« Masaan », primé 2 fois, Un Certain Regard, SO Cannes 2015
Pitch
Le destin croisé d'une jeune femme libre dans sa tête, entravée dans sa vie par les traditions, et d'un jeune homme pauvre, ambitieux, sorti major de l'université, tous les deux ayant subi un deuil qu'ils auront la volonté de surmonter.
Notes
Le film démarre par un événement choc : Devi, une jeune femme, rencontre son amant dans un hôtel. Soudain, la police frappe à la porte. Terrifié par la perspective que la police téléphone à son père, le jeune homme se suicide dans la salle de bains. De ce jour, un flic corrompu va faire chanter le père de Devi, ancien professeur de Sanscrit, érudit, ayant raccroché après la mort controversée de son épouse. Dans une société divisée en castes, celle la plus inférieure (dite des Intouchables) est en charge de la crémation des morts (acte impur effectué par les citoyens les plus modestes) au bord du Gange, regroupés autour des ghats, berge où le père de Devi possède une modeste échoppe.
Parallèlement, Deepak, un jeune homme des quartiers les plus pauvres, brillant élève de Polytechnique, tombe amoureux d’une jeune fille d’une caste supérieure dont tous deux savent que sa famille refusera d’accepter le mariage. Prête à s’enfuir avec lui, les événements de la vie en décident autrement.
Devi, femme indépendante dans sa tête mais supportant les interdits de la société, malgré sa culpabilité persistante vis à vis de son amant mort, aide à payer le racket de la police corrompue auprès de son père, acceptant de travailler, notamment pour la compagnie de chemins de fer d’état, un poste envié. Mais, comme le réalisateur, qui a tout laissé tomber pour faire du cinema (DP), Devi attend l’heure de quitter Bénarès pour s’inscrire à l’université.
"Masaan" UCR #Cannes2015, film indien anti-Bollywood très intéressant du point de vue doc : cohabitation modernité et tradition radicale
— Camille Marty (@Cine_maniac) June 11, 2015
Et aussi
L'intérêt de ce film, au delà de la beauté des images, leur simplicité réaliste dépourvue de misérabilisme, est surtout documentaire. Loin de Bollywood, "Masaan" montre une société indienne en pleine mutation ou se juxtaposent et se télescopent tradition radicale religieuse (l'Hindouisme) et modernité en marche. Tandis que toute relation sexuelle avant le mariage est sévèrement punie, les jeunes utilisent les réseaux sociaux comme Facebook en rêvant à des rencontres (Deepak amoureux d'une inconnue la recherche en ligne) et un avenir moderne. Bénarès, cite sainte au bord du Gange est le symbole des interdits religieux les plus radicaux. Les ghats, escaliers qui mènent au bord du fleuve pour les crémations avec rituel dans l'eau, sont l'illustration de la dernière marche sociale pour ceux qui y vivent et travaillent. Pourtant, un commerce de bonus se développe autour des ghats où certains peuvent rafler la mise sans pour autant changer de caste. Deepak, major de sa promotion à l'université et préférant oublier ses origines, refusera d'ailleurs d'avouer à son amoureuse qu'il y habite. Petit bémol, les deux histoires d'amour du film sont un peu plates, surtout prétexte à la démonstration du constat de la société indienne contemporaine. Neeraj Ghaywan, a été l'assistant d'Anurag Kashyap ("Gangs of Wasseypur") dont je viens de recevoir le DVD du second film "Ugly"*** (sortie juin), une "bombe" du nouveau cinéma indien dont je parlerai bientôt ici. [caption id="attachment_11274" align="alignnone" width="160"] DVD éditions Blaq Out[/caption] ***" Ugly" présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2013, puis sélectionné au festival asiatique de Deauville en 2014 où il obtint reçut le Prix du jury ex-aequo avec "A Cappella", du Coréen Lee Su-jin
Notre note
(4 / 5)
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