«Panique» : la tête de l’emploi

Pitch

On retrouve une jeune femme assassinée sur un terrain vague. Très vite, les soupçons se portent sur Monsieur Hire, un homme solitaire et disgracieux.

Notes

«Panique» est la première version du roman de Simenon «Les Fiançailles de Monsieur Hire» réalisée par Julien Duvivier en 1946 avec Michel Simon et Viviane Romance. Patrice Leconte fera sa version en 1989 sous le nom de «Monsieur Hire» avec Michel Blanc.

Monsieur Hire déplaît. A tous les commerçants du quartier, le boucher, la crémière. A ses voisins d’hôtel. A la  patronne de l’hôtel/bistro où seul le patron le supporte. 

« Je ne bavarde jamais avec personne ; je suis toujours seul ; je ne reçois pas de lettres, dit Mr Hire à l’inspecteur de police venu l’interroger au sujet du meurtre de Mlle Noblet survenu quelques heures plus tôt. 

Les habitants du quartier lui mettraient volontiers ce meurtre sur le dos, histoire de s’en débarrasser. Mais comment? 

Le point faible de Désiré (!) Hire (Michel Simon) s’appelle Alice (Viviane Romance), une vamp folle de son bellâtre d’Albert. Pour lui, elle a fait de la prison, l’inspecteur de police,  chargé de l’enquête, le sait. Pour lui, elle va séduire Mr Hire, qui va lui faire confiance, lui faire quelques confidences : avoir été un avocat sans clients, un mari quitté par son épouse pour son seul et meilleur ami. Il  l’emmène dans sa grande maison en RP que, seul, il n’habite plus. Mr Hire s’enhardit et demande alors à Alice de s’engager, commande du champagne au retour à l’hôtel. Mais, pour couvrir son Alfred, Alice va faire accuser Mr Hire du meurtre de Mlle Noblet… 

S’en suit une traque odieuse dans un vacarme assourdissant de manèges, auto-tamponneuses, hurlements des habitants du quartier, ravis d’en découdre avec ce coupable idéal qu’est pour eux Mr Hire. 

Très beau film, une version noire de Simenon, plus dure et plus cruelle, que la version de Patrice Leconte (plus dépressive). Le réalisateur immerge le spectateur dans l’ambiance délétère qui a saisi ce quartier de Paris, transformant le pharmacien, le boucher comme l’inspecteur des impôts en impitoyables chasseurs d’homme.

Le jeu de Michel Simon est très moderne, sobre, triste, résigné, et, furtivement plein d’espoir mais grugé, manipulé, n’ayant jamais inspiré dans sa vie que la méfiance ou le rejet.

Le regard dubitatif de l’inspecteur de police clôt un film au final poignant quoique attendu.

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