« Mad Men » saison 1 : les fêlures souterraines du rêve américain

J’avais laissé tomber pendant un certain temps cette rubrique CinéTV que je reprends pour cause de gavage express de séries TV en ce moment où mon moral est sur pause… Je démarre avec « Mad men » tandis que ce WE j’ai incurgité une saison entière des « Tudors », série historique un peu monolithique mais pas désagréable à regarder, dont je parlerai ensuite… Regardé aussi la saison 1 de « Dirt », série gentiment trash sans éclat recyclant la mono-expressive Courteney Cox en fin de carrière, qui marque la différence avec la qualité supérieure d’un « Mad men ». Et toujours aucune nouvelle de Jack Bauer cette année... En revanche, on devrait démarrer à partir du 25 juin sur Canal Plus la saison 2 de « Damages » (parution du coffret fin aout), un must...
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Donald Draper, l’as de la pub
Don Draper est entouré de femmes idéales ou carnassières dont aucune ne le satisfait. Betty, l’épouse rêvée, clone de Grace Kelly, faisant la cuisine avec des ongles longs vernis, allumant une cigarette américaine après l’autre avec distinction, le regard embué d’amour pour son mari trop beau mais pas seulement, empli de fantasmes, de phobies, ses mains tremblent inexplicablement, on l’envoie faire des séances chez un psy, parfois, elle disjonte seule dans leur maison de banlieue, elle tire sur des pigeons, elle se masturbe contre le lave-linge les jours de canicule, elle boit un verre en cristal de trop… Mix entre la « Desperate housewives » sixties et une Marnie de Hichcok, Betty est un personnage inquiétant, trop lisse, trop parfait, prêt à imploser. Rachel, la femme d ‘affaires, dure et exigeante, que Don désire plus qu’une autre, car inacessible, pas crédule, en remplacement d’une maîtresse trop laxiste qu’il a perdu. Pourtant, Don n’est même pas activement cruel avec les femmes, trop désespéré à l’intérieur, il se fuit de l’une à l’autre.Dans l’agence de pub, les assistants sont des loups au dents longues qui s’entretuent et veulent la place de Don Draper qui prendra, lui, celle de son patron, mis sur la touche par un infarctus après trop d’excès en tous genres. Les secrétaires prédatrices ne sont pas de reste, Joan, la vamp, maîtresse du boss, manipulatrice, rêvant au fond d’elle même d’amour mais sans illusions, Peggy, l’ambitieuse, qui veut réussir professionnellement, entichée d’un des petits Rastignac de l’agence qui la traite comme une moins que rien, lui-même marié à une femme riche qu’il n’aime pas.
Vers la fin de la saison 1, on cède à la tentation de mettre un peu d’action et d’explication, ce qui n’est pas, de mon avis, la meilleure idée, personnellement, je préférais l’indiscible, l’invisible, les non dits, les blessures entraperçues des protagonistes, les allusions, les regards désenchantés, les comportements suicidaires en grande partie inexpliqués des nantis, en deux mots la fêlure souterraine Fitzgeraldienne des Mad men. Don a un secret, un demi-frère qu’il nie, on en vient à des flash-backs sur son enfance misérable, maltraité par son père et sa belle-mère, retour sur son usupation d’identité quand il ne s’appelait pas encore Donald Draper. La saison 2 devrait jouer sur le secret de Peggy, attendons la suite de cette série croulant sous les récompenses (Golden globe, Emmy awards, etc…). Une série où personne n’est sympathique, il fallait oser…
Cerise sur le gâteau pub, Joan Hamm qui interprète Don Draper est une bombe avec un faux air de Sean Connery dans les premiers James Bond, peu connu en France, il a surtout tourné dans des séries TV, mais quel charisme, quel homme au superlatif, à la fois concentré de virilité et hanté par son enfance traumatique, quelle femme/spectatrice y résisterait?




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