
« L’Astragale » : Albertine Sarrazin retrouvée

Pitch
Avril 1957, une nuit, Albertine s'évade de prison. En sautant d'un mur, elle se fracture un os du pied, l'astragale. Secourue sur la route par Julien, repris de justice, il va la cacher chez une amie à Paris.
Notes
Albertine Sarrazin, un écrivain surdoué météore, auteur de trois livres, a été célèbre du jour au lendemain lors de la publication de « L’Astragale ». En fait, elle avait déjà écrit en prison en 1961 « La Cavale » et elle rédigera « L’Astragale » lors d’un bref retour en prison en 1964. Les éditions Pauvert sortiront les deux livres ensemble en 1965, un succès foudroyant, comme la vie d’Albertine Sarrazin. Tous ses livres sont autobiographiques, dans « L’Astragale », elle raconte sa rencontre avec Julien et c’est ce que raconte le film : en 1957, une nuit, elle s’évade d’une prison où elle purge une peine de prison de 7 ans pour un hold-up effectué en 1955 avec une amie. Dans sa chute d’un mur, elle se casse un petit os du pied, l’astragale. Une voiture, la nuit, s’arrête et Julien, un repris de justice, va la sauver, il l’emmène à Paris et la cache chez une de ses amies. L’antipathie entre les deux femmes est immédiate. Julien, interdit de séjour à Paris, absent le plus souvent, poursuit ses casses en province. Pendant ce temps à Paris, Albertine, une perruque blond platine sur la tête, survit en se prostituant. Soudain, Julien « tombe », arrêté en 1958. Albertine recommence à se prostituer pour vivre, revoit Marie, l’amie du Bon Pasteur* avec laquelle elle avait fait son premier hold-up, la seconde avait tiré mais s’en était sortie avec une condamnation plus légère de 5 ans de prison que pour Albertine, 7 ans. Marie est toujours amoureuse d’Albertine mais cette dernière lui avoue qu’elle aime Julien, d’un amour fou. Julien libéré, faute de preuves, en 1958, c’est Albertine qui est incarcérée à Amiens pour finir sa peine antérieure (elle l’épousera en prison en 1959 mais le film n’en parle pas car il se déroule de 1957, l’évasion, à 1958, l’arrestation).
* Déposée à sa naissance en 1937 l’Assistance publique d’Alger, Albertine est adoptée par un couple âgé qui quitte Alger pour Aix en Provence, mais, son père, ne la supportant plus, la place au Bon Pasteur en 1952, son adoption sera d’ailleurs révoquée en 1956.
Fan d'Albertine Sarrazin,j'attendais "L'Astragale", g adoré le film et l'esprit du film ("l'Astragale+"La Cavale"=2 romans écrits en prison)
— Camille Marty (@Cine_maniac) February 18, 2015
Et aussi
Le couple Leïla Bekhti et Reda Kateb est extrêmement charismatique, trop? Leïla Bekhti trouve ici un rôle comme on vous en propose peu dans une carrière d'actrice, un rôle "prise de risques"qui va casser son image un peu sage : elle interprète ici une délinquante, bisexuelle, prostituée occasionnelle, totalement amorale mais tellement pleine de vie, de courage, sans vraiment de notion du bien et du mal que son échelle de valeurs perso, qui vivra la trahison de Julien (il a une femme, Catherine) comme un coup de poignard. Leïla Bekhti livre une performance magnifique, elle est Albertine. C'est plutôt Reda Kateb que je trouve un peu trop beau et souriant pour le rôle, léger bémol pour un film que j'ai adoré. Tourné en noir et blanc, le film retranscrit parfaitement l'époque et l'esprit des livres d'Albertine Sarrazin, enfermée une partie de sa vie mais tellement libre dans sa tête... Un matériau romanesque incroyable que la vie d'Albertine Sarrazin et ce qu'elle a écrit sur sa vie, les deux étant étroitement imbriqués, le vécu et le revécu littéraire, morte à 29 ans, elle avait déjà vécu intensément plusieurs vies en espérant toujours une lumière au bout de tous ces tunnels. C'est le second long-métrage de Brigitte Sy, actrice (elle a débuté dans "La Dérobade" de Daniel Duval en 1979, un beau film très dur et réaliste) et réalisatrice, son premier film, "Les Mains libres" en 2010, se passait déjà dans le milieu carcéral. A la ville, Brigitte Sy, compagne et muse de Philippe Garrel, a joué dans bon nombre de ses films.
Annexe
[caption id="attachment_10232" align="aligncenter" width="385"] Albertine et Julien Sarrazin en 1967 (photos Alfama Fims)[/caption]
A noter qu'Albertine Sarrazin a écrit un troisième roman "La Traversière" en 1966 mais, selon son éditeur, elle avait du mal à écrire en liberté. En 1967, installée avec Julien à Montpellier, elle est opérée de l'ablation d'un rein, choc opératoire, elle ne se réveillera pas de l'anesthésie. Julien Sarrazin attaquera ensuite en justice les médecins pour faute professionnelle, ce qui occasionnera un scandale dans le milieu médical de Montpellier de l'époque, mais il ira jusqu'au bout et gagnera son procès.
Diffusion
En 1969, Marlène Jobert a interprété Albertine Sarrazin dans « L’Astragale » avec Horst Horst Buchholz, un film, tombé dans l’oubli, réalisé par Guy Casaril.
Notre note
(5 / 5)
4 Comments
Ah bah oui il est beau Reda. Le noir et blanc lui va si bien. On ne va pas se plaindre hein d’avoir du beau gars charismatique 🙂
On ne se plaint pas, non, non, mais il se trouve que j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a longtemps le vrai Julien S et qu’il n’était pas si beau…
Pas d’accord avec vous. Je connaissais bien Julien. Rien à voir avec l’acteur mais c’était un homme séduisant. L’actrice n’a également rien à voir avec la vraie Albertine. J’ai été déçu par le film.
Je n’ai pas connu Albertine, en revanche, j’ai lu ses livres et des gens qui l’avaient bien connue m’en ont beaucoup parlé. C’est exact que j’ai rencontré Julien, ami d’amis proches, tardivement, et, puis, la séduction, c’est tellement subjectif. PS. Qu’est-ce qui vous a choqué dans le film? Des inexactitudes?