« Picnic »+ »Middle of the night » (« Au Milieu de la nuit ») + « L’Ange pervers » : 100% Kim Novak sur TCM

Joshua Logan 1955, Delbert Mann 1959, Ken Hugues,1964, diffusion TCM novembre 2011

Lancée pour concurrencer Marilyn Monroe, le vrai prénom de Kim Novak était Marilyn… TCM ayant eu l’excellente idée d’une intégrale Kim Novak avec un film tous les soirs de novembre, voire deux, tard dans la soirée, j’ai pu en voir trois à ce jour : le célèbre « Picnic », « Of human bondage « (« L’Ange pervers »), film assez connu, déjà diffusé de temps en temps sur le câble, et « Middle of the night »(« Au Milieu de la nuit »), film plus rare, très sombre. Ces trois films sont des mélodrames où Kim Novak est emmurée dans un personnage de jolie femme qui souffre qu’on ne voit pas autre chose chez elle qu’un objet du désir.

« Picnic » (1955) de Joshua Logan

 


Pitch.
Un ancien champion du collège revient dans sa ville natale après avoir raté sa vie. Mais son pouvoir de séduction est intact…

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Un homme séduisant et cassé revient dans sa ville natale : ancien champion de football, étudiant raté, ayant vaguement tenté une carrière d’acteur à Hollywood, Hal Carter revient avec une seule carte en poche : son ami Alan Benson dont le père possède un pool industriel. Il débarque chez Mrs Potts, vieille dame charmante dont les voisines sont Flo Owens et ses deux filles : la ravissante Madge et sa soeur cadette Millie, l’intellectuelle. Ayant tombé la chemise pour faire quelques travaux de jardinage chez Mrs Potts, Hal Carter va faire tourner toutes les têtes.

 

Ici, tous les personnages ont des fêlures : La mère de Madge et Millie a élevé seule ses deux filles, son mari ayant quitté la maison après la naissance de la seconde. Mrs Potts s’est sacrifiée à garder sa mère tyrannique qui hurle des ordres depuis l’étage. Locataire de Mrs Owens, une institutrice, Rosemary, sous des abords crâneurs, ne supporte plus son âge, craignant la solitude, flanquée d’un soupirant, Howard, qu’elle rudoie, puis, qu’elle suppliera pathétiquement de l’épouser à la fin du film. Ce à quoi Howard répondra qu’il l’a aimée joyeuse et pas suppliante. Hal accumule les éléments d’un passé tragique, enfant maltraité, enfermé en maison de correction par une mère et son amant qu’il dérange, son père alcoolique ne lui ayant légué que ses bottes.
Madge est réduite à son exceptionnelle beauté, sa mère y voit une arme pour quitter la maison et épouser un homme riche, son fiancé, Alan Benson, est flatté de sortir avec la plus belle fille de la ville, reine de beauté, sa soeur l’envie d’être « la jolie ». Instrumentalisée par tous, Madge va succomber au charme du nouveau venu qui est un peu son alter ego en homme quelques années plus tard : l’ancien champion de football qui séduisait toutes les filles  et aussi son ami Alan Benson, comme le film le sous-entend discrètement mais assez clairement.Obéissant à une unité de temps d’un peu plus de 24h, le film comporte deux parties, le jour et la nuit, au propre et au figuré, l’Amérique sympa et accueillante qui ouvre les bras à Hal dans la journée et celle des sombres pulsions dans la nuit du picnic où chacun règle ses comptes avec sa vie et ses désirs. Scène pivot du film sur une piste de danse au bord du fleuve lors de ce picnic géant, foire offerte par la chambre de commerce de la ville pour le Labour day. De Millie, la soeur cadette, à Rosemary, l’institutrice, Hal finira dans les bras de la belle Madge lors d’une danse lascive attirant tous les regards. A partir de là, Hal, le looser, a fait basculer son nouvel entourage sans pourtant en gagner aucun profit : son ami Alan veut sa peau, l’institutrice, lors d’une scène pathétique, l’insulte après qu’il l’ait repoussée, Flo Owens se désespère de voir s’éloigner un beau mariage pour sa fille Madge, craignant qu’elle ne reproduise avec Hal le couple qu’elle a formé avec son père.Ce mélodrame Hollywoodien apparement classique est beaucoup plus hot qu’il n’y paraît, la tension sexuelle sous-jacente est quasi-permanente démarrant avec ce torse nu de William Holden qui subjugue les femmes du quartier. Cette chemise que propose de laver Mrs Potts au début du film, laissant donc Hal Carter torse nu dans le jardin, et que l’institutrice lui arrachera plus tard, quand il est enfin rhabillé, pendant la danse du picnic, le remettant à sa place d’homme objet.

Ce mélodrame cruel avec ses personnages portant les stigmates de leurs blessures intérieures n’est pas sans rappeler Tennessee Williams bien qu’il s’agisse de l’adaptation d’une pièce de Inge. La relation entre Hal Carter et Alan Benson, ce dernier restant fasciné par l’image de l’ancien champion séducteur du collège, alors qu’il a hérité de l’usine de son père et que l’autre n’a rien, n’est pas sans rappeler le fantôme de l’ami de Paul Newman pour lequel il avait une passion trouble dans « Une Chatte sur un toit brûlant » avec cette femme centrale entre les deux hommes (Liz Taylor s’appelle Maggie et ici Kim Novak s’appelle Madge). Comme dans les mélodrames de Douglas Sirk, auquel le film fait également penser, on a un faux happy end où on imagine bien ce que sera la vie de Madge en allant rejoindre Hal, instable, qui, de surcroît, n’a pas les moyens de subvenir aux besoins d’une famille.

Joshua Logan réalisera l’année suivante « Bus stop » (1956) avec Marilyn Monroe. Outre ce récit très audacieux pour l’époque, le casting ne laisse pas de marbre : Kim Novak belle comme le jour avec une longue chevelure blond-roux (ce blond presque roux clair des premières photos couleur)  qu’elle coiffe inlassablement en ouverture du film, Rosalind Russel au jeu plus qu’outré mais correspondant au personnage, William Holden magnifique et crédible, on comprend que ce film soit un classique du mélo outre-atlantique.

 

« Middle of the night » (« Au Milieu de la nuit ») (1959) de Delbert Mann

Pitch.
Un sexagénaire, veuf depuis peu, s’éprend d’une jeune femme ravissante qui a 33 ans de moins que lui…
Engagée comme secrétaire dans une société de confection, Betty, une jeune divorcée de 24 ans supporte très mal son statut, prise d’un malaise, elle demande à rentrer chez elle. Venu lui apporter des dossiers, son patron, Jerry, 57 ans, ému par sa détresse, tente de l’aider en l’écoutant, puis tombe amoureux d’elle. Pressé par sa famille de ne pas rester seul, Jerry, workaholic, veuf depuis deux ans, a une vague liaison avec une des ses employées qui lui dit au téléphone qu’elle va en épouser un autre. Dans une scène étonnante pour l’époque, sa fille vient lui parler frontalement des ses besoins sexuels non assouvis. L’idée fait son chemin…

 

 

Pour des raisons qu’elle-même comprend mal, Betty a demandé le divorce d’avec son mari pour cause qu’elle ne le désirait plus une fois mariée, qu’elle l’avait épousé pour faire comme tout le monde, un séduisant pianiste à qui elle lancera vers la fin qu’il n’a jamais pensé qu’à coucher avec elle alors que Jerry, lui, a besoin d’elle autrement. Au premier degré, Betty et Jerry n’assument pas ces trente ans d’écart, il craint le regard de sa famille, sa soeur aînée avec qui il habite, sa fille unique possessive, elle ne supporte pas ses crises de jalousie et les mises en garde de sa mère, de sa meilleure amie. Plus plausiblement, ce film assez médiocre est habité par l’image de la mort et l’horreur de la vieillesse, juxtaposant un homme riche, désespéré par son âge, fasciné par la beauté et la jeunesse d’une de ses employées, et une jeune femme modeste, instable, voulant être aimée pour autre chose justement que sa beauté et sa jeunesse, chacun des deux arguant que l’autre a besoin de lui. Pour en rajouter dans la chute des sexagénaires, l’associé de Jerry supporte encore plus mal son âge et aussi sa femme qu’il n’a jamais aimée, perdu dans des relations tarifiées avec des prostituées, la tentative de suicide du second finira pas pousser le premier à ne plus perdre de temps à tergiverser.

Le personnage de Kim Novak (Betty), encore une fois dans le rôle d’une femme souffrant d’être réduite à ses signes extérieurs de séduction, est assez opaque, fragile, inachevé, si on n’affiche pas franchement qu’elle est dépressive, on tourne autour et on aurait pu en tirer un meilleur parti mais le réalisateur s’obstinant à faire une love story en mettant tous les obstacles de son côté, on aborde le sujet de la personnalité névrosée de la jeune femme ou trop ou pas assez.A la fois constat pessimiste sur les possibilités d’être aimé à 57 ans par une femme de 24 ans et histoire d’amour coûte que coûte pour ne pas flinguer totalement le moral du spectateur (et des producteurs?), on a au final un film très sombre avec des personnages torturés, dont l’issue heureuse in extremis ne colle pas du tout avec l’ensemble.

« Of human bondage (« L’ange pervers ») (1964) de Ken Hugues

Pitch.
Un étudiant en médecine tombe amoureux d’une serveuse qui va l’obséder toute sa vie.
A Londres en 1910 Philip, handicapé d’un pied-bot, tombe amoureux fou de Mildred, serveuse dans un pub. La jeune femme devient sa maîtresse, attirée par ses bonnes manières, mais, volage, égoïste, cruelle, elle ne tarde pas à le tromper et refuse de l’épouser. L’étudiant en médecine est alors à deux doigts de rater des examens.Philip devenu médecin, Mildred va gâcher son existence, ré-apparaissant chaque fois qu’il tente de refaire sa vie, enceinte d’un inconnu, le trompant avec son meilleur ami, etc… Philip finira par l’assister sur son lit de mort, Mildred devenue prostituée bas de gamme au dernier stade de la syphilis. Adapté d’un roman de Somerset Maugham, le film est dans le style rétro du livre et Kim Novak élargit sa palette d’interprète avec un personnage qui évolue au fil du récit de la garce absolue à la femme fragile devenue elle-même une victime.

Lire aussi la critic du fameux « The Legend of Lylah care « (« Le Démon des femmes » d’Aldrich avec Kim Novak...

Diffusion :
Intégrale Kim Novak sur TCM tous les soirs de novembre 2011

 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5) 2 out of 5 stars (2 / 5) 3 out of 5 stars (3 / 5)

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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