«S’aimer quand même» : après les coups

focus culture / livres Isild Le Besco, Parution 7 mars 2018

Pitch

Actrice, réalisatrice, peintre, à 35 ans, Isild Le Besco vient de publier son premier livre...

Notes

Le livre d’Isild le Besco est à son image brouillée, complexe, mixant des notes type journal, des textes autobiographiques, parfois carnets de voyages en anglais, des nouvelles de fiction assez sombres, le tout illustré par ses peintures. La mise en page du livre tient de la mise en scène. C’est compréhensible pour une actrice surdouée qui a déjà réalisé cinq films, un peu comme sa sœur aînée Maïwenn, à laquelle elle ressemble physiquement si peu. Pourtant, la cadette blonde n’avait sans doute pas tous les atouts au départ, par exemple ce physique atypique presque laid mais cette beauté paradoxale d’une lumière intérieure. Cependant, elle possédait l’essentiel : croire en elle, une aptitude à la résilience et la science de la conversion des névroses en tout artistique et en cela elle rejoint sa sœur (à qui elle consacre deux chapitres) dont elle est finalement assez proche même si ce n’est pas si simple.

Un thème récurrent dans ce livre : la violence à mort dans l’enfance reproduite dans une nouvelle où une jeune femme vit un amour fou avec avec un homme dont elle accepte tout, les coups, souvent, jusqu’à ce qu’il manque accidentellement de la tuer. Un coma qui va tout changer, lui permettre de se remettre en question et renaître autrement… La narratrice qui croyait à l’amour rédempteur, découvre sur le tard que pour aimer l’autre, il faut s’aimer soi-même, autrefois la permission d’aimer lui suffisait… Une découverte qui l’amène à pardonner à sa mère qui ne s’aimait sans doute pas elle-même pour être capable d’amour. Son père tapait sa mère qui battait sa fille et la fille attendait que sa mère l’aime enfin jusqu’à se faire tabasser à son tour par un homme caractériel et violent dans une tentative de se faire aimer en retour, d’être enfin «aimable» dans la soumission totale. Sauf qu’elle avait tout faux…

Des nouvelles sont donc intégrées dans ce livre, la plupart racontent des tranches de vies de femmes qui ont souffert, supporté des traumatismes, et s’en s’ont sorties ou pas mais, du moins, ont essayé… : la jeune fille battue tombée dans le coma, une jeune femme indienne agressée au visage à l’acide, un petit garçon qui se vit en petite fille, Marilyn Monroe…

À la fois lucide et sentimental, désespéré et plein d’espérance, prise de tête souvent pour lecteur car un livre codé dans lequel il semble qu’on y rentre par effraction en se rendant compte rapidement qu’on a pas les clés, trop compliqué … Un objet créatif plus qu’un récit où dans une sincérité maquillée de fiction empêtrée de non fiction, tout est dit et tout est brouillé comme ces tableaux ou l’essentiel, nous disent les peintres, est ce qui est dessous, recouvert d’une peinture qui s’écaille…

Car en filigrane, Isild Le Besco raconte le chemin escarpé et douloureux qu’elle a vécu pour se libérer du poids familial dans lequel elle puise dans son livre, sous des formes plus ou moins déguisées, afin de raconter sa tardive renaissance et sa liberté nouvelle de choisir. Elle n’est plus aujourd’hui la jeune fille d’hier, aujourd’hui, la page est tournée, notamment après les quatre années qu’elle a mis à écrire son livre.

Il semble que le message du livre soit la volonté de ne pas reproduire les schémas de souffrance en devenant de qu’on est (ce soi-même englouti durant l’enfance), et pour cela, en préalable, s’aimer soi-même pour aimer les autres… Et s’aimer quand même…

 

Et aussi

Dans une interview à Radio Classique, Isild Le Besco confie qu’elle a souffert dans son enfance de l’absence de limites où elle s’est perdue, un piège dont elle a réussi aujourd’hui à sortir en construisant une route, «sa route». Lecture du livre à trois voix à la Ménagerie de verre « 70h pour s’aimer quand même » sur des musiques du monde entier, classiques ou pas comme Daft Punk, Patti Smith. Avec Isild Le Besco avec Lolita Chammah et Elodie Bouchez 3 et 4 et 5 avril 2018 http://www.menagerie-de-verre.org/spectacles/70-heures-pour-saimer-quand-meme-7/  

Diffusion

«S’aimer quand même» d’Isild Le Besco

Parution 7 mars 2018

Editions Grasset

Notre note

3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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