« Le Saint à New-York » et « Le Saint contre-attaque » : les précurseurs de la série culte à la RKO, fin des années 30

DVD 1
« Le Saint à New York » (« The Saint in New York ») (1938)
de Ben Holmes, avec Louis Hayward
Pitch.
L’assassinat d’un Lieutenant de police, qui enquêtait sur le racket à New York, provoque la création d’un comité de lutte ontre le crime. Désemparé, sur les conseils de l’inspecteur Fernack, le comité accepte de faire appel à Simon Templar, dit Le Saint, afin d’éradiquer la corruption qui gangrène la ville.
photo éditions Montparnasse
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Le Saint est un Robin des bois revu façon polar, un justicier qui tue les criminels avec leurs méthodes, jamais pour le profit mais pour une morale du bien qui lui est propre. Quand l’inspecteur Fernack part à la rechercher du Saint, il s’est évadé de prison en Allemagne et mène une révolution en Amérique du sud…
Arrivé à New-York, Le Saint commence par descendre un truand qu’on venait de relaxer soit-disant sans preuves à cause de la corruption gangrénant la ville… D’un caïd à l’autre, le Saint, méthodique (il a fait une liste des truands à abattre), comprend rapidement qu’un cerveau dirige le crime : « Le Grand » dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vu, personne sauf Fay Edwards, une femme fatale vénéneuse qui va sauver plusieurs fois le Saint, en lui fournissant un revolver dans le noir, par exemple. Pourquoi… Fay n’en sait rien… à la fin du film, elle dit d’elle-même qu’elle est une femme étrange… Si le Saint a une morale du bien, de défendre la ville de la corruption et du crime, Fay a une morale amorale de la sympathie, de l’amour, elle aide les gens qui lui plaisent et il semble qu’elle soit amoureuse du Saint qui le lui rend bien ou que les deux tentent d’y croire pour s’évader…
Film noir avec une succession de règlements de compte mais peu d’action en fait malgré les coups de feu, quasiment pas de musique, beaucoup de dialogues. Films d’hommes se trahissant les uns les autres, violent, pessimiste, le mal est partout, les protagonistes américains n’en sont que des figures, après l’Europe, New York, le Saint s’envole pour Rio, son combat est sans fin… L’acteur Louis Hayward joue sur sa présence physique, animale, on est loin du gentleman et plutôt du côté du « privé » des films noirs, il sera remplacé ensuite par George Sanders.
« Le Saint contre-attaque » (« The Saint Strikes Back ») (1939)
De John Farrow, avec George Sanders
A San Francisco, le policier Travers, soupçonné dêtre lié à la pègre, a été assassiné. Suspectant le Saint dêtre mêlé à cette affaire, la police confie l’enquête à l’homme qui connaît le mieux le Saint et ses méthodes pour avoir travaillé avec lui à New York : l’inspecteur Fernack.
Le soir du réveillon, un homme est abattu dans un club sélect de San Franciso par celui qu’il comptait abattre… Une blonde autoritaire se précipite aussitôt vers la sortie où elle est sauvée par Le Saint qui la fait passer pour son épouse auprès de la police. Il s’agit de Val Travers, sorte de caïd au féminin, qui mène une guerre sans merci à la police et aux gangs pour trouver l’assassin de son père, policier ripou. Dans les heures qui suivent, le Saint tente de la charmer. Pendant ce temps, la police décide de faire venir l’inspecteur Fernack de New York qui est le seul à connaître le Saint pour avoir travaillé avec lui dans une autre affaire (le film précédent « Le Saint à New York »).
Bien que le schéma soit le même que dans « Le Saint à New York » : un triangle composé du Saint, de l’inspecteur Fernack et d’une femme fatale, beaucoup de choses ont changé. D’abord, la présence d’une BO quasiment absente dans le film précédent. Ensuite, l’interprète du Saint, George Sanders a remplacé Louis Hayward. Enfin, le ton est plus léger, le Saint se comporte un peu comme Sean Connery dans les premiers James Bond, flegmatique, moqueur, second degré quand Louis Hayward était physique, sérieux, premier degré. Les rapports entre le Saint et l’inspecteur Fernack sont souvent drôles, par exemple, le régime alimentaire imposé par l’épouse que le Saint a trouvé dans la valise de Fernack et qu’il applique malicieusement à la lettre. On va même tenter une scène d’hallucinations sur le mode fun, où Fernack ayant exigé de manger du homard, tombe dans un coma peuplé de crustacés qui défilent sur l’écran. D’ailleurs, Fernack ne fait plus grand chose que d’être mené en bateau par le Saint comme dans l’avion où, partageant sa cabine avec le Saint, il descend téléphoner en robe de chambre à une escale le croyant enfui tandis que l’avion repart sans lui… On a créé un tandem complémentaire qui offre de multiples possibilités de moments d’affrontement, d’humour, de sympathie, etc… : le justicier débonnaire aux méthodes de voyou et le policier anxieux tentant de lui rappeler la loi.
Pour autant, le sujet est à peu près le même que dans le premier film, police, corruption et maffia où le coupable n’en a pas l’air, où les sâles boulots sont exécutés par des sous-fifres qui se prenent pour des caïds. Ce qui est moderne, c’est de transformer la femme fatale en chef donnant des ordres aux maffieux, plus masculine que féminine malgré son physique avantageux de blonde platine glacée, n’usant pas de ruses et mensonges pour arriver à ses fins : venger l’honneur d’un homme, son père quitte à devenir hors la loi. Nettement plus fluide et abouti que le premier « Le Saint à New York », maniant la dérision sans soustraire l’action, je préfère et l’ambiance et le personnage du Saint par Sanders, très cool.
DVD2 : « Le Saint à Londres » et « Simon Templar face au Saint »
DVD3 : « Le Saint reprend du service » et « Le Saint à Palm springs »
DVD4 : « Pas de vacances pour le Saint » et « Le Saint face au tigre »
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