« Phantom of the paradise » : sortie DVD💚
Pitch
Un compositeur à qui un producteur a volé sa musique et la femme qu'il aime cherche à se venger...
Notes
Winslow Leach est un compositeur naïf et pur qui a composé une cantate dont le producteur Swan, longtemps invible (on ne voit que ses gants blancs), comprend immédiatement le potentiel qu’il pourra en tirer, notamment, détourner l’intro pour l’ouverture du Paradise, son nouveau et luxueux club, lassé de son groupe phare, Les Juicy fruits, qui ont fait leur temps. Ne supportant pas que la perfection ne soit pas de son fait, il fait emprisonner Winslow à Sing-Sing qu’on torture et à qui on arrache les dents! Pendant ce temps, Swan fait passer des auditions, séduit par la voix de la chanteuse Phœnix que Winslow avait repérée. Il la corrompt, la drogue, en fait sa maîtresse avec le consentement de cette dernière car elle lui dira tout de suite qu’elle lui donnerait tout afin de devenir célèbre, même la plus pure est prête à tout pour la célébrité… Tel « Le fantôme de l’opéra », Winslow Leach, échappé de prison, la tête écrasée par un presse-disque et les dents désormais en acier, est devenu un monstre qui va hanter le Paradise avec une idée fixe : se venger que Swan lui ait volé et sa cantate qu’il a dénaturée et Phœnix, la femme qu’il a aimée aussitôt qu’il a entendu sa voix.
L'entretien (1975) avec DePalma/livret DVD "Phantom of the paradise" : "1 jour, 1 chanteur de rock sera assassiné sur scène" @CarlottaFilms pic.twitter.com/jo2p3UZrNQ
— Camille M/Cinémaniac (@Cine_maniac) March 17, 2017
Et aussi
Le récit va beaucoup plus loin qu'un simple thriller horrifique car Swan, qui n'a pas supporté de vieillir, a noué un pacte Faustien avec le diable, un accord secret qu'il a tenté de reproduire en faisant signer Winslow Leach avec son sang quand il lui demande de réécrire la cantate pour Phœnix qu'il s'apprêtera ensuite à sacrifier, agacé par la perfection de sa voix, lors d'un mariage spectacle sur la scène du Paradise. [caption id="attachment_16885" align="aligncenter" width="385"] "Phantom of the paradise" (photo Carlotta)[/caption] Ce conte rock parodique horrifique est d'une lucidité et d'une cruauté terrible sur l'industrie du disque et la fabrication des pop stars avec en filigrane le procès de la société du spectacle. Trois livres (devenus des thèmes pour les deux derniers) sont utilisés/revisités : "Le Fantôme de l'Opera", Faust et "Le portrait de Dorian Gray". Les références pleuvent et se télescopent : la Transylvanie dont serait originaire Swan, Xanadu, la maison de Swan, et même Proust! "Du côté de chez Swan" entendu au détour d'un échange... Jamais DePalma n'est jamais allé aussi loin dans sa répulsion du système, épinglant au passage la suprématie de l'image, comme le voyeurisme inversé de Swan, ne vivant que par et pour les images, qui jouit plus de savoir Winslow les observer par la fenêtre quand il couche avec Phœnix dans son antre, Swanage, lieu de toutes les débauches, que d'en faire sa maîtresse. De façon générale, toutes les femmes aspirantes chanteuses acceptent tout de Swan afin d'être célèbres. Mais cela va encore plus loin dans un pessimisme absolu dont le réalisateur pense qu'il est prémonitoire. Dans l'interview donnée par DePalma en 1975, il confie qu'il pressent qu'un jour on en arrivera à tuer une rock star sur scène. Le final va dans ce sens où le public, ivre de sang et de musique, de drogues aussi (on est en 1970), est devenu incapable de faire la différence entre fiction et réalité, surexcité par le carnage dont il ne veut pas connaître qui fait quoi sur scène pourvu qu'il y ait du spectacle. Le premier chanteur, grotesque, caricatural et efféminé, s'appelle Beef, il va griller comme un beefsteak sur scène et le public n'y verra que un effet du show. Les musiciens et autres chanteurs sont grimés comme Alice Cooper, cadavériques, le visage bardé de peinture noire, un groupe qui semblait à chaque concert dire une messe noire et jouait avec les thèmes du satanisme... Dans ces conditions délirantes , le meilleur endroit pour s'entretuer semble la scène survoltée du Paradise... Grand moment que ce final... Sans doute le chef-d'œuvre de DePalma. [caption id="attachment_16892" align="aligncenter" width="385"] Alice Cooper, seventies[/caption] [caption id="attachment_16894" align="aligncenter" width="192"] Alice Cooper, seventies[/caption]
Diffusion
Sortie DVD 12 avril 2017 éditions CarlottA
coffret collector avec DVD/BR et livret avec une interview du réalisateur passionnante datant de 1975…
Notre note
(5 / 5)
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