«JSA» : inédit en France, un des plus beaux films de Park Chan-wook

focus film Park Chan-wook, 2000, sortie le 27 juin 2018

Pitch

Le 27 juin 2018, on pourra enfin voir en salles une des œuvres majeures mais moins connue du réalisateur Coréen Park Chan-wook.

Notes

Inédit en salles en France, «JSA» est le premier film majeur de Park Chan-wook et, à mon avis, un des meilleurs, moins violent (ici, la violence de la situation est interne) et moins démonstratif, plus mélancolique, humain et sensible que les suivants qui assiéront durablement sa renommée internationale comme la dite trilogie de la vengeance : «Sympathy  for Mr Vengeance» (2002), le culte «Old boy» (2003) ou «Lady vengeance» (2005). «JSA» sera primé au festival du film asiatique de Deauville (malheureusement disparu depuis…) en 2001 par un jury présidé par Alain Corneau,

Photo La Rabbia

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Depuis l’armistice de 1957, la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud est la DMZ (Zone Démilitarisée), une zone de 247 km de long sur 2km de large (dans les faits, très militarisée et devenue aussi étrangement une réserve d’animaux), et au sein de la DMZ, le seul point de passage officiel entre les deux Corées est la JSA (Joint Security Area), zone sous le contrôle de l’ONU, avec un pont surnommé « Le pont du non retour ».

À la suite d’une fusillade dans la JSA, deux soldats nord-coréens sont retrouvés morts. Une affaire qui peut devenir rapidement un incident diplomatique entre les deux Corées. Afin de désamorcer un conflit, on dépêche une enquêtrice Suisse, Sophie Jean, sur place. Que s’est-il passé ce soir-là dans le poste de garde de la JSA entre les 4 soldats des deux Corées, des hommes coupés du monde? Le spectateur l’apprendra à la fin du film… Rapidement, l’enquêtrice se rend compte que la compréhension de l’affaire va au delà de la seule reconstitution des faits. Contrairement à ce qu’elle avait compris du sérieux de sa mission, on lui fera de plus remarquer plus tard qu’on a tout intérêt à ce que cette enquête n’aboutisse à rien … Que le processus de l’enquête (destiné à apaiser les esprits) est plus important que la vérité.

Photo La Rabbia

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Pourtant, l’enquêtrice, dont on apprend qu’elle est d’origine Nord-Coréenne par son père bien qu’elle n’ait jamais mis les pieds en Corée car élevée en Suisse (et de nationalité Suisse, histoire dans l’histoire de la Corée après l’armistice), va s’acharner à trouver la dérangeante vérité et quand elle l’aura trouvée, grâce à sa reconstitution des faits mais également son observation des hommes, elle comprendra trop tard qu’il vaut mieux ne pas la révéler. Mais, dans l’intervalle, elle a dangereusement déstabilisé psychologiquement les hommes qu’elle interroge. Car cette fusillade dans la JSA relevait plus de l’humain que du politique, d’une tension interne extrême entre les soldats des deux Corées confinés trop longtemps dans une ambiance anxiogène. Quand l’enquêtrice est prête enfin à laisser tomber, son enquête a remué trop de choses dans la conscience des hommes et va provoquer un drame collatéral…

 

Et aussi

Ce drame évolutif, maquillé d’entrée en thriller, bascule peu à peu dans une réalité intimiste absurde, et nous immerge dans la psychose des deux camps que «l’autre Corée» attaque malgré un désir de fraternité instinctif entre les hommes…

Photo La Rabbia

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« Les deux Corées ont la même inquiétude que l’autre les attaque en premier. Toute L’histoire du film est l’expression de cette angoisse » (PCW)

Tout dans le film passe par l’image, l’expressivité du regard (gros plans fréquents sur les visages) et la mise en scène époustouflante du réalisateur ; on est sidéré et captivé par la beauté du film et la technique parfaitement maîtrisée d’un réalisateur dont c’était le premier grand film, un sans faute (confinant au génial) qui ferait presque passer le récit au second plan. On est ici dans la quintessence d’un cinéma de l’image.

 

Notre note

5 out of 5 stars (5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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