"Towel head" ("Pureté volée") : interdit aux majeurs
Pitch
Une ado de 13 ans, de père libanais et de mère américaine, est expédiée à Houston chez son père parce-qu'elle plaît trop à son beau-père mais, sur place, son éveil à la sexualité va bouleverser la tranquillité du quartier.
Prise la main de le sac en train de se faire épiler le maillot par son beau-père, sa mère voit rouge et expédie Jasira chez son père qu’elle déteste. Arrivée dans sa nouvelle maison de la banlieue de Houston, Jasira doit essuyer les foudres de son père, un homme qui envisage l’éducation de sa fille à l’ancienne, voire comme dans son pays, lui interdisant de se maquiller ou de s’habiller trop court. Bien qu’il soit chrétien et non musulman, la confusion est totale pour ses voisins américains de souche qui le considérent comme un étranger, voire un allié de l’ennemi, lui-même d’ailleurs, pendant la guerre en Irak, est ambivalent, à la fois pour et contre Saddam Hussein selon qu’il ait un point de vue arabe ou américain. Le sujet du film est double : l’éveil à la sexualité d’une enfant et le racisme ordinaire aux USA (« Towelhead » est une injure qui signifie « bougnoule »), Jasira étant doublement l’étrangère pour un adulte mâle américain.
Ce qui dérange dans ce film, c’est qu’il ne fait pas impasse, bien au contraire, sur la dimension du plaisir chez une adolescente, voire une enfant, fut-elle considérée comme victime, car on pourra discuter longtemps pour savoir si Jasira est une enfant ou une femme du point de vue physiologique, une enfant aux désirs de femme pour le moins. Quoiqu’il en soit, le personnage de Toni Colette donne le point de vue de l’auteur, que l’enfant, l’ado, ait du plaisir ou pas, l’adulte commet un crime en ayant une relation sexuelle avec un mineur de moins de 16 ans, qu’il soit consentant ou non, c’est la loi et c’est la démonstration du film.
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photo TFM distribution
Pour illustrer ce parti pris d’une sexualité faisant la loi de la nature dans un univers trop civilisé, s’éveillant chez l’enfant, sommeillant chez les adultes, le réalisateur filme longuement les corps, la chair, le sang, les parties du corps, l’arrivée des menstruations, la perte de la virginité, d’où de nombreuses scènes dans les toilettes mais existe-t-il encore un film aujourd’hui, soit dit en passant, sans un plan sur une cuvette de WC pour faire vrai?
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Comme d’habitude, le thème de la victime qui serait le bourreau de son bourreau en lui inspirant d’incontrôlables pulsions est à l’affiche : on en arrive à plaindre le voisin… d’autant qu’il est interprêté par le séduisant Aaron Eckhart (habilement ici en semi contre-emploi, avec une géniale ambiguité dans le regard), qui, face à cette bombe latine lui parlant de ses orgasmes, lisant ses magazines X et lui demandant pourquoi il emporte des préservatifs dans son sac de l’armée, suscite une indulgence du spectateur envers les moments d’égarrement de ce voisin dont on devine qu’il n’est pas plus pédophile qu’heureux en ménage, un homme faible ni monstrueux ni héroïque… C’est là où le film est pervers et habile, ébranlant les certitudes morales en montrant un cas pratique extrême, Jasira symbolisant la tentation absolue pour un homme… Le couple de bobos (Melina = Toni Collette), représentant la loi, est là pour le rappeler, quelque soit la tentation(même le Bobo aura un bref regard concupiscent pour Jasira), quelle que soit le pouvoir de séduction de la tentatrice, un adulte doit poser les limites à un mineur.
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Notre note
(4 / 5)
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