« Australia » : gone with the bush

Baz Luhrmann, sortie 24 décembre 2008

Pitch

Soupçonnant à distance son époux d'infidélité, Lady Sarah Ashley, débarque de son salon de Londres dans le bush australien, se rendant compte que son mari vient d'être tué et que leur ranch est au bord de la faillite.

 
Malgré la joie pionnière de découvrir ce matin « Australia » en avant-projection à l’UGC Normandie sur les Champs Elysées, l’enthousiasme s’est grippé dès les premières images du film, c’est malheureux à dire mais on a souvent une sorte d’appréciation instinctive, irrationnelle, après le générique, un peu comme quand on goûte un plat, en deux mots, si on n’est pas séduit dès les premières minutes, il y a peu de chances que l’impression générale s’inverse, quoiqu’avec presque trois heures de film, ça ouvre des possibilités…On attendait le nouvel « Autant en emporte le vent » (dont je suis une inconditionnelle), on a effectivement en théorie un projet similaire , un « Autant en emporte le vent » matiné de « Out of Africa », c’est sans doute ce à quoi le réalisateur, les scénaristes ont voulu tendre : un film dans la grande tradition Hollywoodienne avec une superbe histoire d’amour sur fond d’histoire tout court : dans « Australia », qui se passe à la fin des années 30 avec  le spectre de la future seconde guerre mondiale, on aborde la condition des arborigènes en Australie, tout comme dans  « Autant en emporte le vent » l’avant et l’après la guerre de Sécession avec l’abrogation de l’esclavage. De manière plus engagée en fait dans « Australia » avec le personnage central de Nullah, un jeune métis, fils d’une arborigène et d’un blanc, qui fait partie de ce qu’on appelle « la génération volée » (dans l’Australie ségrégationniste de l’époque, on envoyait les jeunes métis dans des missions catholiques pour les « récupérer », les arrachant ainsi à leur famille, leur culture).
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photo Twentieth Century Fox

A la fois narrateur (
voix off fluette durant des pans entiers du film), révélateur de la magie australienne, fédérateur pour Sarah, l’aristocrate, et le Drover, le paria, Nullah (son acteur de 11 ans), que l’on voit de la première à la dernière image du film, peut et va (à mon avis) diviser les spectateurs : soit on se laisse prendre par le petit garçon, la petite voix, les bons sentiments, le grand-père sorcier, le développement tardif du sentiment maternel, les images tape à l’oeil du départ (des flous, des ralentis, des images dans l’eau, des soleils rouges, etc…), soit, au contraire, on est agacé par ce côté raccoleur d’entrée…  Bien qu’après les quelques fantaisies du début, ça s’arrange, d’autant mieux que les paysages sublimes sont tellement photogéniques que ça saute aux yeux qu’il n’est pas utile d’en faire plus que de les montrer dans leur immensité désertique et arride. La propriété de Faraday Downs est située dans l’extrême nord de l’Australie, c’est l’outland, terre inhospitalière, impitoyable, peu habitée par une population cosmopolite, un hybride entre le far-west et l’Afrique sauvage. Avec ces paysages d’une beauté stupéfiante et violente se suffisant largement à elle-même, le réalisateur intuite, sans y parvenir qu’alternativement, qu’il faut faire simple (ce qui va à l’encontre de son tempérament et donne au final un film mixant, alternant plusieurs styles). Le récit prend également appui sur le drame du bombardement japonais de la ville de Darwin après celui de Pearl Harbor, ce qui va constituer la charnière et le départ de la seconde partie du film quand on avait déjà mérité amplement le premier happy end… 


photo Twentieth Century Fox

Pour la première partie, une aristocrate anglaise, Lady Sarah Ashley, soupçonnant son mari d’élever plus que des vaches en Australie, se décide à aller le surprendre sur place. Quand elle arrive dans leur domaine de Faraday Downs, son mari vient d’être assassiné d’une flèche l’ayant précipité à cheval dans la rivière, Sarah Ashley est veuve. Soupçonnant avec raison le contremaître Neil Fletcher de travailler en douce pour le compte de l’éleveur concurrent King Carney afin que ce dernier rachète leur domaine à bas prix, Lady Ashley le vire. Comment dans ces conditions amener leur troupeau en ville pour le vendre à l’armée? Comment aussi arriver avant l’autre troupeau de Carney mené par Fletcher? L’homme providentiel, qui va les y conduire (le drover, le driver), est déjà sur la place, Lord Ashley l’avait envoyé accueillir son épouse à son arrivée et l’on avait découvert Hugh Jackman/the Drover en pleine bagarre western dans un saloon. Réunissant tout ce que compte l’exploitation de bonnes volontés, un comptable ivrogne, le jeune Nullah, sa mère, etc… Lady Sarah Ashley va conduire le troupeau sous les ordres du Drover dont elle tombe amoureuse chemin faisant (un peu Scarlett sur le chemin de Tara question fatigue, cheveux décoiffés, peau hâlée et chemisier blanc terreux de Nicole Kidman). Comme ils sont sages les baisers échangés par Nicole Kidman et Hugh Jackman dont on peine à les appeler autrement tant leurs personnages, studieusement, interprétés, sont désincarnés, désensualisés. Comme il est beau et lisse, avec ce regard de braise de studio Harcourt, ce Drover photographié en gros plan ou tout en muscles, ayant « tombé la chemise », comme un top model sur un calendrier, l’arrivée au bal de Hugh Jackman, métamorphosé en play-boy gominé à veste blanche, déclenche plus l’hilarité que le désir (bien que la scène avec baiser sous la pluie dans la foulée soit nettement meilleure, l’eau de pluie et la nuit palliant l’absence de la moiteur, la sueur des corps et la poussière du bush, on pense à un film comme « Les Orgueilleux »*** transmettant cette impression d’une moiteur, d’une chaleur torride).
 

*** « Les Orgueilleux » (1953) d’Yves Allegret avec Michèle Morgan et Gérard Philippe.

photo Twentieth Century Fox

Hormis le bombardement de Darwin, ville du « Top end », la partie la plus au nord du territoire nord, détruite presque en totalité, fait historique vrai ignoré en dehors de l’Australie, qui amorce la seconde partie du film, avec le bombardement de l’île abitant la mission catholique qui a été inventé mais se fond parfaitement au propos, à part ce fait majeur, il est vrai, assez émouvant et crédible, on se se serait passé de la seconde partie du film. Après,  c’est sans fin, on y serait encore… on dirait qu’on recommence le film, vite un café!
Si le sujet est potentiellement riche, la défense des arborigènes, l’amour viscéral de la terre australienne, le bombardement de Darwin par  deux fois plus d’avions que sur Pearl Harbor, avec en parallèle, l’évolution d’une lady anglaise guindée, emmurée dans des principes et des rituels so british, qui, dans l’adversité, va se révéler à elle-même et se mettre à aimer un homme, un enfant qui font un pays qu’elle ne « voyait » pas,  le récit dilué et interminable semble tout de même un prétexte à « faire de l’image » (on a très souvent la sensation de l’image pour l’image), l’histoire d’amour de la  mise en stars (australiennes). On tremble plus pour les vaches au bord de la falaise que pour les protagonistes qui meurent d’ailleurs très peu… Possible qu’il faille le voir comme un conte de fée ou une parodie de film Hollywoodien, personnellement, je n’ai pas trouvé l’entrée. Pour être tout à fait honnête, si Nicole Kidman est glacée (sans feu sous la glace), même par 38° à l’ombre, Hugh Jackman, même en cow-boy sophistiqué, est superbe,  ça permet de vérifier le bien-fondé de sa promotion de l’acteur le plus séduisant de la planète (à ce que j’ai lu), c’est déjà ça… 

Plus d’infos sur ce film

 

site officiel du film… 

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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