Rentrée livres 2011 : « Jayne Mansfield 1967 » , la blonde et lui

    


Simon Liberati est toujours dans la nostalgie mais cette fois-ci cette nostalgie colle au crépuscule de l’âge d’or Hollywoodien. Il raconte la fin tragique (1966/1967) de la dernière des « movie stars » qui, à 34 ans, l’âge de sa mort, ne l’était déjà plus, épuisée, droguée, bouffie, le sex-symbol célèbre des années 50 devenu une Lola Montes californienne se donnant en spectacle dans des cabarets.
Le 29 juin 1967, une Buick bleue percute un camion à deux heures du matin près de la Nouvelle Orléans. La visibilité est encore diminuée par un véhicule propulseur de pesticides qui diffuse une fumée épaisse. On a longtemps dit que Jayne Mansfield était morte décapitée, ce n’est guère mieux, le haut de sa boite crânienne a été broyé, il faudra des heures pour que les secours extraient la Buick encastrée sous le camion. Les trois enfants sont sauvés (elle en avait cinq), trois adultes sont morts dont Sam Brody, son dernier amant, un avocat qui avait tout plaqué pour la suivre, travail et épouse très malade.
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« La Blonde et moi » (« The Girl Can’t Help It ») de Frank Tashlin (1956)

Le livre se présente comme une enquête dont l’enquêteur tirerait des conclusions sur le personnage de Jayne Mansfield, sur une époque, sur un monde à l’agonie, sur l’émergence de la violence en Californie : les studios Hollywoodiens concurrencés par la télévision, le Nouvel Hollywood, les sectes. Une soirée avec Jack Warner et Caroll Baker, une visite chez un sataniste de San Francisco, qu’a fréquenté presque en même temps une des filles de la secte Manson, les cocktails d’amphétamines et LSD, les animaux du Palais rose aux 11 salles de bains en panne. « Blonde or bald? » un journal pose la question : JM qui se réclamait de Jean Harlow, la blonde platinée morte à 27 ans, finit sa vie sous des kilos de perruques platines excentriques empruntées aux travestis. Célèbre à 22 ans, n’ayant jamais joué dans un bon film, JM fut pourtant avec Liz taylor une des movie stars les plus photographiées du monde. Un QI énorme dont elle ne fait rien, un état d’esprit de poupée triste dans un corps de sex-symbol, un vide immense qu’elle remplit de son personnage de Jayne Mansfield, un « buste » lancé par la Fox pour concurrencer Marilyn. Vera Jane Palmer contre Norma Jean Baker dont elle n’a pas la finesse de traits ni le regard bleu insomniaque…
Entre distance, description clinique, épluchage de la presse de l’époque, des biographies de l’actrice, observation des photos, et obsession blanche pour son sujet, Simon Liberati raconte des émanations de Jayne Mansfield : ce qui émanait de JM usée à 34 ans, avec l’arrêt sur image définitif que cette mort brutale à la James Dean, ce qu’elle lui inspire, fasciné par l’abime vertigineux du vide de son existence vouée à la représentation avec les amants qui cognent, les drogues qui abrutissent, les animaux qui consolent, et un seul objectif : son image publique, pire, qu’on parle d’elle dans la presse, en bien ou en mal, en témoignent les cahiers où elle colle tous les articles sur elle, une collection de cahiers que l’actrice, avec l’aide sa fille, tient tout au long de sa carrière.

Beau livre à l’atmosphère fantômatique, d’une précision obsessive de collectionneur jamais rassasié, analysant chaque grain de la poussière d’une étoile déchue. 

« Jayne Mansfield 1967 » de Simon Liberati
Editions Grasset, aout 2011

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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