« This must be the place », Sean Penn surjouant dans un Sorrentino expatrié, « Drive », le coup de coeur

Pitch

Une ancienne rock star dépressive, enfermée avec son épouse dans un manoir irlandais, doit traverser l'Atlantique pour assister aux obsèques de son père à New York. Sur place, il poursuit la mission paternelle de traquer un ancien nazi.

 

Dernière soirée à Cannes vendredi, dernier doublé de films en compétition, « This must be the place » de l’italien Paolo Sorrentino (« L’Ami de la famille », « El Divo ») et « Drive » du danois Nicolas Winding Refn (« Pusher », « Le Guerrier silencieux »). Du premier, on attendait tout et à la sortie, c’est un Sorrentino expatrié, décoloré, focalisé sur la performance d’acteur de Sean Penn qui surjoue dans le genre « rôle à Oscar » alors qu’on attendait de lui une interprétation intériorisée comme il en a le génie. Mais « Drive » a racheté la soirée, ovationné par le public, ce film pudique et violent sur une BO géniale a transporté le festivalier… au cinéma… L’accès à la projection de « This must be the place » n’a pas été facile, impossible de trouver des places, tout le monde en cherchait, finalement, je passe par le sous-sol du marché du film au pas de course dix minutes avant le début de la séance (pour éviter de faire le grand tour, les barrières installées jusqu’au Majestic)) et tente la file d’accès de dernière minute avec mon Pass, chose incroyable, on nous ouvre la grille, on monte les marches vers la salle Lumière mais on est dérivé ensuite sur la salle Bazin au troisième étage où, encore plus étonnant, le festival a eu la bonne idée de diffuser le film sur un second écran. Ensuite, je descends les marches vers 22h pour les remonter immédiatement pour « Drive », plus confortable car j’ai déjà ma place, ce qui ne m’arrive quasiment jamais, un ticket d’orchestre donné par Orange dans l’après-midi (merci!).« This must be the place » de  Paolo Sorrentino


photo ARP   / sortie 24 aout 2011


On dit à Cannes que Sean Penn président du jury en 2008 aurait soufflé à Paolo Sorrentino à qui il remettait le prix du jury pour « Il Divo » qu’il était intéressé de tourner sous sa direction. Un an plus tard, un scénario sur mesure pour Sean Penn. Est-ce là le problème, cette fascination du réalisateur pour son interprète qu’il filme sans cesse en très gros plan comme un paysage qu’il ne se lasserait pas de contempler?

Deux parties dans le film, l’Irlande, où s’est réfugié l’ancienne rock star Cheyenne (

directement inspiré de Robert Smith, le leader des « Cure ») avec son épouse Jane, capitaine des pompiers du village. Les USA pour un road-movie, quête identitaire, encore un… Cheyenne, quinquagénaire dépressif, usé, a renoncé à chanter après le suicide de deux jeunes fans dont il va régulièrement fleurir la tombe. En cause, ses chansons sinistres qu’il écrivait ainsi pour gagner un maximum de blé, selon ses dires. Aujourd’hui, Cheyenne produit mollement Mary, leur fille adoptive et un certain Desmond. Soudain, son père qu’il n’a pas revu depuis plus de trente ans meurt, Cheyenne est obligé de partir pour New York assister aux obsèques, en transatlantique puisqu’il a peur de l’avion. Apprend que son père a passé sa vie à rechercher un ancien nazi qui l’avait persécuté à Auschwitz. Pas très motivé au départ, la rock star maquillée, empotée, les bras couverts de bracelets, les mains de bagues à chaque doigt, physique à la Alice Cooper, se lance dans un  road-movie avec le pick up d’un tiers. Bien évidemment, c’est lui-même adulte qu’il va trouver au bout du chemin.Grande déception pour l’interprétation de Sean Penn qui prend toute la place (ce qui n’est pas le problème) adoptant la gestuelle et la voix chevrotante d’une vieille dame, ses postures coincées, ses gestes étriqués, avec le tic de souffler sur une mèche de sa perruque, il en fait des tonnes. Où est le génie de l’intériorisation? Cette performance d’acteur taillée pour les Oscar m’a accablée… David Byrne, auteur de This must be the place, a composé la musique du film où il joue son propre rôle.


Sean Penn sur les marches vendredi soir

Sean Penn sur la Croisette :
A Cannes depuis quelques jours, Sean Penn n’avait pas eu envie d’aller à la conférence de presse de « L’Arbre de vie » de Malick dans lequel il joue quelques minutes (après montage) mais avait monté les marches avec Brad Pitt et Angelina Jolie. Hier, il a assisté à la conférence de presse et au photocall de « This must be the place » avec un air bougon, peu loquace. Quand il a monté les marches à la séance de 19h30, il était plus détendu, des femmes fans hurlaient toutes en coeur des « Seannnnn » tonitruants.
 

 
Sean Penn à Cannes/mai 2011 (photos Isabelle Vautier) 


Sean Penn et son fils (photo Isabelle Vautier)

 

« Drive » de Nicolas Winding Refn
(sortie 5 octobre 2011)

  
photo Wild side   / sortie 5 octobre 2011 

Pitch.
Cascadeur le jour, chauffeur pour la mafia la nuit, the driver fait la connaissance d’une jeune femme et de son fils, ses voisins de palier. Pour les protéger, il accepte de conduire un braquage avec son mari qui sort de prison avec des dettes.

Le film aurait dû s’appeler The Driver mais c’était déjà pris (un film américain avec Isabelle Adjani). Débarqué un jour dans un garage, le gérant, Shannon, bluffé par ses talents au volant, devient le manager du driver. Solitaire, mutique, le driver est cascadeur sur des tournages de LA durant le jour, chauffeur pour des truands la nuit. Avec un code de conduite strict : ne pas participer aux casses, s’en tenir à conduire.Un jour, Shannon propose à Bernie Rose, un mafioso notoire, d’investir dans un nouveau véhicule afin que le driver puisse participer à des courses de stock-car où il ne doute pas qu’il sera le meilleur. Rose hésite puis accepte si on met son associé, Nino, dans le coup. Au même moment, le driver qui vient d’emménager, craque pour sa voisine de palier, Irene, et son petit garçon, Benicio. Quelques temps plus tard, le mari d’Irene sort de prison avec une dette vis à vis de voyous qui le tabassent et menaçent de s’en prendre à sa famille. Pour protéger Irene et son fils, le driver accepte de faire un casse avec son mari mais l’affaire est un piège.

Sur une BO assez géniale correspondant aux airs qu’écoute le driver dans sa voiture, le film est sobre, parfois très violent, rythmé, porté par l’interprétation hors norme de Ryan Gosling, sorte de « Samouraï » blond qu’un amour platonique pour sa voisine conduit à mettre en danger une vie règlée au millimètre.

Portrait d’un homme seul, un cow-boy des villes, portrait d’une ville impitoyable, LA, filmée comme un objet de désir. Un prix d’interprétation pour Ryan Gosling serait amplement mérité et on devrait retrouver ce film au palmarès.

 


sortie de la projection de « Drive » vendredi soir, à droite, Thierry Frémeaux et Ryan Gosling
 
Ryan Gosling/ Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling à Cannes/mai 2011 (photos Isabelle Vautier)


Malcom Mc Dowell a donné la Master Class cette année à Cannes vendredi à 14h
La veille, Cannes Classics a programmé la reprise d' »Orange mécanique »

dernière soirée à Cannes… 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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