« Michèle Mercier, l’insoumise » : la Bardot brune vampirisée par les « Angélique », doc inédit sur Ciné+Classic

Diffusion Ciné+Classic samedi 7 mai 2012
 

 

C’était un peu la version brune de Brigitte Bardot, d’ailleurs, dans les années 60, on les oppose, BB et MM, elles ont beaucoup en commun jusqu’à la manière de s’exprimer et surtout, elles sont considérées à leur époque comme parmi les plus belles femmes du monde.

 

Michèle Mercier, née à Nice d’une famille de riches pharmaciens, n’a pas une enfance très heureuse, le doc l’effleure avec pudeur, interviewée, MM raconte qu’aînée de trois filles, elle a perdu une de ses soeurs très jeune. Un intervenant précise que c’est le prénom de cette soeur décédée, Michèle, qu’elle va adopter (au départ, elle s’appelait Jocelyne). Son père souvent absent, sa mère, femme dure et très belle, qu’elle surnomme « Liz Taylor », dans ces conditions, son père, comprenant qu’elle ne s’entendra pas avec sa mère, la laisse faire quand elle annonce qu’elle ne fera pas d’études et s’en va. Elle se lance dans la danse, finit petit rat de l’Opéra mais les moeurs la révulsent et à 17 ans elle arrête tout. Son père va la sauver, il l’emmène en 1957 à Nice aux Studios de la Victorine où Denys de la Patellière, en train de tourner « Retour de manivelle » avec Michèle Morgan, l’engage pour un petit rôle, elle enchaînera ensuite tout cinéma avec notamment « Les Nuits de Lucrèce Borgia » (1959).

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« L’Aîné des Ferchaux »

 

Bien qu’elle ait tourné avec les plus grands réalisateurs français : Truffaut dans « Tirez sur le pianiste » (1960), Melville dans « L’Aîné des Ferchaux (1963) avec Belmondo, Jacques Deray dans « Symphonie pour un massacre (1963), etc… Un chagrin d’amour lui fait quitter la France, elle poursuit sa carrière dans l’Italie de la Dolce vita, ou plutôt, elle alterne France et Italie où elle aligne les grands réalisateurs transalpins et les films de pirates comme « Le Boucanier des îles » et « L’Ile des filles perdues, tous deux réalisés en 1962 quasiment en même temps. Mais aussi une incursion remarquée dans le film de genre fantastique qui, à l’époque, n’a pas les mêmes lettres de noblesse qu’aujourd’hui, avec Mario Bava dans « Les Trois visages de la peur » (1962). MM tourne également avec Dino Risi dans « Les Monstres » (1963), Mario Monicelli dans « Casanova 70 » (1964) avec Marcello Mastroianni, etc…

« Les Monstres »

 

En 1964, MM tourne un film qui va lui apporter la gloire et le début de la fin de sa carrière : « Angélique, marquise des anges » de Bernard Borderie avec Robert Hossein, pas chaud pour endosser le rôle d’un balafré claudicant (Geoffrey de Peyrac). Robert Hossein, qui intervient dans le doc, la dirigera ensuite dans un western « Une Corde et un colt » (1968). Le succès des « Angélique » est tel qu’on décline ses aventures avec encore quatre films, « Angélique et le Roy » marquant le retour de Robert Hossein dont le personnage a ressuscité… Etonnamment, le personnage d’Angélique (le dernier, « Angélique et le sultan », est tourné en 1968), où la brune endosse une perruque blond vénitien, dévore MM ; malgré ou à cause de son exceptionnel succès (on les regarde encore aujourd’hui), sa carrière patine et s’arrête. MM tourne bien quelques films aux USA comme « L’Appel de la forêt » (1972) avec Charton Heston ou « Les Baroudeurs » (1970) avec Tony Curtis et Charles Bronson, puis, elle y tente une carrière de productrice qui la laissera sans le sou. A la fin des années 70, MM est ruinée, divorcée, et n’aura jamais d’enfants que ceux de ses maris.

 

« Angélique, marquise des anges »

Le critique de cinéma Christophe Lemaire, intervenant dans le doc, outre qu’il avoue lui devoir ses premiers émois au cinéma, espère que Michèle Mercier sera engagée à l’avenir dans des rôles « hommage ». En parlant des « Angélique », il fait remarquer que si aujourd’hui ce sont des films tous publics programmés le dimanche après-midi, lors de leur diffusion dans les années 70 à la télévision, c’était le soir avec le carré blanc! (le carré blanc à la télévision, en bas de l’écran, très respecté par les parents de l’époque, marquait les films réservés aux adultes).
 

Les interventions de MM dans le documentaire « Michèle Mercier, l’insoumise » sont touchantes car simples, sincères, dans une voiture rutilante sur la Croisette avec un chapeau de paille, assise dans une loge d’un théâtre vide, songeant à la danse. Son rôle à la télévision de la mère d’Elsa Zylberstein en 2009 dans « Venus et Appolon » lui a rendu le bonheur mais ça s’est arrêté là, comme en témoigne Tonie Marshall, productrice, scénariste, de la série. Au sujet de sa rencontre avec Gainsbourg, MM raconte que tournant un film où elle portait une magnifique robe métallique de Paco Rabanne, il demeure muet mais cela donne lui l’idée de lui écrire une chanson en rapport avec la robe, « La Fille qui fait tchic ti tchic » qu’elle interprète dans la même veine que BB signée SG.


Une intervenante de ses amies, écrivaine, qui semble la connaître mieux que les autres, dit à mot couverts que ce sont les hommes, les déconvenues amoureuses, qui ont stoppé la carrière de MM, comme son mari jaloux qui lui a caché en 1966 la demande de Bunuel pour « Belle de jour », ensuite, il engagera Deneuve. Qu’aurait été  » « Belle de jour » avec la sensualité torride de Michèle Mercier au lieu du feu sous la glace de Catherine Deneuve? Cela laisse songeur… 
     

Diffusion
Ciné+Classic
« Michèle Mercier, l’insoumise » (2011, doc) de Jean-Yves Guilleux
Samedi 7 Mai 2012 à 22h10 où le documentaire sera précédé
à 20h40 du film « LES PIRATES DE LA NUIT » de John Gilling

+ Rediff sur CanalSat « A la demande »


Une fois n’est pas coutume, je publie ici la photo de mon invit où je n’ai pas pu aller pour cause d’absence de Paris et de congé… et pourtant, j’aurais vraiment aimé rencontrer Michèle Mercier… c’est la vie…

Lire aussi… Une page la plus complète possible sur Michèle Mercier….


La Fille Qui Fait Tchic Ti Tchic 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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