« L’Exercice de l’état » : les limites du pouvoir

Pierre Schoeller, sortie 26 octobre 2011

Pitch

Ascension et corruption d'un homme politique plutôt humaniste, ministre des transports, parachuté dans un système qui lui est opaque.

Ce qui est avisé dans ce film c’est d’avoir choisi un homme politique, qu’on suit dans son intimité professionnelle, pas trop « tous pourris », un type plutôt humain, ne faisant pas partie d’un clan, que la machine politique va pourtant engloutir. Focus donc sur ce ministre des transports qui avait à coeur de ne pas nationaliser la SNCF mais à qui le système ne va pas donner le choix s’il veut en être.

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photo Diaphana

Un accident de car survenu en province, on téléphone en pleine nuit à Bertrand Saint Jean, ministre des transports, qui se rend sur les lieux avec son conseil en communication collé à ses basques. Bien vu la suprématie de l’image, pas un mot, un geste, une image qui ne soit contrôlée, « managée » par cette Pauline (Zabou Breitman), conseillère com qui scénarise toute intervention du ministre. Sur les lieux, la réalité de la mort d’innocents. Aux affaires, comment « communiquer » habilement sur le drame, seule préoccupation?
 


photo Diaphana

Flanqué d’un aéropage qui ne le quitte pas de la journée, le ministre Bertrand Saint Jean se sent bien seul le soir, n’hésistant pas à s’incruster dans la modeste caravane où loge le remplaçant intérimaire de son chauffeur à qui il a tenu à donner un mois de congé pour la naissance de son premier enfant. Un homme, chômeur de longue durée, choisi sur son CV dramatique, qui ne peut refuser quatre semaines de boulot intensif et dont on attend le silence sur ce qu’il voit et entend. Une relation de fausse intimité forcé par Saint Jean qui va tourner au drame.

Le film insiste sur la dimension physique de l’engagement politique, du parcours intime du ministre Saint Jean et Olivier Gourmet en fait un homme humain au sens qu’il est corruptible à partir d’un certain niveau d’ambition (« la corruption, c’est une question de prix »…) bien qu’animé au départ de bons sentiments, d’humanisme. On se serait passé (pour ma part) de l’introduction baroque symbolique avec les cagoules noires, la femme nue dans la gueule du crocodile… Complications de style chichiteuses qui n’apportent rien. Le reste est réaliste, odieusement crédible, rythmé, très bien interprété, Olivier Gourmet (le ministre), Michel Blanc (le chef de cabinet).


photo Diaphana

 

Avec « L’Exercice de l’état », film sur les limites du pouvoir, le réalisateur Pierre Schoeller poursuit son triptyque démarré avec « Versailles », film sur les privilèges vu du point de vue des exclus. Le troisième volet devrait porter sur la période de la Terreur, 1793, sous la Révolution française. 

 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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