« A Touch of zen » : un OCNI* culte qui se mérite

focus film King Hu, 1971, reprise 29 juillet 2015

Pitch

Un vieux garçon vit avec sa mère qui désespère de le voir marié. Quand s'installe une jeune fille dans la maison voisine, la mère se réjouit mais la situation est beaucoup plus complexe qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

Notes

Septième film d’un cinéaste qui évoluera entre la Chine continentale, Taiwan et Hong Kong, et dont la carrière s’étendra de 1964 à 1993, « A touch of zen » est généralement présenté comme le chef d’œuvre de King Hu qu’il réalise en 1971. Ce dernier s’est taillé une réputation exemplaire parmi les productions type kung fu, avec une forte part de combats sans négliger d’autres aspects plus spirituels, voire philosophiques. Pour être précis, ici, il s’agit, en fait, du genre « wuxia », films de sabre, différents du kung-fu, combat à mains nues.
Trois heures de film, l’histoire construite en trois chapitres relativement bien séparés, débutant avec une longue présentation des protagonistes et des relations qui les lient, puis, une seconde partie aventureuse peuplée de multiples combats (comme on les espère de films de ce genre), et une troisième partie à nettement plus lente et surtout plus ésotérique faisant la part belle à des thèmes plus spirituels.

Outre ce découpage très marqué, l’histoire conte la rencontre d’un vieux garçon, vivant avec sa mère, peintre de village et écrivain public, avec une jeune fille venue s’installer près de chez eux dans une bâtisse faisant partie d’un vieux fort abandonné et supposé hanté. La mère voulant marier son fils, y voit alors une occasion inespérée. Mais les choses sont plus compliquées car cette rencontre met en scène une foule de personnages, d’une part, deux hommes veillant discrètement sur la jeune fille, d’autre part, un étranger à la poursuite de cette dernière s’avérant être la fille d’un dignitaire tombé en disgrâce et supplicié (le pouvoir cherche à la tuer mais des amis de feu son père tentent de la protéger). Le peintre se prend d’affection pour la jeune fille et se joint alors à la petite troupe qui va prendre la fuite devant les poursuivants.

La suite de l’histoire est quelque peu confuse mais narre longuement cette fuite au cours de laquelle les talents combattants de la jeune fille et de ses deux gardes, puis l’apprentissage jusqu’à l’expertise du peintre dans le maniement du sabre, se développent largement ; tout cela conduisant les protagonistes à proximité d’un monastère où la jeune fille trouve le soutien de moines experts en arts martiaux mêlés d’une bonne dose de pouvoirs surnaturels. La troisième partie raconte la confrontation finale entre les deux partis dans une ambiance non seulement d’aventure physique mais également d’aventure intérieure philosophique au contact de la spiritualité des moines.

 

Et aussi

[caption id="attachment_11616" align="aligncenter" width="385"]photos CARLOTTA photos CARLOTTA[/caption] Au visionnage, quarante ans après sa sortie, de cet OCNI* (Objet cinéma non identifié) qu’est « A touch of zen », pourquoi cette sensation d’étrangeté et d’étonnement? Est-ce imputable au décalage culturel, temporel, ou simplement à l’inexpérience des films de genre de ce genre ? Si l’on peut s’appuyer sur la modeste expérience que peut représenter le souvenir du "Secret des poignards volants", il y a indiscutablement une parenté, tant dans la façon dont les combats sont scénarisés, chorégraphiés, parsemés d’envolées au premier sens du terme, que dans un entremêlement au service d'une forme de féerie très particulière. Il y a néanmoins dans "Les poignards volants" une qualité cinématographique proche du goût européen moderne et bien éloignée du caractère ostensiblement théâtral du film de 1971. Si l’on peut faire référence (aussi) sur ce qu’ont été les westerns italiens des années 70, il y a une étonnante parenté, visible notamment dans le sur-jeu outrancier des acteurs, les gros plans zoomés et le rythme atypique, les mouvements étranges de caméra, les décors de carton-pâte, les effets apparemment faciles sur la luminosité de l’image. Mais il faut bien avouer que nombre de films d’auteurs des années 70 sont baignés dans ces lenteurs, ces effets de lumière, ces angles de prise de vue improbables, ces zooms, ayant marqué toute une époque au cinéma. S'agissant d'un cinéma asiatique d'hier fortement typé, il faut bien admettre qu’il s'agit souvent d'une école particulière de narration et de réalisation dans laquelle le néophyte a du mal à s'immerger (indépendamment du genre du film auquel on peut ou pas adhérer). Le résultat reste au final l’incompréhension : tient-elle à la différence culturelle, à l’âge du film, à son sujet lui-même ? Peut-être la réponse tient-elle davantage dans le nombre de visionnages qu’il a fallu au modeste mais persévérant auteur de cet article pour atteindre la fin du film, régulièrement vaincu par une insurmontable somnolence(...), et dans le nombre de jours qu’il aura fallu consacrer à cet exercice pour atteindre la fin du film.   image "DRAGON INN" (sortie 5 aout 2015)   "Dragon inn" réalisé par le même King Hu en 1967, sera repris sur les écrans le 12 août 2015, sans doute plus simple dans sa narration et moins long,  le film fut, à sa sortie un plus grand succès commercial que "A Touch of zen". Ce dernier a été néanmoins le premier film d'art martiaux présenté au festival de Cannes, en 1975.

Notre note

2.5 out of 5 stars (2,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

1 Comment

  1. Fannie -  6 août 2016 - 2 h 49 min

    Clear, inofvmatire, simple. Could I send you some e-hugs?

    Répondre

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