Le Mouton enragé : la séduction par procuration
Pitch
Un timide employé se banque se laisse convaincre par son meilleur ami de devenir un irrésistible séducteur…
Notes
Nicolas Mallet et Claude Fabre forment un curieux couple. Nicolas Mallet, terne employé de banque sans ambition, séduit, par hasard Marie-Paule, une jeune femme pétulante, ravissante, sympa (Jane Birkin) dont il se rend compte qu’elle pratique des relations tarifées. Quand il doit se rendre à l’évidence dans un petit hôtel, il l’a gifle… Mais ils vont demeurer amis et, même, davantage… Nicolas (JL Trintignant) raconte sa conquête à Claude (JP Cassel), écrivain raté, handicapé, qui passe ses journées dans un café où il donne, notamment, des cours particuliers à des gamins. C’est alors que Claude a une idée perverse : Vivre la vie de Nicolas par procuration et en tirer en best-seller sauf que, très vite, la nouvelle vie brillante qu’il imagine pour Nicolas va prendre le dessus.
Le couple Claude et Nicolas semble soudé par le spectre d’un accident dont on ne dira pas grand chose. Aujourd’hui, on irait sans doute plus loin dans la démonstration de cette amitié fusionnelle où la satisfaction passe par femmes interposées.
Très vite, Nicolas (que Claude a fait démissionner de sa banque ) va devenir un séducteur patenté et gravir les échelons de l’ascension sociale. Tous les jours, Claude échafaude pour lui des plans, lui indique les cibles des femmes à séduire. Dans un premier temps, il lui présente Roberte (Romy Schneider), l’épouse de son prof de philo…
Pourtant, quelques grains de sable, qu’on pourrait appeler le facteur humain, vont enrayer cette belle machine à séduire, cette arnaque pilotée depuis le café de Claude qui, exalté, fait monter les enchères : Séduire, d’abord, pour rien, et, ensuite, pour amasser de l’argent. Marie-Paule aime Nicolas sans grandes espérances ; se faisant passer pour son frère, il l’a forcera à épouser un vieux millionnaire se piquant de politique et récupérera un luxueux bureau (ah, le design des seventies, tout était orange, jaune, les tables, les fauteuils, les téléphones). Roberte et Nicolas sont amoureux mais craignant la colère de Claude, ce dernier la voit en cachette, ce qui donnera lieu à cette phrase clé de Roberte (se proposant de divorcer pour lui, pas emballé) : On commande un dessert et on vois arriver un repas. Enfin, Claude a aussi un point faible, un seul, le souvenir de la fille du pharmacien de son adolescence, il passait si souvent, acheter de l’aspirine à la pharmacie, devenue une star à Hollywood.
Comme souvent chez Deville, les dialogues sont ciselés, plus raffinés que les situations, le propos ambigu pour ne pas dire pervers. Loin d’être une comédie dramatique, c’est un drame qui se tricote sur la table du café de Claude, cruel, amer, dépité de se voir refuser ses manuscrits, mais pouvait-il en être autrement? Et ce n’est pas l’incrédible happy end, comme ajouté ici pour ne pas harasser le spectateur de drames en cascades, qui y changera grand chose. Dans le film, au début, le ton est faussement léger, on s’y laisse prendre, on sourit, mais, peu à peu, malgré l’interprétation étonnante de Trintignant dans ce rôle de marionnette ravie de son nouvel emploi, de séducteur irrésistible mais anxieux du seul jugement de Claude, on rit de moins en moins…
Et aussi
Hommage :
Michel Deville est mort à 91 ans il y a une semaine. On l’avait un peu oublié, soudain, on s’en est souvenu…
Ce qui m’a donné envie de revoir ce film, Le Mouton enragé, que je n’avais pas vu depuis des lustres et dont je gardais, pourtant, beaucoup de souvenirs précis.
Michel Deville en 5 autres films :
Benjamin où les mémoires d’un puceau (1968)
Raphaël où le débauché (1971)
Voyage en douce (1980)
Eaux profondes (1981)
Péril en la demeure (1985)
Diffusion
Vu sur CanalVOD
Notre note
(4 / 5)
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