Noémie dit oui : Le Piège
Pitch
Noémie s’échappe d’un centre d’accueil pour ados en difficulté pour rejoindre une amie à Montréal…
Notes
Noémie, 15 ans, végète dans un centre d’accueil pour adolescents à problèmes. Après une période probatoire, le centre donne son aval pour que Noémie retourne vivre avec sa mère. Et, là, c’est l’horreur, sa mère se rétracte, elle ne veut pas que sa fille vienne la déranger dans ses relations avec son nouveau mec ; présentée comme une femme éteinte et dépressive, qui doits sans doute traîner également un passé trop lourd, elle est, de toute façon, incapable de s’occuper de sa fille ni de qui que ce soit.
Il reste cependant un espoir à Noémie : Sa photo avec Lena, ancienne pensionnaire du centre. Elle l’appelle et s’échappe. Passée la joie des retrouvailles des deux adolescentes, Noémie atterrit dans un appartement en désordre, où on dira qu’on y fait la fête. Lena, que Noémie découvre blonde et ongles longs manucurés, lui raconte qu’elle est escort-girl, euphémisme pour lui dire qu’elle se prostitue pour un mac.
Le Grand Prix de Montréal se profilant, Lena enjoint Noémie de faire l’escort avec elle. Une demande que vient de lui faire Zach, un bellâtre (rencontré dans cet appartement où il y a du fun, comme on le dit de tout) qui n’a pas la tête de l’emploi du proxénète, plutôt gentil et tendre. Noémie craque et dit oui pour Montréal. Pour se «roder», Zach lui demande de coucher avec un premier client. Noémie est écœurée.
Le film est traité de manière réaliste mais clinique, avec beaucoup de scènes hors champ ; la réalisatrice filme les journées d’abattage que sont ces trois jours à Montréal en ne montrant quasiment rien des corps des clients, en insistant sur leur banalité, des types comme les autres, en évitant toute scène érotique et l’expression de tout désir ou tout plaisir ; une porte s’ouvre, une porte se ferme, un type paye, dit quelques mots, Noémie est souvent à bout de forces et de dégoût mais, ils ont payé et, pour eux, elle n’existe pas. Le bruit des moteurs des voitures de courses est audible pour Noémie, enfermée dans une chambre d’hôtel, d’autant que certains clients veulent allumer pour voir aussi la course de F1. Effet astucieux de mise en scène, un compteur tourne sur l’écran pour rythmer la descente de Noémie.
Le film est difficile à voir. Moralement parlant. Le spectateur en empathie totale avec ces adolescentes, sans famille ou indignes de ce nom, contraintes à la prostitution par les circonstances, par l’utopie d’échapper à leur condition, proies de proxénètes de plus en plus jeunes qui n’ont aucun mal à les séduire tant leur carence affective est profonde.
❤️Noémie dit oui (Geneviève Albert, 2023), 1er long-métrage d’une réalisatrice Québécoise, primé @FFAngouleme, est un choc ordinaire ; placée dans un centre par une mère inapte, Noémie s’échappe pour rejoindre une amie… Un film âpre et clinique sur les mécanismes de la… pic.twitter.com/kDcGzRzGaH
— Cinémaniac / CNM (@Cine_maniac) April 4, 2023
Et aussi
C’est le premier long-métrage de la réalisatrice Québécoise Geneviève Gilbert. Elle frappe fort. Là où ça fait mal. Familles défaillantes, jeunes requins aux abois pour les sacrifier (en banalisant : C’est que du cul, après tout!) afin de s’offrir des fringues de marque. Une société de l’hyperconsumérisme des corps, devenus des objets, des objets de luxe convoités devenus des signes identitaires d’avoir «réussi sa vie», l’alcool, les drogues pour le fun. Tout est considéré comme «fun» sans aucun échelle de valeurs : Le sexe, le fric, les drogues, les sorties entre copains, etc.
Le genre de film qui vous oblige à une prise de conscience. Ce n’est pas un argument cinéphilique, je sais, mais certains sujets génèrent un sursaut, une colère… Une claque dans une somnolence, une indifférence généralisées. Un film à voir en priorité.
Diffusion
WAYNA PITCH
Sortie en salles 26 avril 2023
AP dès le 9 avril 2024
Bande annonce
Notre note
(5 / 5)
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