«L’accident de l’A35» : #rentrée2019, le nouveau Simenon?
Pitch
Un notable de province meurt dans un accident de la route. Sa veuve semble surtout préoccupée par ce qu’il faisait la nuit sur cette route...
«
Et aussi
Un notaire d’une petite ville de province, Saint-Louis, se tue dans un accident de voiture. Sa veuve fait part à la police qu’elle est intriguée par ce que faisait feu son mari très tard ce soir-là sur cette route. Se déroule alors une succession de mensonges et de mauvaises raisons où s’embourbent les personnages pour trouver la vérité. Jusqu’à se mettre eux-mêmes en péril. Mais quelle vérité?
Ce livre est le récit d’un engrenage. Au départ, une chose est certaine : personne n’aimait le notaire Bertrand Barthelme, décrit par son entourage comme psychorigide et pingre. Sa veuve, Lucette, semble soulagée que le destin l’en ait débarrassée et son fils unique, Raymond, aussi, qui détestait son père.
L’inspecteur Gorki, un homme malheureux en ménage comme dans son travail, ému par la douce Lucette, va faire du zèle. Car, à y bien réfléchir, une chose ne colle pas dans cet accident: pourquoi la voiture du défunt notaire roulait-elle en sens inverse sur la route, en provenance de Mulhouse, alors qu’il était censé revenir d’une réunion hebdomadaire de son club du centre ville? Saint-Louis, décrite comme le prototype de la ville de province dépressogène, asphyxiée d’intolérance et d’indifférence, est un des personnages les plus sombres du livre.
Échapper à l’oppressante Saint Louis, par une enquête fouillée sur un banal accident de la route, enquête qui au départ n’avait pas de raison d’être, va réveiller bien des fantômes et des vérités qu’on aurait préféré ignorer.
C’est le cas du fils, Raymond, qui, en recherchant sans relâche une adresse à Mulhouse, griffonnée sur un papier jauni dormant dans un tiroir du bureau de son père, va y trouver une occasion de quitter Saint-Louis pour de fréquentes virées à Mulhouse, grande ville animée de jour comme de nuit… Mais, d’une rencontre fortuite à l’autre, d’une beuverie à l’autre, cela va amener le jeune homme rangé à affronter, non seulement cet autre lui-même qu’il niait, mais surtout, au bout du chemin, une vérité insupportable qu’il ne cherchait nullement à connaître…
Après «La disparition d’Adèle Bedeau», qu’aurait sans doute aimé adapter un Claude Chabrol, cet auteur écossais quinquagénaire, qu’on prendrait facilement pour un contemporain de Simenon…, poursuit son œuvre dans la même veine du polar noir anachronique, sans intrigue majeure que l’analyse des noirceurs de la psychologie humaine en correspondance visuelle étroite avec la sinistrose du décor**. (Car ces livres sont très visuels pour le lecteur et leur adaptation au cinéma semble couler de source).
Superbe. J’adore…❤️💚 PS. Un bémol, cependant : pourquoi l’auteur récidive-t-il (comme dans son livre précédent) dans l’ajout d’un prologue et d’un épilogue factices qui, pour balader le lecteur, enlèvent du poids au récit?
** Ces villes lugubres généreraient-elles ce genre de personnages que la somme de frustrations quotidiennes a déshumanisés?
Annexe
http://www.cinemaniac.fr/disparition-dadele-bedeau-📚rentree-2018/
Diffusion
EDITIONS SONATINE
Parution 19 septembre 2019
Notre note
(4,5 / 5)
Laisser un commentaire