« Mad Men » saison 1 : les fêlures souterraines du rêve américain

Canal Plus, le dimanche soir...

J’avais laissé tomber pendant un certain temps cette rubrique CinéTV que je reprends pour cause de gavage express de séries TV en ce moment où mon moral est sur pause… Je démarre avec « Mad men » tandis que ce WE j’ai incurgité une saison entière des « Tudors », série historique un peu monolithique mais pas désagréable à regarder, dont je parlerai ensuite… Regardé aussi la saison 1 de « Dirt », série gentiment trash sans éclat recyclant la mono-expressive Courteney Cox en fin de carrière, qui marque la différence avec la qualité supérieure d’un « Mad men ». Et toujours aucune nouvelle de Jack Bauer cette année... En revanche, on devrait démarrer à partir du 25 juin sur Canal Plus la saison 2 de « Damages » (parution du coffret fin aout), un must...

Depuis longtemps je n’avais pas été aussi scotchée par une série… »Mad men » est un cas à part, une série d’ambiance dont le réalisateur lui-même a dit que si on ne suit pas les épisodes avec concentration on peut passer à côté… Ambiance d’époque d’abord par la reconstitution minutieuse des années 60 à New York dans une agence de pub un peu avant l’élection de Kennedy quand l’agence de pub, elle, est payée à travailler à la campagne de Nixon que tous les sondages donnaient gagnant.Un homme central, Donald Draper, un as de la pub, un séducteur patenté, beau, riche, charismatique, une femme parfaite et deux enfants, une jolie maison dans une banlieue chic. Un homme malheureux qui a tout pour être heureux. « Mad men », c’est la mise à sac discrète du rêve américain, la délicate autopsie du cauchemar climatisé, les illusions perdues des ambitieux à qui la réussite sociale et matérielle tant convoitée révèle que ça ne leur suffit pas, au contraire, mais qu’il fallait sans doute passer par le succès pour en mesurer la vanité. Des Mad men qui ont perdu leur âme, vendu, plutôt… Le générique stylisé montre un de ces Mad men tombant d’un immeuble, suicidé?
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Donald Draper, l’as de la pub

Don Draper est entouré de femmes idéales ou carnassières dont aucune ne le satisfait. Betty, l’épouse rêvée, clone de Grace Kelly, faisant la cuisine avec des ongles longs vernis, allumant une cigarette américaine après l’autre avec distinction, le regard embué d’amour pour son mari trop beau mais pas seulement, empli de fantasmes, de phobies, ses mains tremblent inexplicablement, on l’envoie faire des séances chez un psy, parfois, elle disjonte seule dans leur maison de banlieue, elle tire sur des pigeons, elle se masturbe contre le lave-linge les jours de canicule, elle boit un verre  en cristal de trop… Mix entre la « Desperate housewives » sixties et une Marnie de Hichcok, Betty est un personnage inquiétant, trop lisse, trop parfait, prêt à imploser. Rachel, la femme d ‘affaires, dure et exigeante, que Don désire plus qu’une autre, car inacessible, pas crédule, en remplacement d’une maîtresse trop laxiste qu’il a perdu. Pourtant, Don n’est même pas activement cruel avec les femmes, trop désespéré à l’intérieur, il se fuit de l’une à l’autre.
Dans l’agence de pub, les assistants sont des loups au dents longues qui s’entretuent et veulent la place de Don Draper qui prendra, lui, celle de son patron, mis sur la touche par un infarctus après trop d’excès en tous genres. Les secrétaires prédatrices ne sont pas de reste, Joan, la vamp, maîtresse du boss, manipulatrice, rêvant au fond d’elle même d’amour mais sans illusions, Peggy, l’ambitieuse, qui veut réussir professionnellement, entichée d’un des petits Rastignac de l’agence qui la traite comme une moins que rien, lui-même marié à une femme riche qu’il n’aime pas.

Vers la fin de la saison 1, on cède à la tentation de mettre un peu d’action et d’explication, ce qui n’est pas, de mon avis, la meilleure idée,  personnellement, je préférais l’indiscible, l’invisible, les non dits, les blessures entraperçues des protagonistes, les allusions, les regards désenchantés, les comportements suicidaires en grande partie inexpliqués des nantis, en deux mots la fêlure  souterraine Fitzgeraldienne des Mad men. Don a un secret, un demi-frère qu’il nie, on en vient à des flash-backs sur son enfance misérable, maltraité par son père et sa belle-mère, retour sur son usupation d’identité quand il ne s’appelait pas encore Donald Draper. La saison 2 devrait jouer sur le secret de Peggy, attendons la suite de cette série croulant sous les récompenses (Golden globe, Emmy awards, etc…). Une série où personne n’est sympathique, il fallait oser…

Cerise sur le gâteau pub, Joan Hamm qui interprète Don Draper est une bombe avec un faux air de Sean Connery dans les premiers James Bond, peu connu en France, il a surtout tourné dans des séries TV, mais quel charisme, quel homme au superlatif, à la fois concentré de virilité et hanté par son enfance traumatique, quelle femme/spectatrice y résisterait?

  
Betty, l’épouse parfaite, Rachel, la femme d’affaires inflexible 

 
Peggy et Joan, les secrétaires aux dents longues 

Série visible (saison 1 et saison 2) sur Canal Plus le dimanche soir entre 22h et minuit, rediff le jeudi matin 8h30.

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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