Ouverture du Panorama du cinéma chinois avec « Héros de guerre » et « Knitting » sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs



La longue partie brillante du film se passe sur le terrain au coeur de la guerre : 1948, durant la guerre civile chinoise, le capitaine Gu Zidi (Zhang Hanyu) commande au sein de la 9° compagnie de l’armée populaire une unité de 46 hommes. Envoyé en mission pour défendre la rive sud de la rivière Wen avec ordre de combattre jusqu’à la sonnerie du clairon du ralliement, Gu Zidi en reviendra seul, tous ses hommes morts sur le champ de bataille. Sur place, peu d’entre eux avaient entendu sonner le clairon du ralliement, surtout pas Gu qui venait d’être blessé au tympan, devenu à demi-sourd. Pendant les années qui suivront, Gu Zidi n’aura de cesse de retrouver les corps ensevelis de ses soldats et de résoudre cette question qui le mine : le clairon avait-il sonné sans qu’il l’ait entendu et aurait-il pu alors épargner la vie de certains de ses hommes?

J’ai rarement vu des scènes de guerre aussi bluffantes : le réalisme, le rythme, le son, des explosions, des canons, des tirs, laissant à peine la place à quelques échanges verbaux en surimpression sonore, les attaques d’une cruauté assumée, on est totalement immergé dans l’action, comme aux avant-postes, l’écran semble exploser, vasciller, s’enflammer avec ponctuellement un montage zapping syncopé à point nommé (sans en abuser comme dans la plupart des derniers films US). Les images sont grandioses : filmées en couleur mais qu’on dirait en noir et blanc, noir des corps et des visages barbouillés et blanc de la neige, teintées du beige kaki passé des uniformes, parfois des reflets jaune rougeoyants des flammes. On aurait pu en finir ici. Ensuite, en 1952, Gu Zidi, qu’on prend pour un ennemi nationaliste ou un fou, est renvoyé sur le front de Corée où il sauve la vie d’un jeune gradé qui deviendra ensuite son fils adoptif. Plus tard et encore plus tard, de plus en plus diminué et vieilli, Gu Zidi poursuivra sa quête de vérité et de reconnaissance, pour lui et les soldats de son unité ; mais ce dernier tiers du film, dont on comprend que ce dernier combat de Gu Zidi en temps de paix dans l’indifférence générale le démolit autant que la guerre, adopte un ton répétitif, dilué, sentimental, semblant vouloir consoler le spectateur des horreurs de la guerre plus que son héros, tentant de panser les plaies, de réécrire indéfiniment l’histoire. Dommage! Au bout d’une heure et demi, on frôlait le chef d’oeuvre, au bout de plus de 2 heures, on attend le générique…
« Knitting » de Yin Lichuan

L’objet du désir, de la jalousie des deux femmes, est bien évidemment le beau Chen Yin qui semble bizzarrement plus touché par la gaucherie de Daping, dont il estime qu’elle a besoin de lui (ce qui la valorise), que par la séduction de Haili, sans scrupules, qui est un peu son double. Pourtant, Haili va entraîner Chen Yin dans une escroquerie de contrebande de vinaigre qui tournera mal. Enceinte une première fois, Daping, qui a des idées simples, s’était laissé tomber du mini-bus, provoquant une fausse-couche souhaitée. Enceinte une seconde fois, elle se voit abandonnée par Chen Yin qui a pris la fuite à cause de ses combines ratées… Mais, tout comme Daping avait finalement soignée Haili très malade quand Chen Yin voulait la mettre à la porte, c’est cette dernière qui lui tendra la main quand elle se jetera à nouveau dans un trou pour avorter, cette fois-là sans succès.

Programme et horaires du 3 au 10 décembre 2008 sur le site officiel…
Programme : lire aussi mon précédent billet…
Mots clés: AP, CinéFestival, cinéma asiatique, Feng Xiaogang, Héros de guerre, Knitting, Panorama cinéma chinois 2008, Yin Lichuan
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Posted by:
Camille Marty-MussoThis site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.
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