The life before her eyes ("La Vie devant ses yeux") : fantômes

Vadim Perelman, sortie 17 septembre 2008

Pitch

La vie de Diana qui aurait, vu de l'extérieur, tout pour être heureuse, est hantée par le souvenir tragique, partagé avec sa meilleure amie Maureen, d'une fusillade mortelle dans son collège survenue quinze ans plus tôt.


Décidément, le Festival de Deauville 2008, tourne pour l’essentiel autour de l’enfance, c’est même le thème de cette 34° édition. Après la pédophilie, la torture, la découverte plus ou moins interdite de la sexualité, on a droit aujourd’hui auxconséquences à l’âge adulte d’une enfance traumatique.  Tout dans la gaîté et la légèreté. Ouf, on respire. On a failli avoir : j’ai eu une enfance sympa et je me sens bien. On l’a échappé belle !
Quoi qu’il en soit, pour aujourd’hui, va pour « La vie devant ses yeux » (« The life before her eyes ») présenté donc en avant-première à Deauville à quelques jours de sa sortie en salles (17 septembre). 

Diana (Evan Rachel Wood) et sa copine Maureen (Eva Amurri) sont adolescentes dans une petite ville de banlieue du Connecticut. Elles ont des histoires d’adolescentes plutôt ordinaires, à base de turbulences variables, d’apprentissage des relations avec les garçons, de soumission ou de révolte devant l’autorité parentale. Bien qu’amies, elles ont des caractères différents : Diana, plutôt rebelle, Maureen plutôt sage et pieuse. Tout cela est bien ordinaire jusqu’à ce que survienne, dans leur école, une fusillade par un élève qui a décidé de descendre tout le monde.
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photo Metropolitan

Le film déroule en parallèle l’histoire, quinze ans plus tard, de Diana adulte (Uma Thurman), demeurée habiter dans la même ville et aujourd’hui mère d’une petite fille, Emma (Gabriele Brennan). Mais on approche de la cérémonie de commémoration de la fusillade, période douloureuse pour Diana. Tout au long du film, les deux volets de l’histoire se font écho, la période actuelle étant linéaire, la période ancienne plus erratique, voire sujette à répétitions.

 

Avant toute chose, si le choix et la qualité des acteurs sont intéressants, sans vraie fausse note, il faut bien avouer qu’Uma Thurman sort du lot et le survole allègrement. Si on est sensible à l’esthétique de la dame et au genre distant (mais pas trop à la Garbo ou à la Marlene Dietrich), c’est un vrai bonheur de regarderUma Thurman évoluer, indépendamment de l’histoire elle-même.



photo Metropolitan

Car l’histoire n’est pas bien compliquée, et même si elle réserve une pseudo-surprise pour la fin, on n’est pas dans l’analyse psychologique surdétaillée. Le sujet n’est pas d’étudier les ressorts de la violence appliquée aux tueries dans les écoles ou les universités américaines. On n’est ni dans «Bowling for Columbine» ni dans «Elephant». On voit bien les évènements décrits ont laissé des cicatrices encore ouvertes malgré le temps. On voit bien le mélange de douleur et de culpabilité, justifiée ou non. On voit bien la recopie des schémas de l’enfance dans les détails de la vie d’adulte. On voit bien la fragilité des cicatrices et leur aptitude à se rouvrir au moindre heurt. Certes. Mais pas grand-chose d’inattendu là-dedans. 

Pas non plus grand-chose à attendre d’une réalisation qui mêle les plans classiques à des tentatives d’originalité qu’on a vues cent fois. A titre d’exemple, les scènes de piscine, qui pouvaient surprendre dans les années 70, ont largement perdu du charme qu’il était de bon ton de leur trouver. Il y a bien ce choix d’un découpage flottant dans la partie de jeunesse, idée intéressante qui apporte effectivement, conformément à l’objectif du réalisateur pour rendre l’effet qu’il avait ressenti en lisant le livre dont le scénario est adapté, une certaine impression onirique. Mais on est encore pas dans l’innovation du siècle.

 


photo Metropolitan

Finalement, dans la série des diverses agressions et douleurs qui assaillent la malheureuse jeunesse objet de l’attention générale, «La vie devant ses yeux» s’est trouvé une petite niche et un angle  modeste qui n’avaient été que partiellement développés. Quant au traitement, pas de quoi se relever la nuit, si ce n’est pour un petit regard sur Uma Thurman, et puis bonne nuit! 

Notre note

2 out of 5 stars (2 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

5 Comments

  1. Brisson -  7 février 2016 - 11 h 44 min

    Bonjour, je pense que vous êtes passée totalement à côté du film qui est un jeu de miroirs assez virtuose sur la vie réelle et la vie rêvée. Et si c’était bien Diana, et non pas Maureen, comme on le voit d’ailleurs dans la dernière scène, qui a été tuée par le jeune garçon ?

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    • Camille Marty -  9 février 2016 - 17 h 24 min

      Cet article a été écrit par un collaborateur du blog et, personnellement, je n’ai pas vu le film, et je le regrette. Quand j’aurai enfin l’occasion de le voir, je pourrais vous répondre avec des arguments. A bientôt!

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    • Fraise -  10 octobre 2020 - 11 h 05 min

      Bonjour, vous êtes la première personne que je vois qui, comme moi, a compris vraiment ce film. Moi ça m’a fait complètement froid dans le dos quand j’ai compris que Diana était morte seule, dans les toilettes de l’école, sans que personne ne l’aie jamais aimée, comprise et respectée de toute sa vie. Qu’elle est morte avec ces sentiments de dégoût et de salissure, de médiocrité presque, contre lesquels elle ne pourra plus rien. J’ai vraiment eu pitié de ce personnage.

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  2. Fraise -  10 octobre 2020 - 10 h 53 min

    Bonjour, votre collaborateur est passé complétement à côté du sujet. C’est Diana qui est morte dans ce film et tout ce qu’on voit est la vie qu’elle aurait rêvé d’avoir. Maureen n’existe pas. C’est la dernière personne que Diana a vu en entrant dans les toilettes avant de se faire tuer _ tout le film n’est qu’une mise en scène désespérée d’une vie rêvée pour un cerveau qui est entrain de rencontrer sa propre et qui n’y peut plus rien, si ce n’est la dédramatiser.

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    • Fraise -  10 octobre 2020 - 10 h 53 min

      sa propre mort

      Répondre

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