Rentrée 2009 RKO, du côté des films noirs : « Desperate », « Bodyguard » et « The Clay pigeon » (« Le Pigeon d’argile »)

Anthony Mann, 1947, Richard Fleischer 1948 et 1949, sortie DVD 8 septembre 2009
Après avoir démarré la série avec « Stranger on the third floor » (« L’Inconnu du 3° étage »), taxé d’être le premier film noir, je poursuis l’exploration de cette 11° vague de 10 DVD de la RKO (qui paraîtront le 8 septembre 2009) avec les 3 autres films noirs de la livraison 2009 : « Desperate » (1947) d’Anthony Mann, « Bodyguard » (1948) et « The Clay pigeon » (« Le Pigeon d’argile ») (1949)  de Richard Fleischer. Dans ces trois films, comme souvent dans les productions RKO, séries B qui vont révéler les futurs grands (Losey, Ray, Mann, etc…), où les budgets sont serrés, la fin est un peu expédiée, mais  c’est en général une fin happy end/formalité qui n’intéresse pas beaucoup les réalisateurs.

 

    

« Desperate » d’Anthony Mann (1947)

 

Un ancien GI, devenu camionneur, est appelé une nuit pour un travail qui se révèle être un hold-up d’un entrepôt de fourrures. Jeune marié, Steve Randall (Steve Brodie) a accepté ce boulot pour arrondir ses fins de mois. Sur place, Steve refuse de participer et la bande l’enferme dans son camion. Mais il réussit à donner l’alerte et ça tourne mal, Al, le jeune frère du caïd, Walt Radak (Raymond Burr), est arrêté pour le meurtre d’un policier qu’il a commis.Le reste du film consiste à poursuivre un innocent, Steve Randall, que le reste de la bande veut forcer à se dénoncer à la place de Al, le petit frère de Walt. Menaces de défigurer son épouse, chantage, poursuite à travers le pays par un privé véreux, Steve ne cessera de fuir en essayant de protéger sa famille mais il n’aura plus jamais la paix tant que l’un d’entre eux restera en vie. Poursuivi également par la police qui le croit coupable dans un premier temps, c’est la police qui finira par lui donner un coup de main.

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Images étonnantes dans les scènes d’intérieur du début où la bande de truands s’acharne sur Steve Randal, l’ampoule du plafond valdinguant sous les coups étant la source d’éclairage des visages montrés tour à tour, éclairés en partie, comme des masques d’horreur, là, on est dans le grand film noir. La seconde partie du film est plus classique, tant l’image que le récit où le bien va triompher du mal. Doué pour le film noir pour la forme avec un penchant pour la justice pour le fond, le réalisateur Anthony Mann n’était pas encore un des maîtres du western…

 

« Bodyguard » de Richard Fleischer (1948)
Après sa suspension pour insubordination, l’inspecteur Mike Carter cogne sur son chef Burden avec qui il est en conflit depuis toujours, puis démissionne. Engagé par Freddy Dysen comme garde du corps de sa tante Gene Tysen, une vieille dame de fer PDG d’une entreprise de boucherie, Mike Carter ne tarde pas à tomber dans un piège : assommé, il se réveille sur une voie ferrée dans une voiture aux côtés du lieutenant Burden assassiné tandis qu’un train arrive à grande vitesse, il en réchappe mais se voit accusé du meurtre…Chez Mrs Dysen, l’ambiance est glauque, la sécrétaire Connie est suspecte, Mike Carter la trouve vers 4 heures du matin récupérant des balles de revolver dans le jardin après qu’on ait tiré sur sa patronne. Aux abattoirs, le contremaître n’est pas moins suspect, en enquêtant, Carter apprend qu’un inspecteur sanitaire s’est tué en tombant sur une scie automatique, à l’époque, le lieutenant Burden avait conclu à un accident, l’inspecteur étant myope comme une taupe, certificat médical à l’appui.

« Bodyguard » (1948) et  « Le Pigeon d’argile » (1949), tous deux réalisés par Richard Fleisher pour la RKO, présentent des similitudes pour ne pas dire une construction narrative identique, d’abord, le héros est suspecté à tort d’un crime qu’il n’a pas commis (il va apprendre dans les deux cas l’info dans le journal), ensuite, le héros va tenter de se disculper, aidé dans son enquête par une femme parfaite qu’il épousera à la fin du film, ici, c’est une collègue de la police qui est la fiancée et l’assistante de Carter, enfin, le coupable est un proche, un traître… Un seul avantage pour « Bodyguard »: le détective séducteur, nonchalant, anti-conformiste, interprété par Lawrence Tierney.

 

« The Clay Pigeon » (« Le Pigeon d’argile ») de Richard Fleischer (1949)

 

Se réveillant amnésique dans un hôpital militaire, le marin Jim Fletcher manque de se faire étrangler par un malade non voyant qui l’injurie. Comprenant rapidement grâce à l’animosité ambiante qu’on s’apprête à le juger en cour martiale pour traîtrise, Jim s’échappe pour tenter de retrouver la mémoire. En se rendant à San Diego chez Mark, son meilleur ami, prisonnier de guerre dans le même camp des Philippines, un lieu dont il se souvient seulement par flashes, Martha, l’épouse de Mark, le piège et tente d’appeler la police ; au même moment, Jim lit sur le journal que non seulement Mark a été tué mais que lui-même est accusé d’avoir provoqué sa mort en le dénonçant. Dernière issue, Jim se rend à Los Angeles pour aller demander l’aide de Ted, le troisième marine prisonnier avec eux aux Philippines, on surnommait là-bas Jim, Mark et Ted les trois Mousquetaires. 


photo éditions Montparnasse

Assez vite, Martha admet que Jim est innocent et l’aide plus que de raison. Après avoir été suivis par une voiture qui tente de les tuer en les expédiant dans un ravin, tandis qu’ils allaient de San Diego à LA, Jim et Martha passent une semaine de vacances en amoureux dans un camping de bord de mer avant de se lancer ensemble dans la recherche de la vérité. Le film est nettement plus subversif et moderne que le précédent : à LA, en allant dîner en cachette dans Chinatown, un client asiatique renvoie Jim à des bribes de souvenirs cauchemardesques, cet homme, alors gardien du camp le fouette, on le surnommait « la fouine ». Plus tard, Ken Tokoyama, l’ancien gardien sadique, semble former un couple avec un autre homme avec qui il fait des affaires louches, le réalisateur de ne donne pas la peine de donner le change, il montre, on comprend, osé pour un film de 1949.
 

Malgré les similitudes de construction et de caractérisation des personnages avec le film précédent « Bodyguard » (vu plus haut), « Le Pigeon d’argile » lui est bien supérieur, question ambiance, angoisse, suspicion, absence de répit, amnésie et remininiscences, tout y est beaucoup plus captivant, oppressant, on est dans le film noir tendance thriller, cette recherche d’un homme à la recherche de sa mémoire, de lui-même, est également très moderne pour l’époque.

 



DVD éditions Montparnasse, série DVD de poche RKO, sortie le 8 septembre 2009.

les 10 DVD de 11° vague RKO rentrée 2009 : « Les Chasses du comte Zaroff », « La Chevauchée fantastique », « Miss Manton est folle », « La Pêche au trésor », « La Grande farandole », « La Vénus des mers chaudes », L »Inconnu du 3° étage », « le Pigeon d’argile », « Bodyguard », « Desperate ».

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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