«La Disparition d’Adèle Bedeau» : #rentrée2018

focus livres 30 août 2018

Pitch

La serveuse d’un restaurant de province disparaît subitement un soir, un client solitaire craint d'être soupçonné par la police...

Notes

LA DISPARITION D’ADÈLE BEDEAU de Graeme Macrae Burnet  (SONATINE Editions) Rentrée 2018 Un livre atypique et superbe qui n’est pas représentatif de la production Sonatine, Rolls du thriller, mais la réédition d’un polar noir, d’un roman noir louchant du côté de Simenon, d’un drame sombre au style un peu rétro, néo-Balzacien, aux longues descriptions préalables installant le lecteur dans l’ennui abyssal d’une petite ville de province, un univers clos à l’atmosphère confinée et irrespirable où chacun observe l’autre en silence. Une plongée en immersion dans la lointaine province, où le temps semble s’être arrêté, engluée dans ses rituels immuables et son oisiveté forcée, où la malveillance généralisée à peine dissimulée est assimilée à la morale. Soudain, des moments d’accélération du récit (en flash-backs) quand on s’y attend le moins et on ne lâche plus un livre dont, par ailleurs, le rythme et l’intrigue vont s’intensifier en crescendo jusqu’à un final totalement inattendu. Manfred Baumann, le triste héros du récit est un homme seul depuis l’enfance, élevé par ses grand-parents, une famille cossue et respectée de la ville dont son grand-père qui le méprise pour être le fils de son père (soit son ex-gendre) « un bon à rien », qu’il détestait. Baumann qui traîne son ennui, sa solitude extrême et le poids d’un lourd secret en s’éreintant à participer à la vie de la communauté, trouve refuge dans une consommation excessive de vin rouge servi au restaurant «La Cloche» où, bien que le patron des lieux lui soit hostile, au mieux indifférent, il persiste à y prendre tous ses repas. Une vie à faire semblant comme ces allers et retours en train le week-end pour Strasbourg afin de donner le change au bureau et laisser entendre qu’il a une vie privée bien remplie : il y vadrouille d’une terne maison close où il a ses habitudes à des bouges où il se saoule, soustrait au regard des autres. Quand Adèle Bedeau, la serveuse du restaurant, disparaît un soir, rongé par une culpabilité ancienne et chronique, bien qu’il n’ait adressé à la jeune femme que quelques banalités, il n’en dit rien et pour la police, il a devient alors un suspect potentiel… L’inspecteur G, lui-même complexé par une épouse trop chic, soupçonne que Baumann ne lui a pas tout dit à propos de la soirée de la disparition d’Adèle. Une relation complexe se crée alors entre les deux hommes…

Et aussi

PS. Très curieux, ce tropisme de l’auteur pour des fausses préfaces qui sonnent vrai (afin d’en rajouter à l’ambiance rétro?) On peut ainsi lire que «La Disparition d’Adèle Bedeau», premier livre d’un certain Graeme Macrae Brunet, écrivain écossais, fut adapté au cinéma par Chabrol en 1989 avec Jean Poiret dans le rôle de l’inspecteur Gorki, un film introuvable aujourd’hui… Un livre réédité aujourd’hui par Sonatine… Etc…

Diffusion

SONATINE EDITIONS PARUTION 30 août 2018

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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