
«La Corruption» : la fin des utopies

Pitch
Après ses études, Stefano est attiré par la prêtrise. Consterné, son père, riche éditeur Milanais, lui tend un piège…
Notes
Italie, années 60. Après son diplôme de fin d’études, Stefano est décidé à entrer dans les ordres. À cet effet, il se rend dans un couvent prendre date avec le père Prieur. Ensuite, il rentre à Milan, accueilli à l’aéroport par son père, un grand éditeur italien.
Stefano passe d’abord rendre visite à sa mère en cure de sommeil dans une clinique ; violente image de cette femme refusant le jour pour oublier le vieillissement sur son visage, puis, révulsée par son image en se regardant dans un miroir.
Leonardo, le père de Stefano, homme jouisseur et machiste, qui comptait sur son fils pour lui succéder dans ses affaires, est accablé par les projets de prêtrise de ce dernier. Pour le distraire (au sens étymologique du mot), il l’emmène en croisière avec une de ses maîtresses occasionnelles, Adriana (la somptueuse Rosanna Schiaffino) dont Stefano se méfie instinctivement, au premier abord.
La corruption dont parle Monicelli n’est pas seulement financière, c’est surtout la corruption de l’âme et celle des idées auxquelles Stefano veut se soustraire, ayant saisi que le système des valeurs en cours est vidé de sens au profit du culte de l’argent et des plaisirs. Ces femmes interchangeables et vénales, indifférentes à l’amour, le révulsent. Un désir de transcendance et d’amour véritable, qu’il ne pense trouver que dans la foi, fut-elle désuète, habite l’innocent Stefano.
Dans l’atmosphère oppressante de la croisière (accentuée par des mouvements de caméras sur les visages figés), au lieu de vacances et de détente, se joue un rapport vicié de domination du père sur le fils par l’entremise du piège de la tentation incarnée par Adriana. Cédant finalement aux sirènes de la chair, Stefano est désespéré de devoir renoncer à la prêtrise tandis que son père, ravi, lui démontre qu’il ne pourra pas faire vœu de chasteté puisqu’il en est incapable.
Le film nous montre un jeune homme idéaliste confronté à une période libertaire et à la fin des utopies dans une Italie capitaliste en pleine expansion économique. Ayant commis l’irréparable avec Adriana, Stefano, qui n’a plus d’échappatoire dans la prêtrise, est condamné à s’accommoder d’un système qu’il exècre. À moins qu’il ne soit corrompu un jour à son tour?
Le dernier plan montre des noctambules milanais dans un club en plein-air dansant tous le Madison, sans un regard pour leur pour leurs voisins, comme des automates vides et conditionnés par la société du loisir. Tel est le futur que nous annonce le réalisateur.
Et aussi
Après le thème de l’impuissance masculine (liée à la sexualité dévorante de la femme) avec «Le Bel Antonio» (1960), Mauro Bolognini avait déjà abordé le thème de la tentation de la chair dans «Quand la chair succombe» («Senilità», 1962) où un modeste employé, vivant avec sa soeur, vieille fille, va renoncer à la possibilité de l’amour par crainte de souffrir.
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Notre note
(3,5 / 5)
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