
«Une Patiente» : RV dans le Swinging London

Pitch
À la suite du suicide de sa sœur aînée, sa sœur cadette prend rendez-vous avec le psychanalyste qui la suivait.
Notes
2019
Le narrateur (l’auteur), qui s’intéresse à un psy oublié des années 60, le Docteur Collins Braitwaith, reçoit un mail d’un inconnu lui proposant de lui envoyer des cahiers rédigés par sa cousine, comportant des allégations envers le Dr Braitwaith ; sa sœur aînée, Veronica, se serait suicidée à la suite d’une thérapie avec lui ; c’est en lisant un livre de Braitwaith que l’autrice des cahiers a reconnu Veronica, appelée dans le roman Dorothy.
1965
Élevée dans une famille bourgeoise, Veronica était une jeune femme brillante à l’avenir radieux tout tracé. Aussi, ce n’est rien de dire que son suicide étonna son entourage. Or, Veronica suivait une psychanalyse avec le docteur Braitwaith ; se pourrait-il qu’il y ait eu une relation de cause à effet? Pour en savoir davantage, la sœur cadette prend rendez-vous avec Braitwaith sous le faux nom de Rebecca Smyth.
Veronica, fille préférée de son père, avait peu d’affinités avec sa sœur cadette, considérée comme plus futile, moins intelligente. Après la mort de son épouse, femme dure et méchante, leur père la remplaça par une gouvernante. En revanche, la mort de Veronica le plongea dans un désespoir qu’il essaya de surmonter pour s’occuper de sa fille cadette.
Considéré comme un génie par la faune hype du Swinging London, Braitwaith se permet tout. Cependant, avec des idées simples, un grand sens de l’écoute et de l’observation, il débusque ce que ses patients cherchent à se cacher à eux-mêmes. Ainsi, Rebecca Smyth ne le bluffe pas, il trouve qu’elle sonne faux malgré le mal qu’elle se donne à paraître névrosée. Sauf qu’elle est plus déséquilibrée qu’elle ne se l’imaginait, et, à l’occasion de l’invention de Rebecca Smyth (agissant comme révélateur), elle ne tarde pas à manifester un réel dédoublement de la personnalité. Entre Rebecca Smyth, la fausse patiente, et le Docteur Braitwaith, le pseudo-psychiatre, démarre alors un jeu pervers, un rapport de forces a l’issue incertaine.
Le roman alterne les cahiers du journal de la sœur de Veronica et la vie de Collins Braitwaith. Le suicide de Veronica semble un prétexte à mettre en présence ce psy dépravé et cette patiente factice qui va se mettre en danger en voulant piéger Braitwaith. La métamorphose d’une jeune femme terne et coincée en une séductrice pas farouche (Rebecca Smyth) va déclencher chez elle des désordres mentaux jusque là dissimulés…
Curieux livre, dérangeant, brillant, très différent des précédents romans de l’auteur («La Disparition d’Adèle Bedeau», «L’Accident»). Il semble que GMB s’inspire toujours d’histoires vraies. Si la construction narrative inspire le respect, l’auteur est probablement plus à l’aise avec le Londres des années 60 et la biographie fictive de ce «psy charlatan» qu’avec les méandres contradictoires de la psychiatrie. Anyway, un livre très original et atypique à découvrir.
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Diffusion
UNE PATIENTE
GRAEME MACRAE BURNET
SONATINE
Parution 10 février 2022
Notre note
(3,5 / 5)
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