'étais une fille dangereuse", dira Elle avant un saut ultime dans une piscine, vide... Ce qui laisse place à toutes les interprétations... Comment sont morts les parents de Elle? Elle, victime d'une enfance insidieusement traumatique? Elle que sa mère traite, enfant, de femme dangereuse... Sans doute Allociné classe le dernier NWR en film d'horreur (comme le réalisateur le définit lui-même) parce que l'année dernière, le prodige danois rendait hommage au réalisateur d'une série Z crade et relookee "Massacre à la tronçonneuse" (1975), un film qui lui avait donné, adolescent, l'envie de faire du cinéma! Un "Massacre...", sorti des oubliettes auquel le 68ieme festival de Cannes rendait lui-même hommage. Une copie remasterisée de ce film fut éditée ensuite par les éditions Carlotta qui nous ont inondé de mails dans le genre "venez tous frissonnez ensemble avec "Massacre à la tronçonneuse"". Carlotta, la rolls des DVD... Seuls les moins de 30 ans sont allés frissonner... Sans moi! [caption id="attachment_14872" align="aligncenter" width="385"]"massacre à la tronçonneuse" 1975) "massacre à la tronçonneuse" (1975)[/caption]   [caption id="attachment_14884" align="aligncenter" width="385"]"The Neon Demon" VO "The Neon Demon" VO[/caption] "The Neon Demon" est dans la veine de "Only Godard forgives" critic du film ICI (http://www.cinemaniac.fr/only-god-forgives-comme-un-opera), le précédent film de NWR, un opéra baroque dérangeant, mais il et beaucoup plus épuré et nettement moins symbolique. Ici, on est du côté de la psychanalyse avec un film dramatique et quelques situations faussement parodiques. Elle arrive à LA, c'est une proie, elle a sans doute l'habitude de louvoyer pour échapper à ce destin de proie en rouge et noir... Comme Ryan Gosling, ancienne star de Disney, faisant appel au réal pour casser son image, dans "Drive", le film le plus mainstream et pas le meilleur de NWR, façon film noir encombré d'une histoire d'amour parasite, Elle Fanning, jolie blonde comme il est en existe tant d'autres à Hollywood, est, grâce à NWR, la star de demain.  

Bande annonce

Notre note

4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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