« Marguerite » : Passion sans retour

focus film Xavier Giannoli, sortie 19 septembre 2015

Pitch

Paris, 1920, Marguerite, grande bourgeoise fortunée, passionné d'Opéra et de chant lyrique, chante terriblement faux. Quand elle se met en tête de se produire devant un vrai public à L'Opéra, elle se met en danger sans le savoir...

Notes

J’ai eu l’occasion de voir « Marguerite » il y a environ deux mois et je regrette d’avoir tant attendu pour rédiger cette critique du film tant il est complexe mais peut-être ceci explique cela.

Ce film est une tragédie traitée sous l’angle non pas d’une comédie vraie (impossible d’employer le mot tragi-comédie qui renverrait au cinéma italien) mais comportant bon nombre de scènes comiques dans le registre du comique de situation et grâce à l’interprétation magique de Catherine Frot qui donne à l’ingénuité du personnage qu’elle interprète un angle comique, on sourit beaucoup mais au fil du film, s’acheminant vers un final dramatique que le spectateur ne voit pas venir mais que sans doute il pressent confusément, on sourit de moins en moins.

Marguerite chante atrocement faux et pourtant elle a voué sa vie au chant lyrique, travaillant le chant d’arrache-pied et donnant des concerts privés à une bande d’hypocrites dont elle entretient, très fortunée, les bonnes œuvres et associations diverses. Son mari, infidèle par ailleurs l’a toujours lâchement abandonnée à ses illusions.

Soudain, Marguerite se met en tête de donner un vrai concert public à l’Opéra, comment pourra-t-elle en sortir indemne? Le sens profond de la trajectoire de la cantatrice chantant faux est très complexe, en allant au casse-pipe de ce concert public, elle va, paradoxalement, se réaliser et retrouver l’amour de son mari. Le rôle du majordome n’est pas moins complexe, idolâtrant sa maîtresse qu’il couve et bichonne, c’est lui qui l’aidera à se rendre à l’Opéra quand il aurait pu l’en empêcher. Est-il le seul à avoir saisi que le destin de Marguerite était de se réaliser avec flamboyance dans le chant lyrique, et à n’importe quel prix, fut-il tragique, que privée de son centre d’intérêt obsessionnel, le chant plus fort que la vie, elle en mourrait dans une lente et douloureuse agonie?

 

Et aussi

[caption id="attachment_12403" align="alignnone" width="385"]photos Memento distribution photos Memento distribution[/caption]   Tiré d'une histoire vraie d'une riche américaine (Florence Foster Jenkins) ayant vécu dans les années 40, le réalisateur a dépaysé son film dans les années 20 pour des raisons esthétiques, à cause du caractère expressionniste des divas des années 20, style qu'il voulait justement donner à sa Marguerite. Le choix de Catherine Frot avec ce visage lisse, cette innocence, ces éclairs de malice, semble incontestable, elle est bouleversante tout étant drôle, parfois. Xavier Giannoli, dont le film "Marguerite" est sélectionné en compétition à la prochaine Mostra de Venise, a présenté en aout son film à ses compatriotes (il est originaire de la région de Moriani) lors d'une avant-première à Porto-Vecchio où il a reçu au passage la médaille de la ville des mains du maire. Ceci pour l'anecdote.  

Notre note

4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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