« Judge » (Tou Xi) : greffe capitale

Grand prix du 12 festival du film asiatique de Deauville, Liu Jie, 2009, sortie?

Pitch

Un voleur de voitures, condamné à mort en première instance, attend en prison son jugement en appel. Un homme d'affaires, à la veille d'une greffe de rein d'un donneur qui s'avère être le condamné, s'en mêle. Mais le juge, incorruptible, refuse de commuer la sentence.

Ce film, qui vient d’obtenir le Grand prix du 12° festival du film asiatique de Deauville, n’a pas encore de distributeur en France, ce qui se saurait tarder, compte tenu de sa qualité. Bien que je n’ai pas vu tous les films de la compétition, il semble que « Judge » était, de l’avis général, bien au dessus de la mêlée. Par ailleurs, « Judge » (« Tou Xi »)

avait déjà été présenté en 2009 à la 66° Mostra de Venise dans la section Orrizonti. La Chine à l’honneur lors de ce festival, notamment un hommage à Lou Ye avec « Nuits d’ivresse printanière » (interdit pour 5 ans en Chine après le précédent « Une Jeunesse chinoise »), ce film parle justement des intraitables lois de la république populaire de Chine à la fin des années 90 et de leurs timides évolutions.
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photo Caa distribution 

Dans la province de Zhuozhou en 1997, un voleur de voitures récidiviste, Qiu Wu, est condamné à mort parce que le prix des deux voitures volées dépasse un montant au delà duquel la loi le condamne à être fusillé. Lors de la réunion du comité des juges, l’un d’eux fait remarquer que la dévaluation a été telle depuis dix ans que cette somme est rapidement atteinte, qu’une nouvelle loi moins sévère est sur le point d’être appliquée… Mais je juge en chef Tian, président de la cour, qui vient de perdre sa fille dans un accident de voiture suspect, plongé dans la dépression, lui et son épouse, refuse la clémence, comme il l’a toujours fait, impitoyable, en s’abritant derrière la loi en vigueur au jour J, visant en vérité son quota de résultats. 


photo Caa distribution

Pendant ce temps, le PDG Li, homme d’affaires parmi les gros contribuables de la ville, se prépare à une greffe de reins ; arrivé à l’hôpital, on lui annonce que son dossier est bloqué car le donneur d’organes vient d’être condamné à mort, c’est Qiu Wu, le voleur de voitures. L’avocat de Li potasse le dossier et en conclut que seul le voleur de voitures
mort pourra léguer son rein par testament, vivant et condamné à mort, il n’aurait plus le droit d’être donneur d’organes… Du côté de Li, on passe donc du projet de sauver la tête de Qiu Wu à essayer d’obtenir, au contraire, de faire confirmer sa condamnation en appel… Pour cela, l’avocat et la maîtresse de Li, vont essayer d’acheter la famille de Qiu Wu qui refuse, vont ensuite le voir en prison en spéculant sur son devoir filial de laisser de l’argent à sa mère après sa mort. Mais la jeune femme, qui espère épouser Li après sa greffe de reins, finit par avoir des scrupules… Li, au contraire, qui traînait les pieds, craignant que sa greffe de reins échoue, devient tyrannique, hurlant des ordres de l’hôpital. Au final, un évènement va changer le cours des choses, le juge Tian, qui a accumulé beaucoup d’ennemis au cours de sa carrière, se voit confisquer son petit chien pour avoir omis d’avoir demandé une licence, il craque…Démarrant comme un film sombre, le récit va évoluer vers une certaine lumière au propre et au figuré, du drame à la comédie dramatique. La bureaucratie chinoise est montrée comme une machine implacable, totalement déshumanisée, évoluant dans un décor austère et lugubre représenté à l’image comme vert de gris, peu éclairé, exigu, où seules les chemisettes bleu ciel des policiers font une tâche claire dans le décor. Peu bavard, le film est épuré, presque minimaliste, rendant parfaitement compte de l’ambiance des bureaux et intérieurs de la Chine de la fin des années 90, la prison avec ses cellules communes, les cas particuliers rares de privilégiés qu’on ménage politiquement (l’homme d’affaire enrichissant la ville) possédant un appartement cossu et des voitures, étant l’exception. Qualité des plans et de l’image, scénario intelligent, belle interpétation de Dahong Ni dans le rôle du juge Tiang, ce film a beaucoup d’atouts.

 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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