"The Seventh victim" ("La Septième victime") : film noir démoniaque

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Pitch

Une jeune fille sage part pour New York rechercher sa soeur aînée qui a disparu, sur place, elle apprend rapidement qu'elle était afiliée à une secte d'adorateurs de Satan...

 
Voilà une curiosité fantastique que les studios RKO produisirent pour relancer le genre dans la foulée des films de Jacques Tourneur dont « La Féline ». Le film est très court (environ 1h15) et la fin est limite avortée, la faute au budget tronqué qui ne permit pas de tourner certaines scènes et non plus d’engager des stars. Malgré ce budget de série B et ces restrictions de tout poil, ce film aussi noir que fantastique est captivant, dès les premières minutes, on est scotché à l’histoire. Une jeune fille, Mary, pensionnaire dans une lugubre institution, se voit au bord de l’exclusion parce son dernier semestre n’a pas été payé par sa soeur, sa seule famille. La directrice lui propose de faire un travail d’assitante pour régler sa note mais Marie veut partir à la rechercher de sa soeur dont personne n’a plus aucune nouvelle. Seule dans à New-York, Mary se rend d’abord dans l’usine cosmétique de Jacqueline, sa soeur, dont elle découvre qu’elle l’a vendue quelques mois plus tôt à sa directrice, la revèche Mrs Redi. Plus tard, Mary fait la connaissance d’un avocat, Gregory Ward, marié à sa soeur Jacqueline, ce dont elle ne l’avait pas informée, mais il ignore où se trouve sa femme. Les rencontres se multiplient, Jason, le poète raté qui n’a plus écrit depuis dix ans, le douteux Dr Judd, psychiatre de Jacqueline, Irving August,un détective qui accepte de l’aider et en meurt peu de temps après.
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Mary prend de l’assurance, débarquée dans Manhatan comme une écolière effrayée, elle ne tarde pas à  devenir péremptoire, à découvrir son pouvoir de séduction sur les hommes qui entouraient sa soeur dont tout le monde parle comme d’une femme splendide, inoubliable. Quand Mary retrouve Jacqueline à mi-film, cette dernière est détruite, hagarde, alors, ce n’est plus Jacqueline qui veille sur sa petite soeur Mary mais le contraire, à la fin, Mary détournera même sur elle l’amour de son beau-frère Gregory Ward, ce qui est assez peu crédible car ça tombe in extremis, un peu comme un cheveu sur la soupe, et ce sujet d’une soeur prenant la place de l’autre, de cette jeune fille pure s’épanouissant paradoxalement au contact du mal, aurait gagné à être développé. Comme les intentions louches du Dr Judd sont laissées en suspens… Pas mal de pistes intéressantes dans le film sont tuées à la naissance, évoquées, puis, abandonnées  ou expédiées, les fameuses scènes pas tournées faute de budget?
Ce qui est étonnant dans ce film, entre autres choses, c’est qu’on s’attend classiquement à ne jamais voir la soeur disparue de tout le film pour préserver son mystère. Mais le scénariste ose la montrer, et si, immédiatement, l’irruption  de Jacqueline dans le film fait craindre une perte de tension, au final, pas du tout, la représentation de Jacqueline,devenue un fantôme hébété, terrorisé par on ne sait quelles forces du mal, ne va pas nuire à l’ambiance fantastique, au contraire.


Ce film sur le bien et le mal en chacun des personnages met en avant un groupe d’individus bourgeois cherchant des sensations fortes dans une secte de palladistes, c’est à dire d’adorateurs du démon, que Jacqueline a rejoint, puis trahis, ce qui lui vaut d’être condamnée à mort, obligée de se cacher. A la vérité, Jacqueline a des tendance suicidaires et son adhésion à la secte va lui donner le prétexte de passer à l’acte, cette corde et cette chaise derrière la porte de la chambre vide qu’elle loue à l’année. C’est un film qui se passe en majorité dans l’obscurité, dans la pénombre et les clair-obscurs, et surtout derrière des portes (derrière les âmes en perdition), on y voit des silhouettes menaçantes, on y entend tomber des objets dans la nuit hostile, une méthode simple mais efficace. Comme cette « Marche funèbre » de Chopin qu’on joue à la réunion palladiste. Une scène étonnante justifierait à elle seule de voir le film, démystifiant « Psychose » d’Hitchcock : la scène sous la douche existe déjà, ayant servi de modèle à celle de Marion Crane dans le motel… tandis que Mary prend sa douche dans un appartement sombre, le visage déformé de Mrs Redi apparaît dans la transparence opaque du rideau de douche, menaçant la jeune fille en lui intimant de rentrer chez elle.
Un film étonnant, qui ne ressemble à rien de ce qu’on faisait à l’époque, dit le commentaire de Serge Bromberg en présentant le film qu’il compare à « Rosemary’s baby » 25 ans plus tard… Un hybride entre le film noir et le film d’angoisse, les amateurs des deux genres seront comblés, seul bémol, on reste sur sa faim quant au développement des personnages et des situations, pour une fois, on trouve que le film est nettement trop court…
 
 

DVD Montparnasse éditions, série bleue, qui fête la parution en septembre des dix derniers DVD de la collection RKO avec 10 nouveaux titres dont un Nicholas Ray inédit « Born to be bad », « Voyage sans retour » de John Farrow avec Robert Mitchum, un inédit de Jacques Tourneur « La Vie facile » (après « La Féline et « Angoisse » dans la même collection), un film de guerre avec Michèle Morgan « Jeanne de Paris », etc… On peut d’ailleurs jouer sur le site pour gagner l’intégrale des 100 DVD, un nirvana cinéphile… 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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