« La Ballade de l’impossible » : martyres de l’amour (ouverture du 13° FF Asiatique de Deauville)

FFAsiatique Deauville, soirée de mercredi 9 mars 2011
    
Ouverture express ce mercredi vers 19h30 du 13° Festival du film asiatique de Deauville avec dans la salle, qui salueront brièvement de leur siège, les deux jurys, long-métrages et Asia Action (aperçu de loin Anne Parillaud, Mia Hansen-Love, le séduisant Reda Kateb découvert dans « Mafiosa 3 », etc…). Une présence du jury Asia d’autant plus légitime que le film d’ouverture, « La Ballade de l’impossible », présenté au CID ce soir par son réalisateur, Tran Anh Hung, est également en compétition dans la première catégorie.

  
le réalisateur Tran Anh Hung au CID

« La Ballade de l’impossible » (« Norwegian wood »*) de Tran Anh Hung (Japon)
sortie du film en salles le 4 mai 2011
Pitch.
Trois jeunes gens inséparables, l’un d’entre eux se suicide, les deux autres tentent de survivre et se rapprochent. Mais la jeune fille, incapable d’oublier son premier amour, sombre en entraînant celui qui reste avec elle.

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2h10 pour raconter les amours tragiques de Watanabe dans le Tokyo des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe et petit ami de Naoko, s’est suicidé en province où ils habitaient tous les trois. Le début du film est prometteur, les images très belles, la campagne claire et soudain les lumières rougies d’un garage, la fumée, le suicide de Kizuki. Un évènement dont ses deux proches ne se remettront jamais. Watanabe part pour l’université à Tokyo, obsédé de lecture, réfugié dans l’étude. Quelques temps plus tard, il rencontre par hasard Naoko à Tokyo avec qui il démarre une histoire d’amour bancale et muette. Jusqu’à ce que Watanabe ait la mauvaise idée de parler de Kizuki à Naoko, la jeune femme qui vient de fêter ses 20 ans, s’enfuit. Elle ne reviendra pas au sens où, internée dans une maison de repos, elle n’en sortira plus.


photo Pretty pictures

Pendant ce temps, tentant à la fois de ne pas oublier Naoko tout en vivant sa vie, Watanabe sort avec Nagasawa, son colocataire, play-boy cynique qui trompe
Hatsumi, sa petite amie (elle aussi se suicidera, par la suite), rencontre à la fac Midori, une  jeune fille très différente de Naoko, vivante, manipulatrice, qui se révèlera blessée, d’abord par la mort de sa mère, puis celle de son père, prétendant avoir déjà un homme dans sa vie.La mort plane sur tout le film où Midori aime Watanabe qui aime Naoko qui aime Kizuki au delà de la mort. Le film traite des souffrances physiques de l’amour à sens unique, de la rupture, du deuil impossible, des tortures de l’amour enfui telles que la mort devient une délivrance. En ce sens, le film est un peu Truffaldien question impact physique des blessures amoureuses, le corps allant jusqu’à mourir d’amour, très japonais question banalisation du suicide, issue de secours, preuve d’amour ultime, etc…

Malgré elle, Naoko (Rinko Kikuchi, vue dans « Babel »), martyr de l’amour, est fatale aux hommes qu’elle rencontre, Kizuki, qu’elle aimait depuis leur enfance mais ne pouvait pas aimer sexuellement, s’est suicidé, Watanabe, à qui elle a fait promettre de ne jamais l’oublier, tombe dans une spirale infernale  destructrice à deux doigts de renoncer à vivre une vraie histoire d’amour, même la patiente qui veille sur Naoko dans la maison de santé semble libérée après son départ…


photo Pretty pictures

Le film consiste presque exclusivement à la juxtaposition de nombreux tête-à-tête, peu loquace dans la première partie, il ne gagne pas à devenir plus bavard ensuite car les personnages racontent leur intimité à n’en plus finir, ce qui donne un faux film épuré, au scénario filiforme, en vérité très démonstratif, explicatif, dépressif et parfois limite dans l’ultra-démonstratif, comme cette scène où Watanabe hurle sa douleur, le visage convulsé, alors, on a coupé ses cris remplacés par une musique lugubre type opéra apocalyptique. Un film dont on pensait que l’image aurait le dessus, la beauté des images ne servant à rien quand elles se suffisaient à elles-mêmes, et c’est finalement le verbe qui prévaut.

PS. Comme me disait l’autre à la sortie de la projection : à « La Ballade de l’impossible », nul n’est tenu!  

* »Norwegian wood » est une chanson des Beatles composée par John Lennon en 1965, qui lui avait été inspirée par ses infidélités à sa première épouse Cynthia. La chanson « Norwegian wood », initialement intitulée « This Bird Has Flown » (Cet oiseau s’est envolé), figure sur l’album « Rubber soul ».


les couloirs du Royal, à qq mn de l’ouverture du festival

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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