Fallen angel (Crime passionnel) : Noir, romantique

22 février 2023

A l'affiche Camille Marty-Musso

Otto Preminger, 1945

Pitch

Un homme arrive, par hasard, la nuit dans une petite station balnéaire en hiver…

Notes

Il descend du bus à destination de San Francisco. Il n’a plus d’argent pour payer la suite du voyage. Débarqué la nuit dans une petite station balnéaire nommée Walton. Un coffe-shop, un hotel modeste. En contrebas, on entend le ressac de l’océan, on aperçoit cette plage déserte en hiver. Le patron du café s’inquiète, Stella est partie. Quand elle revient, Eric Stanton (Dana Andrews) est subjugué par cette femme fatale langoureuse au regard fier, provocateur. Éric est un loser magnifique qui joue à ce qu’il aurait être, un homme puissant, un séducteur. Il séduit Stella (Linda Darnell) en lui promettant de l’épouser. A Walton, tous les hommes désirent Stella mais aucun ne lui a proposé le mariage. La bague au doigt, une maison, c’est son point faible. Mais où trouver l’argent? En épousant June Mills, jeune femme sage et pudique, qui vit avec une sœur austère détestant les hommes. June qui rêve en lisant des romances. Elle aussi est sensible aux sirènes du mariage. En cela, le film, réalisé en 1945, correspond à une idée de la femme un peu datée, voir anachronique, le mythe du prince charmant…

A l’occasion d’une incursion à SF avec les deux sœurs Mills, Éric détourne l’attention de Clara, la sœur aînée, et épouse précipitamment June. De retour à Walton, il apprend que Stella a été assassinée. Trop d’hommes aimaient Stella. Trop de gens étaient présents la nuit du meurtre. Notamment Éric, le coupable idéal.

Ce film obéit aux codes extérieurs du film noir en cela que tourné en grande partie la nuit, ses images magnifiquement sculptées dans la pénombre (superbe scène du première baiser où l’un des visages des amants, plongé dans le noir, semble invisible), sans pourtant aller jusqu’au bout de sa logique. Les bons sentiments prennent peu à peu le dessus, l’intrigue est très classique, et l’impasse est faite sur la noirceur des âmes.

Cependant, il serait dommage de passer à côté de ce film peu connu de Preminger. L’atmosphère anxiogène, désenchantée, la solitude interne des personnages, leurs failles, est terriblement bien retranscrite. Car les personnages secondaires ne sont pas que des figurants dans le film. Tous ont échoué à réaliser leurs rêves, Stella partie avec une partie d’entre eux.

En cela, on peut parler d’un film noir romantique.