Soirée André Dussolier sur 13ième Rue, deux polars noirs : « Scènes de crimes » et « Cortex »
Pitch
Deux flics au bout du rouleau interprétés par André Dussolier, le premier bascule lors de la traque d'un serial killer qui détruit sa santé et sa vie de famille, le second, atteint de la maladie d'Alzheimer, enquête dans une clinique, entre réalité, amnésie et paranoïa.


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photo Rezo films
Hormis la scène du début, le film est ultra-réaliste, quasi-documentaire dans son approche des mécanismes intimes et quotidiens de la recherche d’un coupable, longues scènes d’autopsie, repêchage de cadavres, examens toxicologiques, on suit en immersion la procédure médico-légale et judiciaire de recherche d’un serial killer. Le tandem André Dussolier, flic à bout de souffle, porté sur la bouteille, que son épouse vient de quitter, sa fille partie habiter en ville, et Charles Berling, plus jeune, dont la femme est enceinte, seul personnage ayant un avenir, est assez convaincant. Oeuvre atypique où la dimension humaine, ce qu’encaissent les enquêteurs, les parents des disparus, victimes collatérales du tueur, est le vrai sujet, où l’identité du serial killer n’a, au fond, pas grande importance.
photo Wild Bunch distribution
« Cortex ». Autrefois le surnom de Charles Boyer (André Dussolier), ancien flic à la retraite depuis trois ans, qui intègre, à sa demande, une clinique spécialisée dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Bien que sa mémoire défaille, Charles Boyer a l’impression que la mort de certains patients de l’établissement « La Résidence » n’est pas naturelle. Une impression renforcée par l’annonce de la mort de Carole (Marthe Keller), une pensionnaire de qui il s’était rapproché, passé la nuit dans une chambre qu’il va retrouver vidée de son contenu le lendemain matin. Et surtout, un détail l’obsède : qui a éteint la veilleuse de la chambre de Carole? Car tous les soirs, après avoir donné leurs somnifères aux patients, les infirmières allument dans leurs chambres une veilleuse mauve, ce qui donne des images lugubres de Charles réveillé, ayant recraché ses comprimés, soucieux, angoissé, son visage hagard baignant dans une lumière violette.
Entre amnésie, paranoïa et certitudes, Charles Boyer démarre son enquête dans les dédales de « La Résidence », notant ses réminiscences soudaines sur un cahier pour ne pas oublier de s’en souvenir plus tard. De par sa configuration d’espaces clos avec des portes grillagées, des codes d’entrée, des sous-sols mystérieux, un bâtiment C interdit aux patients, les lieux fermés et labyrinthiques sont anxiogènes, de fait. Le réalisateur en rajoute dans l’angoisse en filmant le ressenti des lieux et des micro-événements depuis l’angle d’approche mentale de Charles Boyer, sexagénaire perdu dans sa tête, tâtonnant pour retrouver et son chemin et sa mémoire perdue.
Outre l’interprétation poignante d’André Dussolier, un excellent casting avec Marthe Keller, Aurore Clément, Claire Nebout, Julien Boisselier, Pascal Elbé, les détails de la pathologie d’Alzheimer sont finement observés comme ce jeu de défense des patients qui prétendent avoir oublié quand le personnel leur pose une question qui les dérange ; ou cette perte de contrôle qui rend certains malades violents par crises comme s’ils avaient oublié le temps d’une dispute d’être ces êtres humains civilisés et polissés pour vivre en société. En parallèle, la vie des soignants, enfermés eux aussi en huis-clos, avec leurs rivalités et leurs doléances, leur indifférence apparente ou véritable du sort des patients comme cette lutte sournoise entre deux femmes pour obtenir le poste d’infirmière en chef.

photo Canal Sat
Diffusion : 13ième Rue le dimanche 19 février à 20h45 (« Cortex ») et 22h35 (« Scènes de crimes »)
publié également sur CanalSat/Paroles d’experts…
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