« Sea fog » (« Les clandestins ») : l’honneur d’un capitaine face à l’horreur
Pitch
Capitaine d'un bateau de pêche voué à la casse, Kang décide de le racheter malgré le manque de moyens financiers dont il dispose. En désespoir de cause, il accepte pour un peu d'argent de transporter un groupe de migrants clandestins venus de Chine.
Notes
Capitaine d’un bateau de pêche voué à la casse pour toucher la prime, Kang décide de racheter le navire usé jusquà la corde contre l’avis de son épouse qui le trompe sous son nez et le considère comme un minable. L’endettement trop lourd pour mettre le bateau en mer, Kang accepte pour la première fois un trafic de transporter un groupe de Chinois sans papiers en contrebande. Malheureusement, le pire va arriver, la colonie de Chinois parquée dans la cale meurt asphyxiée, suite aux émanations de gaz d’un congélateur qui s’est cassé. On en est arrivé à un tableau apocalyptique où la priorité devient pour Kang de ne pas se faire arrêter par la police garde-côtes. Que faire de tous ces corps? Le film bascule alors dans une horreur faisant référence au « Radeau de la Méduse »…
On ne peut s'empêcher de penser au "Radeau de la Méduse" en voyant "Sea fog",très beau film poignant sur le glissement du social à l'horreur
— Camille Marty (@Cine_maniac) February 4, 2015
publié 7 février 2015
Et aussi
[caption id="attachment_10046" align="aligncenter" width="385"] photos Le Pacte[/caption] C'est magnifiquement filmé dans un brouillard marin ("Sea fog") tant météorologique que symbolique de la confusion des esprits, les spectateur étant comme immergé sur le bateau en pleine tempête à tous les sens du terme. Le commandant Kang n'aime rien tant que la mer et son bateau : quand, petit à petit, lui, obsédé par éliminer toute trace du carnage accidentel sur le bateau, les autres horrifiés par la réalité de se débarrasser des corps, tout l'équipage va se disputer, voire s'entretuer (une rescapée chinoise étant protégée par un marin ajoutant à la difficulté d'obéir aux ordres), Kang demeurera un commandant, un marin, tentant, en vain, de faire passer le message à son équipage que le devoir d'un capitaine, ramener leur bateau en état, compte plus que tout le reste, notamment la dimension humaine, lui-même trouvant normal de ne pas quitter le navire au péril de sa vie. C'est ici que deux mondes s'affrontent, l'ancienne école du capitaine se sacrifiant pour son bateau et les plus jeunes ayant des avis sur les choses, se comportant en humains, pas en marins, ne respectant pas la hiérarchie et contestant les ordres. C'est un film dont les ressorts sont un peu ceux de la tragédie grecque, l'enchaînement de l'inéluctable et la descente aux enfers quand toute la bonne volonté du monde du départ est broyée par l'inexorable succession de malheurs, le suivant toujours pire que le précédent. C'est aussi le portrait poignant d'un homme qui demeure jusqu'au bout un capitaine de bateau qui pense d'abord en marin professionnel ayant le devoir obsessif de tout tenter pour sauver son bateau, sa propre vie, devenue secondaire, et, cela jusqu'à la fin tragique de ce bateau de pêche tant aimé, devenu un cercueil géant, prenant l'eau de toute part et pour lequel Kang espère, hébété, un miracle qu'il va réussir à colmater les brèches béantes dans la coque... "Sea fog" est le nouveau film de Bong Joon-ho et Shim Sung-bo, le duo à l'origine de "Memories of murder".
Notre note
(4 / 5)
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