Canicule sur #USDeauville2023

Pitch

Retour sur la 49ème édition du Festival du film américain de Deauville ; impressions.

Notes

Malheureusement, à cause de soucis personnels et familiaux, je n’ai pas pu assister de façon traditionnelle (assidue) au dernier festival de Deauville. Mais les séances de rattrapage (le dernier WE) des films en compétition m’ont grandement aidée…

À noter que je n’étais pas la seule à sécher les cours, car, pour cause de grève des scénaristes (depuis le 3 mai) et des acteurs (mi-juillet), la plupart des stars US n’avaient pas pu faire le déplacement (Natalie Portman, Jude Law, etc.) On y reviendra car la grève s’éternise et on ne voit pas comment ça pourrait s’arranger avec le développement en marche de l’IA…

Ainsi, j’ai pu voir in extremis le film en compétition, Laroy, qui a raflé trois prix : Le Grand prix, le Prix de la critique et le Prix du public. Je sortais d’un film assez génial (au cinéma Le Morny), Manodrome* (zéro prix), quand j’ai vu le palmarès en ligne… J’ai alors changé mon programme à la dernière minute pour voir le film triplement primé (au cinéma du Casino), qui, au départ, ne me tentait pas trop : LaRoy, quelle déception! Une parodie de western, étiquetée comédie policière, grande farce surjouée, non dénuée de quelques pics de vulgarité, nourrie par des rebondissements en chaîne (ça lui donne un rythme). Le prix spécial du jury a été décerné à Fremont, un petit film en noir et blanc, en format carré, drôle, émouvant, une histoire simple.

LaRoy

Fremont

Date de sortie LaRoy : avril 2024 (à préciser)

Date de sortie Fremont : 6 décembre 2023

* Manodrome (John Trengove, 2023) (photo en haut de l’article)

Quelques mots sur ce film boudé (par le jury de G. Canet) qui doit sans doute beaucoup à l’exceptionnelle interprétation de Jesse Eisenberg et celle d’Adrien Brody.

Un homme de 25 ans, Ralphie, chauffeur de VTC, déjà usé par les recherches de boulot et d’argent pour survivre, futur père d’un enfant à naître, jamais respecté ni par ses clients ni par sa compagne, est encouragé par un copain de sa salle de musculation à rejoindre un curieux groupe d’hommes en mal de repères, sous la houlette de Dan, une sorte de gourou bienveillant (Adrien Brody). On lui apprend à se faire respecter, à retrouver sa dignité «entre hommes» s’étant débarrassé des femmes, et, bientôt, il est adoubé par le groupe.

Mais la névrose intense de Ralphie n’est pas atténuée par cette thérapie de groupe (un peu, au début) mais augmentée par la libération du souvenir des traumatismes ; car arrive un moment où, ne contrôlant plus rien, ne se contrôlant plus, il explose. Abandonné par son père à l’âge de 5 ans, négligeant sa compagne, elle-même ayant eu une enfance pourrie, submergé par la perspective de la naissance de leur enfant, l’appartenance au groupe de Dan libère en lui des pulsions incoercibles jusqu’au passage à l’acte dramatique (déclenché par un catalyseur bien précis mais je ne veux pas spoiler).

Jesse Eisenberg, cheveux roux, larmes contenues, est poignant dans ce film très sombre et violent, sans espoir de retour. Dès les premières images, on comprend qu’on va le suivre en empathie dans son inévitable descente aux enfers. (Ce film était également sélectionné en compétition à Berlin).
Date de sortie en France non connue.

Une semaine Deauvillaise caniculaire en septembre, tronquée (pas pu assister à l’ouverture) mais pavée de grandes AP dans la grande salle du CID, la plupart ayant été présentées à Cannes en mai 2023, hormis She came to me de Jessica Miller, comédie sociétale BoBo sur-scénarisée mais assez drôle. Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki, je savais combien j’aimerais et ce fut encore mieux que ça. L’Enlèvement de Marco Bellocchio, un film historique assez boursoufflé, un peu trop tout, mais du bel ouvrage. The Zone of interest de Jonathan Glazer, soit le film que j’attendais le plus, chef-d’œuvre glaçant (je développerai plus tard). May december de Todd Haynes ou je me suis assoupie (comme j’avais dormi seulement 3 heures, j’ai pensé, la fatigue…) sauf qu’ensuite, tous les gens que j’ai rencontrés qui l’avaient vu s’étaient endormis de fatigue aussi..

Les Feuilles mortes

The Zone of interest

May December

Date de sortie Les Feuilles mortes : 20 septembre 2023

Date de sortie The Zone of interest : 31 janvier 2024

Date de sortie May December : 24 janvier 2024

Côté documentaires, en arrivant le dimanche soir, je suis allée voir le documentaire sur le photographe et cinéaste Jerry Scharzberg. Réalisateur des trois films cultes : Portrait d’une enfant déchue (1970) avec Faye Dunaway, inspiré de la vie chaotique de son modèle préféré, Panique à Neddle Park (1971) avec Al Pacino, tableau très réaliste d’un couple addict aux drogues dures, enfin, l’Epouvantail avec Gene Hackman et Al Pacino, Palme d’or à Cannes en 1973. Après le doc, Jerry Schatzberg :  Portrait paysage, suivait un film, The Day the ponies come back, réalisé par JS sur le tard (2000) avec Guillaume Canet comme acteur ; président du jury 2023, c’est lui qui a présenté la séance. Ce documentaire mettant en scène le critique cinéma Michel Ciment parcourant l’atelier de l’artiste, en tournant souvent le dos à la caméra, m’a fait penser que le journaliste aurait pu aussi bien lui poser les mêmes  questions, assis tous les deux, au cours d’une interview classique… En revanche, le doc sur le parcours de Rock Hudson depuis ses débuts ressemblait, lui, à un documentaire, riche d’archives et d’interviews rares des protagonistes de l’époque, et, mine de rien, très contemporain et direct dans dans sa manière de raconter les choses sans les tabous sévissant à l’époque à Hollywood : Rock Hudson: All that heaven allowed (visible sur HBO US, pas encore de date de sortie en France).

Jerry S : Portrait paysage

Doc Rock Hudson (HBO)

Et aussi

Suite… Soon…