Mois du blanc sur Ciné+Frisson avec focus rouge sur Nicolas Winding Refn + doc inédit « NWR »

Diffusion Ciné+Frisson 6 janvier/1er mars 2012
  
Vendredi matin, un vendredi 13, découvrir en avant-première « NWR », un doc inédit sur Nicolas Winding Refn, le premier doc, en fait, sur ce jeune cinéaste danois, qu’on qualifie déjà ici et là de « nouveau Kubrick », c’était l’excitation… A l’invitation de Ciné+Frisson, qui lançait à la Maison du Danemark sur les Champs Elysées à Paris son « Mois du blanc » (traduction, un cycle spécial thriller nordique avec la trilogie « Pusher », « Bronson », « Morse », « Insomnia », deux films d’horreur inédits***, etc…), me voilà dans une salle de projection à écouter le petit speech d’introduction de l’ambassadrice du Danemark en France tout en louchant vers la gauche : oui, c’est bien le cinéaste mythique Alejandro Jodorowsky qui est assis au premier rang. Parce qu’il intervient dès le début du doc en disant tout le bien qu’il pense de NWR qui l’a sauvé de la dépression au cinéma, n’hésitant pas, au passage, à tâcler Spielberg.Après la projection du film « NWR » (

sur Ciné+Frisson le 2 février à 19h40), on sert un buffet danois au dernier étage avec tartelettes au saumon mariné (spécialité de la Maison du Danemark) et vue imprenable sur les Champs Elysées d’un balcon assez étroit ; malheureusement, sujette au vertige, je suis incapable de me pencher pour prendre une photo. Finalement, je me décide à demander de l’aide à un invité à mine avenante, et, le comble, c’est que je lui donne benoitement quelques indications sur les angles que j’aimerais qu’il photographie! Quelques minutes plus tard, j’apprends que c’est le réalisateur du film « NWR », retour la gourde attitude, je bredouille quelques mots que « si j’avais su… » Mais  j’ai adoré ce film, réalisé dans le ton NWR, un vrai régal que vont se disputer les fans, alors, on en parle. 

——

photos 1 et 2 : Laurent Duroche

 

« NWR » (2011) de Laurent Duroche 
 
Le doc fut tourné en 2011, en partie en Thaïlande en novembre, où NWR préparait « Only God forgives » avec Ryan Gosling qu’il ne quitte plus depuis « Drive », en partie à Copenhague et à New York, deux villes structurantes pour le réalisateur. Né en 1970 au Danemark, les parents de NWR déménagent à New York de 1978 à 1987. Toute la famille retournera à Copenhague ensuite et NWR se sentira alors à l’étroit, « comme en province ». Mais à NY, l’enfant NWR, dyslexique (il n’apprend à lire qu’à 13 ans), se réfugie dans le cinéma, de genre, de préférence, avec une sélection de films n’ayant  rien à envier à ceux prisés par un Tarantino. Il dit que ses parents post-hippie, sa mère ayant vu Jimmy Hendrix en concert, qu’est-ce qui pouvait encore les choquer? Réponse : « Massacre à la tronçonneuse » dont il décide que c’est son film préféré, les films d’horreur en général. NWR a un franc-parler étonnant sur un mode humour british, pince-sans-rire, mais il est timide. Fimé dans une voiture, il regarde par la fenêtre, la tête tournée à la caméra, et, quand il est face caméra, il a tendance à baisser les yeux.On passe en revue les films de NWR dont le second, « Bleeder »(1999), histoire d’un nerd dans un vidéoclub, donnera l’occasion à son beau-père de commenter ensuite que « Drive », c’est un peu « ‘Bleeder à Hollywood ». Et puis, la fameuse trilogie « Pusher » qui l’a rendu culte auprès des cinéphiles. Pour réaliser « Pusher 1 » (1996), NWR renonce à une place dans une école de cinéma très sélective, ce qui paraît insensé pour son entourage, d’autant qu’il ne sait pas filmer, c’est lui qui le dit. Son plus mauvais souvenir « Fear X » (2003) qu’il tourne au Canada, une sorte de « Lost highway » danois, un flop total.

Il a accepté de faire « Pusher 2 » (2004) pour payer ses dettes mais, finalement, il a aimé le faire. Idem pour « Pusher 3 ». Le quatrième « Pusher » ne se tournera jamais car un des acteurs a été condamné à 7 ans de prison. Son acteur fétiche, Mads Mikkelsen, dit que NWR  ne parle que cinéma et lui-même que de foot…NWR assume ses angoisses et ses contradictions qu’il confesse avec une sincérité rare. Mais le point fort de NWR, c’est son épouse, jolie blonde énergique qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et lui assène qu’il est allé tourner à Bangkok pour acheter des jouets (robots dont il fait collection). Donc, un personnage dichotomique avec, d’un côté le cinéma correspondant à ses côtés obscurs, de l’autre sa famille, sa femme et ses enfants, la face solaire, l’antidote. Dans un film comme « Drive », déjà culte avant même sa sortie, qui vient de le propulser au top du cinéma mondial depuis le dernier festival de Cannes (prix de la mise en scène), on a bien les deux volets : la violence et le romantisme de l’histoire d’amour du driver avec sa voisine. Ryan Gosling, qui a visionné tous les films du réalisateur, y a vu un point commun, bien que, comme chez Kubrick, à chaque film, à chaque genre de film, NWR change de style ; le point commun, tous ses héros/anti-héros sont des losers au destin funeste.

Pour NWR chaque film correspond à un morceau de musique (pour « Pusher », le post-punk). As de la mise en scène,  il convient que pour lui les dialogues sont secondaires, le cinéma est un média visuel (il emploie souvent le rouge pour véhiculer l’émotion). Pour travailler, il écrit des kilos de fiches avec toutes les scènes du film et des Post-it correspondants blanc et rose qu’il colle sur un mur, chaque scène alors résumée par une phrase, et il regarde son mur en réfléchissant à la cohérence de l’ensemble, permute ses petits papiers collants.

« Only God forgives », son prochain film, est, d’après NWR, un western en Asie avec un flic qui se prend pour Dieu face à un gangster américain. Très drôles et toujours un peu provoc les commentaires du réal : sur Bangkok, une ville qui l’intéresse parce que c’est partout le chaos total! ; à propos du « Guerrier silencieux » (« Valhalla Rising », 2009) : « les gens y ont vu ce qu’ils voulaient y voir »… ; sur « Bronson » (2008), idem, la prison ne l’intéressait pas plus que les Vikings de « Valhalla Rising »…

 

   
Laurent Duroche, réal et journaliste à « Mad Movies«  (à gauche)

 

     
*** »Mois du blanc »
diffusion « Ciné+frisson » et Ciné+ « A la demande »
du 6 janvier au 1er mars 2012
Focus sur Nicolas Winding Refn :
jeudi 2 février 2012 à 19h40
« NWR » (2011), doc (inédit, exclusivité)

chaque jeudi à 20h40  :

« Bronson » (2009) 26 janvier à 20h40
« La trilogie Pusher » (1996, 2004, 2006) 2/9/16 février
à 20h40

mardi 28 février 2012
Nuit « Pusher » suivie du doc « NWR »
et aussi…

jeudi 5 janvier

à 20h40
« Jar city » (2006, Islande)
thriller
jeudi 12 janvier

à 20h40
« Harpoon » (2009, Islande) (inédit)
horreur
jeudi 19 janvier

à 20h40
« Morse » (2008, Suède)
épouvante
jeudi 23 février

à 20h40
« Insomnia » (1998, Norvège)
thriller
jeudi 1er mars

à 20h40
« Dead snow » (2009, Norvège) (inédit)
horreur
 


« Insomnia », l’original de 1998, film norvégien dont Christopher Nolan fera un remake en 2002 

Filmographie de NWR« Pusher » (1996)
« Bleeder » (1999)

« Fear X » (« Inside job ») (2003)
« Pusher II : du sang sur les mains » (2004)
« Pusher III : l’Ange de la mort » (2005)
« Marple : Nemesis » (2007, téléfilm)
« Bronson » (2008)
« Valhalla rising » (« Le Guerrier silencieux ») (2009)
« Drive » (2011)
 

  
Tom Hardy dans « Bronson » (2008) (à gauche)

Mots clés: , , ,

Partager l'article

Lire aussi

Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Remplissez les champs obligatoires (required):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Back to Top